Il était une duchesse qui le jour voyait la nuit et la nuit voyait le jour.

Son esprit, comme ses émotions ne savaient jamais dans quelle direction aller.

Un jour, elle se dit en son for intérieur : "Et si je guerroyais, cela me divertirait-il ?".

Elle laissa cette réflexion sous l'ombre d'un platane et reprit sa marche lente sous une ombrelle blanche. Il faisait si chaud ce jour qu'elle en fut transpirante, aussi décida-t-elle que transpirer sous le soleil à ne rien faire n'était pas digne d'elle et qu'elle ferait mieux de transpirer active.

Elle fit venir son général et lui quérit conseil. Lequel soupira à la pensée d'une nouvelle bataille. Mais lequel s'abstint de tout commentaire car il savait que la dame, une fois retranchée dans ses folies imaginaires, pouvait déclencher les pires fléaux par caprices éphémères.

La question soulevée demeurait essentielle : Contre quelle contrée allait-elle porter ses coups ?

Elle para au plus pressé et au plus simple pour elle. La contrée voisine ferait très bien l'affaire puisqu'elle était gérée par un seigneur devenu saigneur qui portait une drôle de chaîne qu'elle pourrait bien serrer.

Elle ne l'avait point vu et se demandait bien par quelle main il pourrait lui mourir. Ne souhaitant occire un ennemi sans visage, elle décida soudain de partir le voir en tout anonymat.

Tremble donc ennemi, toi qui mourras sans foi, tremble une dernière fois avant l'heure du trépas.