Il était une fois, dans un monde similaire au nôtre, une fillette magnifique aux étranges yeux roses. Son visage adorable était auréolé par de belles boucles blondes.

Elle vivait paisiblement dans un château gigantesque avec ses deux parents, le roi et la reine, et son peuple l'appréciait pour sa gentille innocence et pour l'aide qu'elle leur apportait. Peu importe à quel point les personnes qui l'entouraient pouvaient être méchantes avec elle, son âme restait pure et généreuse.

Cependant, bien qu'entourée de parents aimants et de domestiques attentionnés, la fillette était la plus malheureuse du royaume. Et pour cause ? Elle effrayait tous les enfants à cause de sa taille. En effet, elle mesurait, pour tout vous dire, près de deux mètres alors qu'elle n'avait que cinq ans.

Le jour de son cinquième anniversaire, alors qu'elle pleurait cachée derrière les rosiers au fond du jardin anglais, un papillon vola près d'elle. L'enfant, surprise, essaya de le chasser mais, quand sa peau effleura le papillon, le monde autour d'elle changea. Elle se mit à rapetisser et devint aussi petite qu'un brin d'herbe. Par chance, sa robe s'était adaptée à sa nouvelle taille.

Le papillon qui était maintenant à terre, essoufflé, prit la parole d'une voix si faible que la princesse ne l'entendit pas. La petite fille était triste. Elle savait que toucher un papillon leur était fatal.

Elle s'approcha de lui et lui demanda en pleurant comment le sauver.

Le papillon lui demanda d'aller trouver sa reine, car celle-ci possédait un pouvoir infini. Par chance, elle avait élu domicile en haut de l'arche des kiwis. Elle n'aurait eu qu'à marcher quelques minutes puis tendre la main si elle avait eu sa taille normale, mais avec sa taille actuelle, il lui faudrait quelques heures pour y arriver.

Elle sécha ses larmes et se leva, bien décidée à sauver le papillon.

Elle connaissait parfaitement les jardins royaux. Avant l'incident, elle était cachée derrière les rosiers au fond du jardin, derrière le labyrinthe de haies. Les arbres fruitiers entouraient toute la propriété mais, par chance, les kiwis bordaient le labyrinthe, aux côtés des fraisiers grimpants.

Elle commença à marcher, décidée à arriver près de la reine des papillons au plus vite.

Au début ce fut facile, elle appréciait de découvrir la vie de ce nouveau point de vue. Les brins d'herbes chantaient au moindre souffle de vent, certains pétales reflétaient sur le sol de magnifiques couleurs. Mais très vite, écarter les brins d'herbes devint laborieux. Elle découvrait avec stupéfaction leur poids et la frustration de ne pas avoir le sentiment d'avancer. Elle mis beaucoup trop longtemps à son goût pour quitter les rosiers. D'habitude si grande, elle se trouvait maintenant bien trop petite. Ses forces avaient diminuées et elle s'essoufflait rapidement.

Après ce qu'elle pensait être une heure de marche, elle fut bloquée par ce qui ressemblait à un lac. Elle ne l'avait jamais remarquée et en réalité, il ne s'agissait que d'un reste de pluie de la matinée. Elle fit le tour de la flaque, ce qui lui fit perdre à nouveau un temps conséquent. Arrivée de l'autre côté, elle décida de s'affaler à l'abris d'un pissenlit, essoufflée par son effort. Les pétales jaunes l'abritaient du soleil et lui offraient une base de repos parfaite. Le soleil haut dans le ciel faisait scintiller la flaque, lui offrant un spectacle magnifique. Elle semblait hypnotisée par ce spectacle grandiose que lui offrait la nature devant ce beau spectacle, mais au bout de quelques minutes, un bruit vint perturber son repos.

Elle n'avait croisé aucun animal depuis son départ et prenait peur. Elle était si petite et si vulnérable, et elle ignorait tout des êtres qui pouvaient vivre dans l'herbe.

Lentement, une limace orange apparut. Habituellement, la petite fille les adorait. Elle aimait les caresser et les prendre dans ses mains mais ses parents lui répétaient que ce n'était pas propre.

Aujourd'hui, la limace était plus grande qu'elle et la petite prit peur. Peut-être n'était-elle pas aussi gentille qu'elle le pensait ?

- Mais, je te reconnais, lui dit-elle. Tu es beaucoup plus petite, mais je sais que c'est toi. Que t'est-il arrivé ? Lui demanda la limace.

Les émotions de la princesse se mélangeaient et elle ne pu s'empêcher de pleurer en lui livrant tout. Cette nouvelle amie était très à l'écoute. Elle lui avoua sa crainte de ne pas réussir à sauver le pauvre papillon. Elle n'était même pas encore arrivée au labyrinthe et elle était déjà épuisée.

La limace l'écouta jusqu'au bout puis lui proposa son aide. Elle connaissait bien le chemin jusqu'au labyrinthe près duquel elle pouvait trouver les meilleures laitues. Elle lui proposa de grimper sur son corps. La fillette sécha ses larmes, la remerciant grandement. La limace fit ployer le pissenlit pour lui permettre d'arracher un pétale qu'elle plaça ensuite comme une selle sur le corps de la limace avant de s'installer dessus.

La limace commença à avancer, laissant derrière elle une coulée de bave. La petite était bien accrochée et tentait de s'habituer à sa démarche cadencée.

Elle avait compris que sa protégée était inquiète et elle avait une dette envers elle. Un jour, alors qu'elle s'était aventurée sur les marches devant l'entrée du château, un chat l'avait prise pour cible. Voyant ses dernières secondes arriver, elle avait attendu le coup de grâce mais la fillette était arrivée et l'avait protégée.

Depuis ce jour, plus jamais elle n'avait fait l'erreur de s'aventurer si près du château, restant proche de son garde-manger.

Elle avançait donc plus rapidement qu'elle ne l'avait jamais fait, ce qui n'était pas habituel pour les membres de son espèce. Pendant le trajet, elle sentit la petite fille s'endormir contre elle. Elle aurait besoin de toutes ses forces pour affronter le labyrinthe.