Le labyrinthe

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La limace s'arrêta et la petite se réveilla. Elle étira ses muscles endoloris et laissa échapper un bâillement. Elle s'était bien reposée malgré le soleil haut dans le ciel.

La princesse descendit et remercia vivement la limace pour son aide précieuse. Avant de partir, cette dernière la mis en garde. Le sombre labyrinthe pouvait être dangereux elle devrait être prudente. La fillette la regarda s'éloigner puis hésita. Elle n'avait jamais craint le labyrinthe mais maintenant qu'elle ne pouvait plus voir au-dessus de la haie, elle craignait d'y entrer. Il y faisait sombre et le vent soufflait à travers les branches des buissons.

Elle se chargea de courage et entra. Elle avançait d'un pas sûr, et décida de ne pas se retourner. Elle savait qu'une sortie donnait directement face aux kiwis et il fallait qu'elle la trouve. Elle suivait donc l'astuce qu'une de ses domestiques lui avait confiée lorsqu'elle lui avait raconté l'histoire du Minotaure. Pour éviter de se perdre dans un labyrinthe : il fallait qu'elle glisse une main contre une des parois sans jamais la lâcher pour ne pas perdre son chemin. Une méthode certes longue mais efficace. Malheureusement, lorsqu'on est haut comme un brin d'herbe, tous ces détours peuvent être fatigants et la princesse commençait à craindre de ne jamais ressortir de cet endroit.

Elle commençait à trainer des pieds quand un mouvement dans le buisson l'alerta. La limace l'avait mise en garde, elle pouvait être en danger. Tous les sens en alerte, elle tentait de se rassurer, se disant qu'il s'agissait peut-être à nouveau d'une limace, mais c'est une punaise qui sortit de sa cachette.

La petite fille les avait en horreur. Elle n'avait jamais eu peur des rats ou des araignées, mais ces bestioles la terrorisaient. Ses domestiques lui disaient souvent en riant que le petit animal n'allait pas manger le grand mais cette phrase, qui ne fonctionnait déjà pas lorsqu'elle mesurait 2 mètres était encore plus inefficace maintenant.

Instinctivement, elle lâchait la paroi de labyrinthe pour courir aussi vite qu'elle le pouvait, maudissant ses jambes miniatures. En courant, elle se demanda comment les enfants normaux pouvaient survivre puis le bourdonnement la rappela à la réalité. La punaise la rattrapait.

Son pied glissa et la princesse chuta. Elle tomba, tomba et tomba encore plus profondément. Lorsque sa descente cessa, il faisait terriblement sombre mais elle était hors de portée de l'affreux animal. Elle se releva difficilement et dépoussiéra sa robe pendant qu'elle tentait de discerner où elle avait atterrit. Des rayons de lumière filtraient du trou mais sa chute avait été longue.

Son repos fut de courte durée. Elle entendit des claquements dans son dos puis deux fourmis la saisirent, certainement des gardes inquiets de la sécurité de leur reine. Ils l'emportèrent à travers la fourmilière. Alors qu'elle passait par toutes sortes de tunnels et de pièces, elle pensa à la limace. C'était contre elles qu'elle l'avait mise en garde. Les fourmis étaient très organisées et il ne fallait pas les attaquer. Au bout de ce qui lui semblait être une longue course, elle arriva dans une pièce où une grosse fourmi attendait. Les gardes la jetèrent violemment au sol et ne lui laissèrent pas le droit de se relever.

- Qui es-tu ? Demanda froidement la grosse fourmi.

Une nouvelle fois, la princesse raconta son histoire. Elle expliqua ainsi à la reine des fourmis ce qui l'avait amenée ici et lui parla du papillon en danger.

La fourmi la mis donc au défi : si elle arrivait à lui ramener deux juteuses mûres présentes dans les buissons épineux, les gardes l'aideraient à trouver son chemin à travers les galeries. Elle eut à peine le temps d'accepter que les gardes l'avaient déjà saisie et la portaient vers une sortie. Elle fut beaucoup plus attentive qu'à l'aller et pu même apercevoir des larves et des nymphes protégées par une armée.

C'est ainsi que la princesse se retrouva hors de la galerie. Les gardes la déposèrent devant un buisson. Elle vit les mûres en hauteur et compris que la tâche serait ardue. Elle craignait que les épines, qui étaient maintenant aussi grosses que son torse, ne la déchirent.

Elle avança vers le mûrier puis débuta son ascension. C'était difficile, mais l'adrénaline lui avait redonnée des forces et elle grimpa encore et encore jusqu'à atteindre les mûres, évitant sans gros problème les épines. Elle saisit les deux plus grosses mûres qu'elle voyait et appuya contre les fruits pour les faire tomber. La première se décrocha facilement mais la seconde lui résista plus longtemps. Non sans efforts, elle finit par lâcher prise. La petite pris une seconde pour reprendre son souffle puis redescendit aussi rapidement que possible.

Un des gardes l'attendait en bas, une mûre sur le dos et la petite saisit la deuxième. Elle était presque aussi grande qu'elle et ce n'était pas facile de la transporter. Aussi, elle dû s'arrêter plusieurs fois alors que la fourmi ne semblait pas peiner.

En atteignant l'entrée de la fourmilière, elle fit glisser le fruit devant elle. Comme la première fois, des gardes la saisirent, l'un deux prit en charge son fruit puis ils la conduisirent auprès de leur reine.

Lorsqu'elle elle vit les mûres juteuses, cette dernière fit claquer ses mandibules. Elle saisit la première et la goûta. Elle semblait ravie.

La petite fille, consciente que le temps était compté, la pressa. La reine, qui l'avait oubliée, ordonna à deux de ses gardes de l'emmener là où elle le souhaitait.

Elle n'eut pas le temps de la saluer, mais ce n'était pas important puisque la reine était déjà à nouveau concentrée sur les fruits.

Les tunnels se ressemblaient tous mais les fourmis savaient où elles allaient. Après l'allure chaloupée de la limace, elle avant maintenant le sentiment d'être dans une barque naviguant sur une rivière vive.

Elle vit enfin le jour et sentit à nouveau l'air passer dans ses cheveux. Les fourmis l'avaient apportée à la sortie du labyrinthe. Elles la déposèrent à terre et, plus vite qu'il n'en faut pour le dire, disparurent dans les tunnels de la fourmilière.

La princesse leva les yeux au ciel et, devant elle, à quelques pas, se trouvaient les kiwis.

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