Des mains, une bouche... des bouches. Un sein, deux seins, des langues qui s'entremêlent, des doigts qui tentent de trouver une entrée. Des lèvres mouillés, des longs soupirs de joie, un grognement satisfait.
Les fantasmes m'accompagnent tous les jours, surtout la nuit. Parfois, ils s'immiscent au courant de mon quotidien, comme des invités surprises débarqués d'un peu de nulpart à qui on ne sait pas dire au revoir. En plein meeting au boulot ou en faisant l'épicerie. Je les chasse tendrement, leur disant "à une prochaine fois". D'autres jours, ils me happent, me brûlent, me jettent parterre. Et je me retrouve là, dépourvue, à la merci de mes pires rêves (ou mes meilleurs, c'est selon). Ces rêves, qu'on n'ose raconter à personne mais qui nous tirent un sourire dès le réveil et nous suivent tout au long de la matinée. Je sens alors mon âme prendre le contrôle de mon corps. Je croise les jambes par honte, mais surtout pour calmer mon esprit. Habituellement, je succombe et me laisse porter par ces vagues ardentes de rêves, de souvenirs, plus tendres les uns que les autres. Les corps défilent sous mes yeux; un homme, une femme, très souvent les deux.
Ils sont si forts parfois qu'ils m'habitent des jours durant. Je ne pense qu'à cela. Ils me donnent envie de tout quitter, l'espace d'un instant. Même si, au départ ils m'effraient, j'ai bien compris que je me devais de vivre selon leurs lois. Alors chaque nuit, au coucher, je me glisse sous le duvet chaud de mon lit, ferme mes yeux et attend avec impatience qu'ils reviennent m'habiter.