I - Espoir (partie 2)

3 minutes de lecture

 Quand Haytham et Mariah rejoignirent la salle commune, la seule pièce un peu éclairée, un homme barbu et chauve d’une soixantaine d’années bramait en appelant une hôtesse.

— Je peux vous aider, monsieur ?

— C'est quoi ce foutoir ? J’aimerais savoir pourquoi on s’apprête à atterrir dans une forêt !

 Le vieil homme avait raison. On pouvait distinguer à l’extérieur une immense forêt noire, dont les cimes reflétaient la brillance de la lune. L’ambiance calme de la cabine devint d’une lourdeur presque palpable. Tous pensèrent à la première chose qui leur était venu à l’esprit en ayant ouvert le colis : un piège. Les dix heures de vol ayant tendu les nerfs des passagers, ils commencèrent à s'insurger contre le personnel navigant, qui se refusait à leur donner des réponses depuis l’embarquement. Deux voyageurs semblaient d’ailleurs réciter des prières collés l’un à l’autre. Le sexagénaire accompagné de trois autres individus tenta de forcer le passage vers les locaux du pilote, bloqué par l’hôtesse et le steward à la mine sévère. Ce fut alors qu’Haytham aperçut vers l’avant de dirigeable, au-delà des hôtesses, un homme aux cheveux pâles et délavés qui enfilait un parachute dans un calme olympien. Pris dans l’hystérie générale et croyant voir le commandant fuir, il s’empressa de pousser la foule des passagers paniqués.

— Eh, vous ! Je vous parle ! héla Haytham alors que les stewards l’empêchaient de faire un pas de plus. Commandant ! Ne nous laissez pas ici !

Mariah tentait de le suivre, avec peine, trop bousculée par la cohue. Une minute de lutte plus tard, Haytham et elle finirent par s’extirper de ce désordre. Il bondit pour agripper l’homme mais fut stoppé par un geste de la main de celui-ci. Il désignait un coffre ouvert ; lequel renfermait des dizaines de sacs parachute. Haytham n’eut même pas le temps de balbutier quelques mots.

— Le capitaine du dirigeable et ses copilotes se sont enfermés dans leur cabine, empêchant tout accès. Tout ce que j’ai pu déchiffrer au travers des portes, c’est : « Les parachutes se trouvent dans les coffres. Nous n’atterrirons pas. Vous devez avoir sauté d’ici quinze minutes ou vous serez largués sans. »

— Quoi ? C’est quoi ces-

— Haytham, prend ton parachute et donnes-en aux autres. On doit faire vite.

Haytham eut moment de flottement. Comment connaissait-il son…

— Haytham ! le tira de ses pensées l’inconnu. Je t’expliquerai plus tard.

Haytham n’agit pas tout de suite, mais Mariah, elle, portait déjà une dizaine de sacs qu’elle jetait aux passagers, toujours bloqués par les stewards. Ces derniers, sans prévenir, lâchèrent prise avant d’eux aussi se jeter sur les parachutes. Au milieu de la cohue, Mariah le prit à part.

— C’est le premier de la promotion.

— Qui ça ? s’enquit Haytham.

— Celui qui nous a indiqué les parachutes…

Haytham le toisa un moment avant de faire le rapprochement ; il n'avait jamais vraiment vu son visage, mais avait entendu son nom à répétition : Sven.

Un des stewards, aux courts cheveux châtains et à la forte mâchoire carrée – celui qui surveillait le couloir amenant aux pilotes – approcha. Il demanda l’attention des passagers encore trop agités devant la porte d’évacuation d’urgence.

— Écoutez tous. Nous allons devoir sauter de l’appareil d’ici une minute. Vous n’êtes pas autorisés à transporter d’effets personnels ou d’objets sur vous. Pas de sac, pas de téléphone. J’insiste. Nous vous conseillons de sauter horizontalement au sol, afin de ralentir la chute et contrôler votre descente.

Il présenta sa paume.

— Comptez cinq à dix secondes à partir du moment où vous aurez sauté pour ouvrir votre parachute. Nous sauterons deux à deux. Une fois au sol, suivez le signal lumineux. Des questions ?

Des protestations à voix basse meublaient le silence. Aucun d’eux n’avaient fait de saut en parachute auparavant ; surtout en guise d’atterrissage !

— Pourquoi on devrait sauter ! brama le vieil homme.

— Faites simplement ce que l’on vous dit de faire.

— C’est quoi, ces conneries ? ajouta un homme brun à la voix rauque. On ne nous dit pas où l’on va et maintenant on nous demande de nous jeter dans le vide sans raison ! Y a pas un problème, là ?

— Silence ! Dans vingt secondes, ces portes s’ouvriront, lâcha brutalement le steward en désignant du doigt la porte située derrière lui. Vous avez intérêt à être prêts si vous ne voulez pas crever comme des rats !

Cette phrase eut l’effet d’une onde de choc sur les passagers apeurés et parcourus d’un fulgurante montée d’adrénaline. Le steward jeta un regard excité à ses collègues.

 Des gouttes de sueur perlaient sur le front d’Haytham et Mariah. Les membres du jeune homme tremblaient, mais il était loin d’être le seul. Certains, s’attendant à une dépressurisation explosive, s’accrochèrent à ce qu’ils pouvaient.

C’était alors que les portes s’ouvrirent dans un fracas venteux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire NevJay ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0