4 - L’œillet violet

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Quand l'avide savoir trouve une île inconnue,

Esclave des pulsions, il se pare en marin

Et dans sa caravelle, il pourchasse la nue

En pointant vers le cap son palpitant tarin.

Voilà l'inspiration qu’un tout jeune prodige

Nommait "l'œillet violet", à la mousse soumis.

Dans leurs cendres je plonge et, ravi, je rédige

De quoi nourrir les feux des bûchers ennemis.

Et ma plume s’avance, alanguie, puis s’exprime

En chatouillant le thème aussi bien que les saints

Qui laissent les vieux boucs me juger pour ce crime

Qu'avaient déjà commis quelques auteurs malsains.

Et j’aime être de ceux qui voient dans ce cratère

Un mystère à résoudre, une énigme du Sphinx,

Un cyclope d'antan dont on connait la terre,

Où Pan parfois se plaît à dresser son syrinx.

- II -

L'homme est-il un démon qui cherche à s'ignorer

Quand siffle le serpent sur le temple du mythe ?

Cet iris a toujours su se faire adorer

Et de nos jours encore on le transforme en rite.

Curieux pèlerinage en d'orageux pays

Pour l'esprit qui ne sait qu'au-delà de la lande

Se cachent des trésors, par les anges haïs

Que je fuyais jadis, et que je recommande.

Telle une sauvageonne à dompter chaque fois,

Il faut l'apprivoiser, telle une fleur de Grèce,

Pour qu’elle oublie enfin les téméraires doigts

Qui profane l’endroit dans leur plus grande adresse.

Point de mousse ici-bas, pas même un frêle brin,

L'antre est entretenu pour accueillir le fauve

Qui s'aventure au fond de l’ombre avec entrain

En foulant de son pas la belle teinte mauve.

Mais l’homme, paraît-il, préfère allait non loin

De là, baiser la source au délicat arôme

Dont les nymphes souvent s’occupent avec soin

Pour offrir le calice et les fièvres de Rome.

J’y vais toujours gaiement, je m’y rendrai d’ailleurs,

Tantôt glissant depuis la blancheur des collines

Tantôt pris dans le cours chéri des orpailleurs,

Bordé parfois d’iris, parfois de santolines.

Sous ce soleil lointain qui darde encor ses rais

Ombre, contemple-moi de ton regard de borgne,

Et rappelle ce corps que jadis tu serrais

Ô trahis ma raison, qui sans honte te lorgne.

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