II - Diviser (partie 4)

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  Dans le bunker, personne n’osait bouger davantage. Haytham, les yeux papillonnants, s’approcha doucement de Sophia.

— D-Donne-moi ça.

Sous le regard des autres rescapés, il prit le portable des mains tremblantes de Sophia. Il déverrouilla l’écran en se redirigeant vers le centre de la pièce. À la vue de l’écran, Haytham poussa un juron.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Sven.

— Regarde, dit-il en tendant le téléphone.

On pouvait y lire « Accès bloqué ou indisponible ». Sven pressa à plusieurs reprises le bouton d’accueil, en vain. Après avoir tourné le téléphone dans tous les sens, il pivota vers Haytham.

— Tu sais ce que ça veut dire, Haytham, dit-il d’un air accusateur.

— Oui, il faut le réparer ou le décoder pour…

— Pourquoi le décoder ? interrompit Sven. On a son propriétaire juste ici, non ?

— C’est vrai… On a qu’à attendre qu’elle se réveille.

— Non, attend, dit-il en réalisant quelque chose. On dirait un logiciel pour protéger les données, on ne peut pas le débloquer sans un ordinateur. Elle ne nous servira à rien.

Il fit quelques pas en réfléchissant.

— Je crois que c’est le seul téléphone de la zone. Étant donné que l’on ne récupérera sûrement jamais nos bagages, vaut mieux le garder en lieu sûr.

— Je… suppose.

  Une autre possibilité parcourait l’esprit d’Haytham. Celle où Mariah serait liée avec ce qu’il se passe et le largage hâtif des passagers. Sinon, pourquoi aurait-elle un téléphone bloqué ? Qui était-elle ? Quelque chose l’empêchait de partager à haute voix son hypothèse. Involontairement, le dilemme auquel il était confronté se voyait sur son visage.

 Une des deux hôtesses, qui avaient été silencieuses depuis leur arrivée, demanda à voir le téléphone, que lui remit avec hésitation Sven. Elle l’examina minutieusement.

— C’est bien ce que je pensais, dit-elle enfin.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Beth.

— Ce n’est pas le téléphone qu’elle utilisait dans le dirigeable.

Haytham sursauta.

— Ne tire pas de conclusion trop hâtives, Soraya, conseilla Matthew d’un calme inhabituel. C’est possible qu’elle possède deux téléphones, l’un personnel, l’autre pour le travail. C’est loin d’être rare.

La dernière femme du personnel navigant, une petite femme aux origines indiennes, rejoignit sa collègue ; elle se retourna vers Matthew, le regard appuyé.

— On nous avait demandé un suivi complet des passagers, tu te souviens, Matthew ? J’étais aussi aux douanes. Je suis sûre et certaine que cette femme ne possédait qu’un téléphone avant l’embarquement, annonça-t-elle d’un fort accent sud-asiatique.

Haytham se rassit sur la chaise, et balaya de sa main son front et ses cheveux noirs et bouclés, la tête baissée.

— Sven…

— Je sais ce que tu vas dire.

Il détourna le regard et avança vers les membres d’équipage.

— Mariah a donc sûrement un rôle dans tout ça. C’est elle que l’on doit surveiller.

Haytham souffla intensément, comme s’il avait été libéré d’un poids. Cependant, un sentiment désagréable s’accrochait. Les stewards et les hôtesses se considérèrent avant d’acquiescer de la tête en même temps. Sur un conseil du premier mondial, ils allèrent discuter à l’extérieur du bunker, laissant Haytham à ses réflexions.

  Il observa Mariah, couchée à même le sol poussiéreux du bunker, endormie le visage détendu. Un sourire naquit au coin de ses lèvres. Malgré son habituelle prudence, il s’était encore laissé aller aux sentiments, qui affectaient son jugement et son discernement, jusqu’à oublier que lui et les autres étaient en danger de mort.

 Sven balança la tête tandis qu’il observait Haytham par la fenêtre. Il savait que son raisonnement était le bon.

— Quelqu’un aurait de la corde sur lui, par hasard ? réclama Matthew comme une évidence.

— Pour quoi faire ? demanda Neelam.

— Pour empêcher les mouvements de la rouquine.

— On aurait pu prendre les fils des parachutes, mais je ne suis pas vraiment prêt à retourner dans cette forêt, déplora Garry. Il y a peut-être celui du boîtier de la radio.

— Non, trop risqué, répondit Sven. Sa jamais le téléphone ne fonctionne pas, c’est notre seule chance de contacter l’extérieur. Il faudrait pouvoir l’interroger quand elle se réveillera.

— M-mais pourquoi… elle dort autant ? balbutia comme à son habitude Sophia. C’est vraiment étrange.

— Non, le plus étrange c’est comment elle atterri dans ce bunker et pourquoi elle n’en est pas sortie depuis… répliqua le polymathe.

— Sven, repartit Matthew, derrière toi.

En se retournant, il vit Haytham l’appeler en criant. Accourant tous au bunker, ils purent saisir les quelques mots paniqués du jeune homme.

— Mariah ! Elle… Elle est en train de se réveiller !

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