Elle savait exactement sur quelle arche monter pour trouver la reine des papillons et, tout naturellement, elle se dirigea vers elle.

Contrairement à ses autres voyages, elle arriva rapidement à son objectif et elle ne croisa qu'une coccinelle qui ne la remarqua même pas. Marcher autant et grimper pour cueillir les mûres l'avait épuisée et, quand elle atteignit la base de l'arche, elle se demanda comment elle allait pouvoir grimper.

Elle qui était habituée à atteindre tout ce qu'elle souhaitait très facilement, elle n'avait jamais connu ce soucis. Elle avait le choix de s'accrocher à la tige et aux feuilles du kiwi ou escalader les morceaux de bois de l'arche. Elle choisit cette dernière option mais, arrivée entre deux carrés de bois, elle se rendit compte qu'elle ne pourrait pas toucher la tige la plus haute. Elle essaya de sauter mais ses mains abîmées et ses jambes tremblantes la ramenèrent vite à la réalité. Il fallait qu'elle passe par les tiges et le feuillage.

Elle saisit la tige et commença à s'accrocher aux branches du kiwi. Les feuilles l'aidaient dans son ascension.

Elle grimpa et grimpa encore sans jamais s'arrêter, sachant que si elle le faisait, elle n'aurait peut-être pas la force de repartir. Ses forces s'amenuisaient et son corps devenait douloureux à force d'efforts. De plus, maintenant qu'elle était petite, elle était effrayée à l'idée qu'elle pouvait chuter. Elle était montée bien plus haut que les quelques centimètres qu'elle avait dû surmonter pour cueillir les mûres.

La difficulté s'amplifia encore lorsqu'elle atteint la zone haute de l'arche car elle se rendit compte qu'elle était dans l'obligation d'évoluer sur une zone plate et qu'elle détestait le vide. Elle se sentait attirée par celui-ci et découvrait ainsi qu'elle était victime de vertiges.

Elle releva alors la tête vers la cime de l'arche et elle la vit. La seule fleur épanouie de kiwi. La reine des papillons ne pouvait qu'être là.

Oubliant ses craintes et ses faiblesses, dans un effort ultime, la petite escalada aussi vite que possible et fut rapidement arrivée près de la fleur blanche.

Comme elle le pensait, un minuscule papillon doré était blotti au creux de la fleur. Le papillon qu'elle avait blessé l'après-midi même était à ses côtés, fatigué mais hors de danger.

Il la désigna et, sans attendre qu'on lui demande quoi que ce soit, la petite fille approcha. Elle ne comprenait pas pourquoi il l'avait obligée à vivre toutes ces épreuves s'il savait qu'il allait être sauvée mais le papillon pris rapidement la parole.

- Tu sembles tellement malheureuse, dit-il dans un soupir.

Le papillon doré, à peine aussi gros qu'une coccinelle, vola jusqu'à elle dans un tintement doux et se posa sur la tête de la petite. Il était tellement léger qu'elle ne le sentait pas.

Soudain, sa vue changea. Tout s'illumina jusqu'à ne laisser qu'une lumière blanche. Peu à peu, des éléments se détachèrent.

Elle se vit alors, bébé. Elle comprit qu'il s'agissait d'elle immédiatement lorsqu'elle vit ses deux étranges yeux rose. Elle se trouvait au chaud, dans une immense maison en bois. Deux adultes gigantesques étaient dos à elle et semblaient agités, comme s'ils essayaient de la protéger. Elle sentit qu'on la saisissait, se mit à hurler, attirant l'attention des parents. Mais il était trop tard, l'humain qui l'avait attrapée avait réussi à monter sur son cheval et galopait déjà loin de la maison des géants. Son sentiment de différence était donc justifié. On l'avait kidnappée !

La vision s'arrêta là, brisée nette par un bruit d'effondrement. La fillette et les deux papillons regardèrent en direction des portes du château qui s'étaient effondrées. Une dizaine de géants venaient de pénétrer dans l'enceinte.

Les papillons murmurèrent ces mots :

- Ils t'ont retrouvée.