14 - Couverture

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  Nos pas résonnaient sur les tomettes, dans le couloir étroit du hall. Je suivais Laura dans le couloir aux murs décrépits, éclairé d'une lumière blafarde. Nous empruntons un escalier aux marches grinçantes. Arrivés au deuxième étage, nous nous arrêtions sur le palier, devant la seule porte. Elle l'ouvrit et m'invita à la suivre à l'intérieur.

  Le contraste avec les parties communes était saisissant : on quittait un couloir délabré et un escalier branlant pour arriver dans un havre de paix et de bien-être. Nous arrivions dans un petit séjour, éclairé par de petits lampions colorés qui diffusaient une lumière douce. Quelques bougies, même éteintes, suggérait des moments intimistes et propices aux confidences et au rapprochement.

  “Je vais me changer. Je t’en prie, installe-toi.”. Je m'exécutais et pris place dans le sofa, entre deux coussins. Je laissais mes yeux vagabonder sur les rayonnages de la bibliothèque. J’y trouvais beaucoup de littérature classique, à laquelle je n’étais pas réellement familier, hormis les quelques classiques dont on m’avait imposé la lecture étant jeune. Les films, sur l’étagère supérieure, ne m'inspiraient pas davantage, entre les comédies romantiques et les documentaires historiques. J’allais poursuivre mon inspection en feuilletant les magazines cachés dans la table basse, lorsqu’elle m’interpela dans une pièce voisine :

  • Tu veux boire quelque chose ? Café, thé, infusion, soda, vin ?
  • Il est un peu tard pour du café, non ?
  • Tu as raison. Tu es plus rouge ou blanc ?
  • Blanc, répondis-je en souriant.
  • Parfait, moi aussi.

  J’entendais le cliquetis de verres qui s’entrechoquent. Je profitais qu’elle soit occupée pour regarder un peu plus en détail le reste des étagères. Beaucoup de livres de droit, encore quelques romans et ce qui ressemblait à des albums photo. Je sursautais quand je vis que Laura se tenait à côté de moi, deux verres à la main.

  Elle avait passé une tenue moins formelle que son uniforme de travail. Elle avait passé un kimono par dessus une nuisette mi-longue. Elle me tendit un verre et leva le sien. Elle me fixait avec ses yeux vert, entre deux mèches blondes qui pendaient de chaque côté de son visage. Ses lèvres étirées, d’un rouge foncé, m’attiraient comme jamais. Je levais mon verre en réponse, mais aucune parole ne sortit. Nos regards se défiaient, et je ne souhaitais qu’une chose : poser mon verre et l’embrasser avec fougue.

  Alors que mon esprit divaguait, elle me ramena à la réalité :

  • A nos retrouvailles ?
  • Oui. A nos retrouvailles, répondis-je en faisant tinter nos verres.

  Je buvais une gorgée du vin. Un Chardonnay, ou un pinot, je ne suis pas trop connaisseur. Laura se dirigea vers le sofa et s’y installa, les jambes repliées sous elle, comme une sirène. Je m’installais sur le fauteuil près d’elle, un peu effrayé à l’idée de m’asseoir juste à côté de cette femme si désirable.

  Je prenais mes aises et l’écoutais parler de ses passions, de la façon dont elle envisageait son avenir de juriste. Je commençais à avoir froid, sans doute à cause de la fatigue qui me gagnait. Je frissonnais légèrement. Elle avait du s’en rendre compte, car elle me proposa une couverture. Je la passais sur mes jambes et sur mes épaules. Je laissais la chaleur m’envelopper, tandis que Laura poursuivait son monologue sur les voyages dont elle rêvait. Je commençais à me sentir partir, alors qu’elle me héla :

  • Ca va ? Tu m’as l’air bien fatigué ?

  J’étais confus. Je ne savais pas si je m’étais réellement endormi, mais j’avais peur de l’image que je renvoyais.

  • J’ai l’habitude de veiller tard avec mon job, mais je comprends que tout le monde ne tienne pas autant. Tu peux rester dormir ici si tu le souhaites, il se fait tard.
  • Ca ne te dérange pas ?
  • Non, bien sûr. J’ai l’habitude, tu sais. Attends-moi, je reviens.

  Je la regardais partir dans la pièce voisine, qui semblait être sa chambre. J’avais envie de l’y rejoindre, de me glisser sous sa couette et qu’on se love l’un contre l’autre. Elle revint quelques minutes plus tard, une énorme couette dans les bras.

  • Tu verras, le canapé est très confortable. On m’en dit beaucoup de bien.

  J’attrapais la couette, la remerciais à contre-coeur et m’enveloppais à l’intérieur. Une odeur entêtante en émanait. J’y enfouis mon visage et huma une grande bouffée. La couette avait son odeur. Elle n’était pas dans mes bras, mais c’était comme si j’étais enfoui en elle. A peine allongé, je sombrais dans le sommeil, entouré de cette senteur enivrante.

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