Chapitre 8 suite 1

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Gui frappa deux petits coups contre la porte de la remise et la poussa sans attendre la réponse. Aussitôt, ses yeux furent attirés par la seule source de lumière dispensée par une torche fichée dans le mur de pierre et il se dirigea dans cette direction après avoir refermé le battant derrière lui.

Il s’approcha lentement et surprit les paroles de Catherine à son nourrisson :

- Voilà ma belle, maintenant que tu as ton ventre bien rempli et que tes petites fesses sont propres et sèches, tu vas faire un gros dodo !

Inconsciente de la présence dans son dos, Catherine continuait à s’affairer et déposa sa fille, déjà à moitié endormie, dans son berceau.

Les bras ballants, Gui n’osait pas l’interrompre et se contentait de la regarder avec fascination. Mises en valeur par la lumière tremblotante de la torche, ses boucles blondes virevoltaient gracieusement autour de sa tête comme douées d’une vie propre. Le peu qu’il voyait de son visage semblait sublimé par cette même lueur et ses gestes avaient la grâce d’un ange. Comme elle était belle ! Comme il aurait tout donné pour pouvoir la serrer dans ses bras !

Subjugué par ce spectacle quasi irréel, Gui oublia la plus élémentaire prudence et avança une main timide pour lui toucher l’épaule. Aussitôt, la réaction de Catherine ne se fit pas attendre : elle sursauta violemment et poussa un cri de terreur qui se répercuta lugubrement sous la voûte de la remise. Elle se retourna aussi sec et, sous le coup de la peur plus que de la colère, elle gifla le damoiseau.

Se rendant compte de sa bévue, la lavandière recula d’un pas et plaça sa main fautive devant sa bouche en dévisageant d’un air navré le jeune homme qui se frottait distraitement la joue.

Ils se dévisagèrent ainsi un court instant qui leur parut durer une éternité jusqu’à ce que Catherine se ressaisisse et retrouve l’usage de sa voix :

- Je te prie de m’excuser Gui, mais tu m’as fait une de ces peurs ! Je t’ai fait mal ?

Continuant de frotter machinalement sa joue, Gui la fixait de son regard éberlué. Une étrange tempête s’était levée sous son crâne, comme si la gifle avait remué un coin obscur de son cerveau et laissé échapper la véritable personnalité qui sommeillait en lui depuis toujours. Comme en rêve, il vit Catherine s’approcher et lui parler avec inquiétude. Ses lèvres bougeaient mais aucun son ne parvenait à ses oreilles. Il ne voyait plus que cette bouche délicatement ourlée, brillante comme une rose sous les perles de rosée. Il ferma les yeux pour enfermer cette image dans sa mémoire et les rouvrit presque aussitôt pour s’apercevoir qu’il venait d’enlacer Catherine dans ses bras. Une envie irrésistible le poussa à pencher son visage à sa rencontre jusqu’à poser ses lèvres sur cette bouche tant rêvée.

À sa plus grande surprise, la jeune mère ne le repoussa pas. Au contraire, elle se coula contre lui et répondit avec ardeur à son baiser.

Aussitôt, tous ses soucis s’envolèrent à tire d’aile pour céder la place à une félicité sans pareille. Cela faisait si longtemps qu’il attendait ce moment que c’en était presque devenu insoutenable.

Gui et Catherine s’embrassaient à perdre haleine comme si leur survie en dépendait, comme si le temps s’était soudain arrêté, comme si…

- Je t’aime tellement, si tu savais, murmura Gui à bout de souffle en dévisageant la jeune femme dont il avait momentanément délaissé les lèvres.

- Chut ! Rétorqua-t-elle avec un sourire espiègle. Continue plutôt à m’embrasser.

Gui ne se le fit pas dire deux fois et fondit tel un rapace sur cette bouche quémandeuse.

Déboussolée par cette avalanche de sensations nouvelles, Catherine recula d’un pas chancelant et l’entraîna dans sa chute sur sa paillasse. Au passage, elle s’assura d’un bref coup d’œil que sa fille dormait à poings fermés avec l’insouciance des enfants de son âge. Ainsi rassurée, elle prit les choses en main face au peu d’expérience qu’elle décelait dans les gestes maladroits et hésitants de Gui et commença à se tortiller pour ôter son bliaud et celui de son compagnon.

Lorsqu’elle fit passer sa chainse par-dessus sa tête après lui avoir enlevé la sienne, Gui, ébloui par son corps ainsi dévoilé, crut un instant que son sexe allait exploser avant même de l’avoir touchée.

Devant son manque de réaction et avant de s’attaquer à ses braies, Catherine attrapa ses mains et les posa doucement sur ses seins avec un gémissement de plaisir. Ainsi aiguillonné, Gui laissa ses doigts timides parcourir le corps frissonnant qui s’agrippait à lui de toutes ses forces.

La lueur orangée de la torche dansait sur sa peau blanche et, par son jeu d’ombres, soulignait ses monts et obscurcissait ses vallées.

Après l’expérience malheureuse qu’elle avait connue entre les bras sauvages et brutaux d’Arnaud, Catherine était agréablement surprise par la délicatesse de Gui. Ses caresses dégageaient tant de douceur et de tendresse que malgré son inexpérience, il parvenait à lui faire ressentir des plaisirs insoupçonnés. À son contact, elle se découvrait l’âme d’une Messaline et brûlait de le sentir en elle.

Mais Gui n’était pas pressé et ne se lassait pas de caresser encore et encore cette peau qu’il avait tant de fois imaginée en rêve. Ses lèvres s’amusaient avec délice à agacer ses tendres mamelons fleurant si bon le lait. Plus il la sentait impatiente, plus il retardait le moment de plonger en elle : il avait tellement envie d’elle qu’il sentait bien qu’il ne serait pas à la hauteur de ses espérances.

Pour mettre un terme à ses tergiversations et passer aux choses sérieuses, Catherine lui attrapa la main et la plaça d’autorité entre ses jambes qu’elle referma telles un carcan brûlant sur leur pauvre prisonnière.

Même dans ses rêves les plus fous, jamais Gui n’aurait pensé déchaîner tant de passion chez l’élue de son cœur. C’était une chose de se croiser dans les couloirs et de se dévorer du regard, c’en était une autre lorsqu’il s’agissait de passer à l’acte !

Il eut une brève pensée émue et reconnaissante pour la belle Marion qui lui avait appris les rudiments de l’amour et du corps féminin lors de son séjour à Millau l’été dernier. Il se sentait moins perdu et désemparé devant les exigences sans équivoque de Catherine qui avait légèrement desserré ses cuisses. Ainsi libérés, ses doigts prospectèrent avec délice l’antre brûlant et humide qui l’attendait avec impatience.

Voulant lui rendre la pareille et activer le mouvement, Catherine faufila une main espiègle dans ses braies et n’eut aucun mal à repérer l’objet de sa convoitise. Seulement, lorsqu’elle effleura son membre tendu à l’extrême, Gui eut un tel mouvement de recul qu’elle crut un instant l’avoir blessé.

- Je t’ai fait mal ?

- Non, mais je crains que tous mes efforts pour me retenir ne soient vains si tu me touches.

Catherine retint sa respiration devant cet aveu émouvant et lâcha dans un souffle :

- Alors viens… maintenant.

- Tu es sûre ?

- Oui… viens.

Touché au vif par cette réponse sans équivoque, Gui acheva de se débarrasser de ses braies avant de basculer entre ses jambes où elle s’empressa de le guider en elle.

Catherine crut défaillir de plaisir lorsqu’elle le sentit s’enfoncer lentement et se rendit compte qu’elle attendait ce moment depuis longtemps.

Incapable de maîtriser la soudaine jouissance qui déferla en lui, Gui esquissa deux ou trois allers-retours désordonnés avant de se répandre dans sa matrice.

Assez honteux, il voulut se retirer, mais Catherine le retint en elle en nouant ses jambes autour de ses reins.

- Reste, murmura- t-elle le cœur battant à tout rompre.

- Je suis si désolé, lui répondit Gui en se cachant dans son cou.

- Cela n’a aucune importance Gui, je t’aime tellement que tu m’as rendue heureuse au-delà de mes espérances.

En entendant ces paroles, Gui crut qu’il allait pleurer de plaisir :

- Oh, ma Catherine, si tu savais combien je t’aime moi aussi !

- Alors, pourquoi as-tu attendu tout ce temps ?

La question pleine de reproche le prit par surprise et il se redressa pour voir son visage :

- Je ne savais pas si… et puis, j’avais peur que tu me repousses.

Catherine eut un rire taquin qui se répercuta comme une vague sur leurs corps enlacés.

- Quel gros bêta tu fais ! Comme si je t’avais déjà refusé quoi que ce soit.

Faisant semblant de s’offusquer, Gui lui pinça la hanche pour la chatouiller :

- C’est comme cela que l’on cause à son seigneur et maître ? Ingrate, va.

Catherine se tortilla en gloussant pour tenter d’échapper à son supplice :

- Pitié, monseigneur, je ne le referai plus, je vous le promets.

- Alors pour te faire pardonner, dis-moi depuis quand tu éprouves de tels sentiments pour moi.

Catherine accrocha son regard et fronça les sourcils comme si elle faisait un effort de mémoire intense :

- En fait, j’ai toujours eu beaucoup d’affection pour toi. Mais… je ne sais pas si tu te souviens, le jour où tu m’as fait monter sur ton destrier pour me reconduire, j’ai… ressenti une drôle de sensation, avec ta main sur ma hanche, qui m’a donné soudain une folle envie de me retourner pour t’embrasser. Au début, j’ai essayé de me raisonner en t’évitant, en me disant que j’étais complètement folle. Puis, petit à petit, je me suis rendue compte que tu éprouvais la même chose. Tu me dédiais tes chansons, tu recherchais ma compagnie et celle d’Agnès et alors… les gens ont commencé à jaser, à me faire des remarques sur tes attentions, tes regards qui en disaient long et… je me suis laissée tenter. Et nous voilà…

- Tu parles si je me souviens de ce jour, murmura tendrement Gui à son oreille. Jamais je ne l’oublierai… et si j’avais su que tu ressentais la même chose alors, je crois que je t’aurais emportée dans mon antre pour te dévorer de baiser !

- Que de temps perdu, soupira Catherine en le serrant plus fort contre elle.

- À qui le dis-tu !

Sentant sa virilité se réveiller peu à peu, Gui esquissa deux ou trois lents va-et-vient.

- Hum, je crois que la forme revient, ronronna Catherine en adoptant le même mouvement voluptueux pour mieux le stimuler.

- Non seulement elle revient, mais je vais tout faire pour qu’elle dure le plus longtemps possible cette fois-ci.

- Mais j’y compte bien, roucoula la lavandière en s’accrochant à son cou.

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