Chapitre 3 : Des yeux rouges

Une fois remonté, je me dirigea vers ma salle de bain. Je me regarda dans le miroir et fut surpris par mes yeux. Mes iris étaient rouges comme le sang. Et j'avais une cicatrice le long de la gorge qui me rappellerait éternellement le précédent rituel sacrifice. J'avais peut-être d'autres marques de ce dernier. J'enleva mon t-shirt et vis sur mon épaule droite un tatouage. Une croix renversée rouge.

Il fallait que je me résume la situation. Tout mon entourage m'avais donné en offrande au diable. Ensuite, une entité m'avait proposé un pacte pour me faire vivre. J'avais ensuite tué mes proches et perdu tout mes sentiments.

Je voulais des réponses et quelqu'un non loin de là devait les avoir :

- Ell-Naoh ?

- Oui ? Qu'y a-t-il ?

- Dis-moi, qu'es-tu ? Et quel est la nature de notre pacte ? Je veux tout savoir !

- Eh bien, si tu insistes, écoute bien, je ne me répéterais pas. Je suis un démon banni des enfers. Ne demande pas pourquoi, je te prie. Pour ce qui est de notre pacte, c'est ce qu'on pourrait appeler... une possession consentie.

- Je suis donc possédé, très bien. c'est un petit peu étrange, mais soit, je n'ai plus vraiment le choix.

- Tu comprends vite, tu me plais beaucoup. Ton caractère a beaucoup changé en l'espace d'une journée. Cela s'explique par la fusion de nos esprits.

Sa voix résonnait dans ma tête, si je parlais avec lui en public, j'allais être pris pour un fou. De toute façon mes yeux et ma cicatrice vendraient la mèche.

- Très bien, nous allons donc devoir coexister. Pourquoi pas ? Et, qu'allons-nous accomplir ensemble ?

- Tuer d'autres démons, Dieu, Satan, devenir maîtres de tout les mondes. Cela te convient-il ?

Son objectif était quand-même assez compliqué à atteindre. Tuer Dieu ? Cela me paraissait impossible. Tuer Satan également. Mais c'était de sa faute si j'avais été envoyé au sacrifice. Cela promettait un long périple.

- Allons-y, répondis-je. Je ne suis pas très confiant, mais qui ne tente rien n'a rien, comme disent les ancêtres. Par quoi allons nous donc commencer ?

- Quel enthousiasme ! Quelle ardeur ! Je vois que j'ai bien choisi. Nous devrions bien nous entendre. Mais avant de te réjouir, bien que tu n'en ais pas l'air, je préfère te prévenir sur un point, quand je te dis que nous allons vivre tout les deux, j'entends par là rien que tout les deux. Cela te pose-t-il problème ?

- Pour la seconde fois, je n'ai visiblement pas d'autre choix que de me plier à ta volonté. De toute façon, je n'ai plus ni famille, ni petite amie, ni rien. Je les ai tous tué. Et puis je ressens l'étrange besoin de mieux de te connaître. Accepteras-tu de répondre à chacune de mes questions ?

- Bien sûr, cela va de soi. Cependant, je ne répondrai qu'à une par lune.

Les choses commençait à se préciser tout doucement. Un démon banni, hein ? En se rebellant contre Satan, en plus ! Au moins ça, tiens. Je ne pouvais pas prouver si ce qu'il disait était vrai ou faux, mais je n'arrivais qu'à lui faire confiance. J'avais le sentiment de toujours l'avoir connu, et désormais, il faisait partie intégrante de mon être, et j'allais devoir vivre avec lui jusqu'à la fin. Jusqu'à ma fin. Jusqu'à notre fin.

N'empêche, cela allais faire bizarre de vivre sans mes parents, sans Lola et Jean. Mais je ne me sentais absolument pas triste, ou énervé. J'étais même très calme. Apaisé. Avec une certaine impression de bien-être.

- Je pense que tu l'as remarqué, me dit une voix en me sortant de mes pensées, mais il va être difficile pour toi de passer inaperçu désormais. Tu vas devoir te trouver un bel habit pour cacher ta cicatrice et ces yeux écarlates. Je te suggère un manteau noir.

Forcément, je devais m'habiller en noir... Logique. En guise de réponse à mon autre moi, j'acquiesçais devant le miroir. Avant de partir chercher ce manteau, je devais prendre une douche pour enlever le sang qui me maculait le corps. Une fois ceci fait, je me rhabilla avec des vêtements propres.

Je redescendis les marches et vu du coin de l'œil la trappe menant à la cave où il y a cinq minutes à peine j'avais été tué. Où il y a cinq minutes à peine, j'avais vécu une seconde naissance. Je pouvais aussi voir le cadavre de mon défunt père qui semblait me fixer de ses yeux vidés de toute vie. Qu'il ne repose pas en paix. Je ne pouvais que lui souhaiter d'éternels tourments.Il faudra un jour se débarrasser des corps, des preuves qui se trouvaient dans cette maison. Il était maintenant temps de partir.

Je tourna la poignée de la porte d'entrée, et sorti de chez moi. Le soleil nous illuminait, et m'éblouissait, par la même occasion. Je me sentait presque aveugle.

- Ell-Naoh ? J'imagine que tu as oublié de me parler des effets secondaires de cette «possession consentie» ?

- Oh ? Suis-je bête ! En effet, mais je préfère que tu les découvres par toi même.

- Très bien. Soit ! Mais si je meure, qu'adviendra-t-il de toi ? Les démons peuvent-ils mourir ?

- Oui, ils le peuvent, par deux manières. Et je ne répondrai à ta question que lors de la prochaine lune.

Je ne lui répondit pas. Il m'agaçait. Était-ce si compliqué de répondre à une question si simple ? De plus il disait ne pas vouloir répondre à mes questions mais avait répondu à une autre. Il devait l'estimer comme étant moins importante, sans doute.

Je tenta donc tant bien que mal de marcher vers un endroit où je pourrai trouver de l'ombre. Trop compliqué. Je décida donc de rentrer chez moi prendre un manteau à capuche, une casquette ou quoi que ce soit, mais en me retournant vers mon foyer...