Chapitre 3 : Coup dur

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— Je m’appelle Ned Feral. Arthur et moi on sortait de la même promo à l’école de police.

— Arthur, c’est le gars qui vous a grillé les boyaux ?

Il déglutit. Il lui faudra encore du temps pour digérer ça.

— Ouais… Compte tenu de notre complicité, on nous a affecté ensemble sur Antares 3. D’abord cantonné au quartier résidentiel sur la face cachée, et puis sur d’autre secteurs après quelques années.

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— Ça vous fait combien d’années de service ?

— Cette année ça aurait fait quinze ans je crois. Enfin tout ça pour dire que le soir ou vous m’avez trouvé…

— La notion du temps est pas très répandue dans le bloc usine vous savez.

Moira montre du menton la lumière intense qui filtre à travers des volets de fortune. L’éclat orangé de la supergéante rouge, Antares A.

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— Oui enfin avant ma chute quoi. Donc, les collègues viennent me voir, tout affolés. Comme quoi un de nos gradés aurait été retrouvé mort au fond d’un compacteur paumé près du bloc usine. Donc moi forcément je les suis. Avant ça je me doutais que certains avaient pas les mains très propres au poste. Le genre de gars qui oublie de faire sa ronde pile avant l’explosion accidentelle d’une réserve d’eau…

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— Et vous avez accepté de les suivrent dans un secteur désert prêt d’un compacteur ? Tous ? Même ceux pour qui vous aviez un doute ?

Moira le regarde, incrédule. Maintenant qu’il est en pleine possession de ces moyens, il se rend compte à quel point il a été stupide.

— Je faisais confiance à mon coéquipier, c’est tout.

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Après un silence, Moira se racle la gorge :

— Donc si j’ai bien compris… Ça risque d’être compliqué d’obtenir une récompense pour vous avoir sauver la mise…

— Pas vraiment non. À vrai dire je sais pas trop ce que je peux faire maintenant… Je peux certainement pas me pointer au poste comme une fleur et demander des compte après ça. Je sais même pas pourquoi ils ont essayé de me buter bordel !

— Bah justement. À ce sujet j’pense que je peux vous aider.

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Moira attrape une télécommande trafiquée avec divers matériaux et appuie sur un interrupteur en pointant le mur dans le dos de Ned. En se retournant, il entend le bruit blanc familier d’un écran qui s’allume. L’image grésille un temps avant de devenir à peu près nette, sur l’écran apparaît alors un visage que Ned connaît bien. Fin, parfaitement rasé avec des yeux verts charmeurs et des cheveux noirs coiffés en arrière.

— C’est lui Arthur ?

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Stupéfait, Ned écarquille les yeux.

— Profitez-en, déclare Moira. C’est pas tous les jours qu’on assiste à son propre enterrement en direct à la télé. J’en revenais pas quand vous m’avez dit votre nom.

Bouche bée, il écoute le discours de son ancien coéquipier.

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« Ned était un ami. Mais avant tout un agent intègre et talentueux, assurément l’un des meilleur d’entre nous. »

— Ils sont tous là… siffla Ned entre ses dents.

En détaillant les personnes présentes sur une estrade derrière Arthur, il reconnaît tous ceux présents à son exécution.

« Aussi en tant que nouveau commissaire principal, il est de mon devoir qu’une telle tragédie ne se reproduise plus. »

— Commissaire principal ?!

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Il fait signe à Moira de couper l’écran. Elle s’exécute et lui explique :

— Pendant que vous dormiez, le précédent commissaire a démissionné, juste après qu’on vous ai trouvé. Marrant non ? Depuis que ce gusse est aux commandes, il a changé tous les effectifs. Les anciens ont été remplacés par des ptits nouveaux. “Des agents au fait du terrain et de ces dangers“ comme y dit, tu parles... Une belle bande de truands oui.

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Ned fronce les sourcils.

— Mais ça veut dire…

— Que vous étiez le parfait prétexte pour permettre à leur petite bande de pourris de se mettre toute les forces de l’ordre de cette fichu lune dans la poche. Vous étiez vraiment aussi incorruptible ?

— Bien sûr c’est… c’est mon travail !

— Cherchez pas plus loin alors. En se débarrassant de vous ils faisaient d’une pierre deux coups vue que vous vous laisseriez pas faire. C’est loin d’être con.

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Il réfléchit. Maintenant qu’il recoupe les éléments, Moira a raison. Ils se sont servi de lui comme martyr. Arthur l’a bien roulé ! La colère lui monte à la tête quand il demande :

— Mon arme. Je l’avait avec moi. Vous l’avez trouvée aussi ?

Une moue réticente passe sur le visage buriné de l’immense femme.

— Vous me promettez de pas faire le con ?

— J’en ai très envie là tout de suite.

— Pas ici j’veux dire. Oubliez pas où vous êtes.

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Devant le ton implacable de Moira, Ned revient à la réalité.

— Désolé. En plus je suis plus flic à l’heure qu’il est j’imagine, dit-il avec un ricanement sec.

— Je préfère. Sinon vous pensez pas qu’on vous a hébergé gratis ? Un pulse en parfait état ça coûte un max au marché noir ici.

Il se lève en soupirant et se gratte l’arrière de la nuque. Il n’a pas grand-chose à redire après tout, Moira a raison, il lui doit la vie.

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Toujours assise, la cheffe des ferrailleurs ajoute :

— On vous a laissé vos crédit par contre. On est pas des voleur quand même… Vous avez de la famille chez qui vous pourriez vous planquer ?

— Personne. Tout ce que j’avais ici, c’était mon boulot, répond-il, amer. Mais il me faut une arme.

— Si vous y tenez… Dans ce cas vous avez qu’à me suivre, le marché se tient aujourd’hui. Vous trouverez peut-être quelque chose de plus discret.

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