Chapitre 4 suite 1

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Après avoir laissé Gilbert de Millau en grande conversation avec la famille seigneuriale au coin du feu, Aymeric, prétextant vouloir s’entretenir avec sa cousine, s’était éclipsé en direction des cuisines. Seulement, une fois parvenu dans les escaliers pris dans le mur, il avait changé de direction et était monté au deuxième étage du donjon où se trouvait la chambre consacrée au baron et à ses invités de marque.

Tout en grimpant l’étroite volée de marches, Aymeric ressassait les paroles du vicomte et essayait de comprendre à quel moment la situation lui avait échappé. Comment Gerberge avait fait pour les duper ainsi : son époux pour lui avoir fait croire qu’ils mettaient tout en œuvre pour concevoir un enfant, et lui… lui…

Comme il s’était senti sot et coupable devant les révélations du vicomte !

Comment avait-il pu se laisser manipuler ? Après Ermessinde, maintenant Gerberge ! Etait-il donc aveugle à ce point ?

Envahi par la colère, il déboucha dans la chambre et la traversa à grandes enjambées. Arrivé devant le rideau qui masquait la partie de la pièce dédiée au vicomte et à son épouse, Aymeric s’arrêta un instant avant de l’ouvrir d’un geste brusque.

- Enfin te voilà, l’accueillit Gerberge en le fixant avec provocation, j’ai failli attendre.

Elle était assise sur le bord du lit, les jambes sagement croisées mais le buste penché en arrière en appui sur ses bras tendus. Cela faisait ressortir sa magnifique poitrine et elle en jouait à la perfection pour amadouer l’orage qu’annonçaient ses sourcils froncés.

- Je vois que tu as eu une conversation avec mon cher époux.

- On ne peut rien te cacher !

- Pourquoi prends-tu ton air fâché ? Il ne nous reste pas beaucoup de temps alors profitons-en au lieu de nous disputer pour des futilités.

- Des futilités ! S’étrangla Aymeric de colère. Tu appelles futilité le fait que ton époux te jette dans mes bras dans l’espoir que je t’engrosse ? Tu ne manques pas de culot ! Mais que dirait-il s’il savait comment ça s’est réellement passé ? Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Pourquoi me laissais-tu me retirer ?

Comme mordue par la lanière d’un fouet, Gerberge se leva vivement et se planta devant Aymeric. Ses yeux noirs n’avaient plus rien d’aguicheurs et le jugeaient froidement.

- Et moi ? Crois-tu qu’il m’a demandé mon avis dans cette histoire ? Je n’ai aucune envie d’avoir un autre enfant. Je n’ai accepté son idée que parce que je te connaissais déjà. Je savais que tu serais à la hauteur de ce que j’attends d’un homme. Nous avons passé du bon temps ensemble et c’est tout ce qui compte.

- Comment peux-tu être aussi cynique ? Aussi froide ? C’est ton époux tout de même !

Gerberge grimaça un sourire ironique :

- Cela n’avait pas l’air de te déranger avant de connaître le fond de l’histoire. De quoi as-tu peur, Aymeric ? D’être atteint dans ta virilité pour n’avoir pas pu m’engrosser ? Ne t’inquiète pas, ton épouse a déjà démontré tes capacités.

Voyant qu’il n’arriverait à rien en continuant de la sorte, Aymeric tenta une autre approche :

- Et que vas-tu devenir lorsque nous serons partis ? Tu seras à la merci de son frère et personne ne sera là pour prendre ta défense.

À ces mots, le sourire de la vicomtesse s’adoucit et elle se rapprocha pour nouer ses bras autour de son cou.

- Te ferais-tu du souci pour moi, mon beau chevalier ? Minauda-t-elle.

Aymeric esquissa une moue boudeuse. La manière impudique qu’elle avait de coller son ventre contre le sien commençait à faire son effet et il n’arrivait plus à réfléchir. Toutes ses bonnes résolutions pour lui faire la morale s’effritaient et il lui enlaça la taille pour la maintenir contre lui. Il se sentait irrémédiablement attiré par son regard brûlant de désir où il pouvait lire toutes les turpitudes qui animaient son âme. Sa bouche entrouverte était un appel au vice auquel il ne put résister.

Avant qu’elle ne prononce encore des railleries - bien méritées, il devait le reconnaître - Aymeric s’en empara avec ardeur et plongea sa langue à la rencontre de la sienne, impérieuse, sauvage et incroyablement sensuelle. Ses mains glissèrent sur sa taille pour empoigner ses fesses. Une furieuse envie s’empara de ses sens de la posséder là, tout de suite, sous le nez de toute la maisonnée dont ils entendaient les bribes de conversation étouffées par le plancher, avec le consentement pour ne pas dire la bénédiction du vicomte qui s’arrangeait pour les couvrir.

Puisqu’il était l’objet de tant de convoitise, et bien il allait leur donner satisfaction.

À l’un comme à l’autre !

Toujours suspendu à sa bouche et sans lâcher ses fesses, Aymeric avança de quelques pas, entraînant la vicomtesse jusqu’à sa couche où ils basculèrent dans le plus grand désordre. Sans perdre de temps, il farfouilla sous le bliaud de Gerberge. Après de multiples contorsions, il réussit à le lui retrousser jusqu’à la taille et, tout en plongeant ses yeux fiévreux dans son regard déjà chaviré, il caressa sa fente dans un lancinant va et vient, s’attardant sur le petit bouton qui la faisait frémir de plus en plus fort avant de glisser son doigt plus avant. Il ne faisait aucun doute qu’elle était plus que prête à le recevoir.

Ne perdant pas une miette du spectacle de ses jambes ouvertes, Aymeric fourragea alors dans ses propres vêtements afin de se dégager un passage. Lorsqu’il s’abattit sur elle et pénétra dans le calice brûlant, Gerberge poussa un profond gémissement et se cambra pour mieux l’accueillir. Pour limiter le vacarme que ne manquerait pas de provoquer leurs ébats, il la bâillonna de sa bouche gourmande en un baiser vorace et désordonné pendant qu’il amorçait de violents coups de boutoir.

Gerberge préférait ce genre de transports à un coït tendre et attentionné qui la laissait insatisfaite. Depuis qu’ils avaient amorcé leur liaison mouvementée, la vicomtesse avait eu son lot de positions et de situations saugrenues. Ce devait être la première fois qu’ils avaient l’occasion de se retrouver dans un vrai lit et encore, ils n’avaient pas le temps de fignoler ni d’enlever leurs vêtements. N’importe qui aurait pu survenir et les surprendre.

Si Aymeric n’avait pas été sûr d’être couvert par le vicomte, il ne se serait jamais risqué à la prendre là. Depuis leur retour et malgré le froid, ils avaient « visité » tous les coins et recoins qu’offraient les remparts, les escaliers cachés et même les hourds à plus de cent dix pieds de hauteur. Gerberge était insatiable, toujours prête à expérimenter de nouvelles pratiques. Rien ne la rebutait ni ne l’écoeurait, ce qui était tout de même déroutant et insolite chez une femme de son rang et de sa beauté. Sa sauvagerie et sa boulimie en matière de sexe allaient lui manquer : peu de femmes lui arrivaient à la cheville en matière d’assouvir pleinement un homme.

Evidemment, il n’incluait pas Alis dans cette dernière catégorie. Le peu qu’il avait connu d’elle laissait présager un tempérament de feu qui ne demandait qu’à être révélé. Et dire que ce serait ce grand bêta de Gautier qui en profiterait.

Pour conjurer ces mauvaises pensées qui menaçaient de lui faire perdre tous ses moyens, Aymeric se concentra sur Gerberge et accentua son rythme déjà soutenu. Du coin de l’œil, il repéra une écharpe abandonnée sur le lit. Il la saisit et la froissa pour l’enfoncer dans la bouche ouverte qu’il venait de délaisser. Ce n’était peut-être pas très galant, mais il n’avait pas envie que ses cris rameutent le ban et l’arrière-ban !

Lorsqu’il se retira, Gerberge eut une mimique désespérée, vite remplacée par un sourire salace quand elle comprit qu’il voulait juste lui faire changer de position. Docilement, elle suivit ses instructions et se retrouva à quatre pattes sur le lit.

Aymeric contempla cette croupe tendue qui l’attendait avec impatience et s’empressa d’y replonger. Il sentait qu’il n’allait pas tarder à jouir tant le spectacle de son fessier le subjuguait. Il ralentit un peu sa course pour tenter de calmer son ardeur et lui laisser le temps de le rejoindre, mais un grognement irrité assorti d’un coup de rein impérieux le rappelèrent à l’ordre et il reprit de plus belle.

À ce rythme-là, Gerberge ne tarda pas à émettre un gémissement continu ainsi que des tremblements annonciateurs du point culminant de son plaisir. Aymeric continua sur sa lancée, mais ne put résister longtemps. Vaincu par une vague de jouissance plus violente que les autres, il se laissa aller par saccades au fond de sa matrice.

Épuisés, satisfaits, repus, encore imbriqués l’un dans l’autre, ils s’écroulèrent sur le lit.

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