13 - Pleine lune

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J’arrivais devant le restaurant dix minutes avant l’heure convenue. Je craignais tellement de rater notre rencontre que je m’étais attaché à être apprêté bien plus tôt dans l’après-midi.

Vêtu élégamment, j’attendais patiemment devant le restaurant, a quelques mètres, de l’autre côté de la rue piétonne. Assis sur un potelet, la vitrine me donnait à voir Laura courir à travers tout le restaurant, apportant les dernières commandes et encaissant ses derniers clients.

Les derniers convives sortis, je la regardais défaire son tablier et rejoindre les cuisines au fond du restaurant. Quelques minutes plus tard, elle revenait et se dirigeait vers la sortie, un imperméable sur les épaules, saluant ses collègues qui s’activaient au rangement avant la fermeture. Elle passa la porte et arrêta son regard sur moi. Je la vis s’illuminer, comme si le simple fait que nos regards se croisent suffisaient à raviver quelque chose d’enfoui en elle.

Elle s’avança vers moi, un léger sourire aux lèvres, à peine réprimé. J’avais l’impression que tout autour de nous, les pavés, les maisons à colombage, les jeunes ivres du vendredi soir, tout avait disparu et ne restaient que nous deux. J’étais très stressé à l’idée de cette rencontre, je ne bougeais pas, attendant avec impatience le moment où nos corps se rencontreraient. “Impact dans trois, deux, un…”

  • Bonsoir Tristan, je suis vraiment contente que tu sois venu, me dit-elle en me faisant la bise.
  • Moi aussi, je suis content de te revoir. Comment s’est passée ta soirée ?, enchainais-je.

Elle me parlait de son travail comme serveuse, un mi-temps en attendant de terminer ses études en droit. Elle me racontait son arrivée en ville, les grands évènements de sa vie depuis la dernière fois que nous nous étions vus. Même si nous ne nous étions pas revu depuis notre enfance, j’appris que nous avions grandi tout près l’un de l’autre, à peine à quelques kilomètres. Nous avions fréquenté les mêmes lieux de loisirs, les mêmes cinémas, les mêmes parcs, les mêmes centres commerciaux pendant près de vingt ans, et nous ne nous étions jamais revu depuis l’école primaire. L’enfer de la ville. Tout est proche et si lointain à la fois. Nous évoquions le passé comme une douce rengaine, partagions nos différents souvenirs de lieux communs. Nous n’avions pas eu une vie si différente et je me retrouvais beaucoup en elle.

J'évoquais quelques souvenirs d'enfance que nous avions en commun, principalement des sorties scolaires, c'était là tout notre bagage de souvenirs en commun. Je sentais dans mes paroles une once de nostalgie, presque de regrets. Je savais pertinemment ce qui me causait cette tristesse, j'avais identifié ce sentiment depuis bien longtemps. Je ne voulais pas l'évoquer avec elle, alors je me contentais de l'admirer au clair de lune.

L'astre de nuit, ronde et pleine, compensait largement le manque d'éclairement de certaines rues et illuminait Laura d'une douce clarté. Son visage avait quelque chose de magique, éclairé de la sorte. C'était comme si un nouveau monde se donnait à voir, une face cachée du monde réel qui se dévoilait.

Elle s'arrêta devant un immeuble bas, dont quelques fenêtres étaient éclairées. Elle se posta devant la porte cochère.

  • C'est ici que j'habite, me dit-elle.

"Mince, déjà ? La balade aura été de courte durée. A peine quelques minutes. Elle veut écourter la soirée ? J'ai dit quelque chose qui la vexée ? Ou alors elle est déçue ?"

  • Tu veux monter ?, me demanda-t-elle.

"Ah non, en fait, elle n'est pas si déçue que cela"

  • Avec plaisir.

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