3 - La fumeuse

Une minute de lecture

Silencieuse,

La belle âme fumait,

Tel un homme éperdu des vapeurs qu'il humait,

La pupille droguée, obscure et licencieuse,

Debout, je l'observais tel une ombre de crypte,

Cachant par son allure, une touffeur d'Égypte.

La belle âme fumait

D'une innocente lippe

La pipe.

Pour la première fois - je n'en crus point mes yeux -

Je voyais, devant moi, tige en main, bec en bouche,

Une femme fumer pour indigner les dieux,

Et nos yeux de mortels... Cela me semblait louche !

Je tenais la posture aimable de Vernet

Pour admirer ses mains prendre la belle tête,

Et chérir le fourneau pour un tirage net,

Elle avait l'oeil amer, j'avais le coeur en fête.

J'en oubliais les sons de l'oud, des darboukas,

Ne voyant plus ici que ces brillantes lèvres

Prêtes pour accueillir le tuyau des houkas

Et fumer ici-bas ces mystérieuses fièvres.

Je lui parlais soudain, mes vices enfumés

Par un souffle aussi vif qu'une brumeuse flèche,

De broussins, de bruyère, et de feux allumés...

Une pipe de chêne avait trouvé la brèche.

Malicieuse,

La belle âme fumait.

Tel un homme eperdu des vapeurs qu'il humait,

La pupille droguée, obscure et silencieuse,

La belle âme fumait

D'une insolente lippe

Ma pipe.

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