Le vaisseau Kryna se posa devant le camp. Des soldats armés en descendirent aussitôt, en masse. Je n'avais pas beaucoup de connaissances en mécanique Alvanienne, mais je savais néanmoins qu'il s'agissait d'un vaisseau royal : les vaisseaux royaux sont les appareils volants les plus efficaces au combat. Ils sont rapides, résistants, et sont équipés d'innombrables fonctions en tous genres. Ça, c'était mauvais signe. Cela fait bien plusieurs siècles qu'aucun vaisseau royal avait touché les terres des Jynas !

Dans la cour, c'était un vrai concert de cris d'affolements, de précipitations, de stupéfactions. Certains couraient et se bousculaient, d'autres restaient immobiles à la vue des ennemis. Le général rugissait des ordres incompréhensibles dans le brouhaha interminable. Alors que je me faufilais parmi mes camarades, à la recherche de mes parents, quelqu'un me bouscula et me fit tomber par terre. On me piétina à plusieurs reprises, et quelques-uns trébuchaient sur mon corps. Mon nez collait au sol. Mes yeux étaient fixés sur les dalles de pierres. Un vrai labyrinthe de pieds qui s'entrecroisaient se formait autour de moi. Je ne voyais même plus les nouveaux arrivants, mais j'entendais des coups de feu en série. Je me relevai, en prenant garde à ne pas faire mal à quelqu'un sans le vouloir. Ou à moi-même.

À cet instant précis, je vis une scène d'horreur : pleins de corps étalés par terre. Des Krynas qui tiraient partout devant eux. D'autres soldats qui perdaient le combat. Tout d'un coup, une violente explosion eu lieu. Mes camarades et moi furent projetés plusieurs mètres plus loin. Des cris de douleur. Des cris de peur. Pendant quelques secondes, qui me parurent une éternité, je survolais la cour, la tête vers le ciel, d'un bleu si joyeux. Un bleu qui disparaissait sous la fumée, qui s'élevait de plus en plus. J'atterris finalement sur d'autres personnes. L'une d'entres elles m'envoya des jurons à peine compréhensibles :

- DÉGAGE, ESPÈCE D'ABRUTI !

Je roulais sur moi même, cherchant des yeux et des mains une possible issue à ce chaos. Je me mis à ramper sur le ventre, baissant la tête pour éviter de me prendre les chaussures des autres dans la figure. Alors que j'apercevais enfin une sortie. Une autre explosion fulgurante détonna et un souffle dévastateur s'abattit sur moi. Puis le monde s'assombrit. Tout devint flou. Je n'entendais plus rien. Jusqu'à sombrer dans les ténèbres.