Chapitre 4

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En rouvrant les yeux, je suis allongée sur le sol de la scène, tous les élèves et Cécile m'entourant inquiets.

Qu'est ce qui s'est passé ? Aie, j'ai mal à la tête ! Argh... Mais si c'est vrai, il y a eu la vision de ma sœur et une espèce de force invisible m'a poussé sur la scène. Et j'ai... Non ? J'ai parlé ? Pourtant, je ne peux toujours pas produire de sons... Comment est-ce possible ? Il faut que je parte d'ici, et au plus vite !

 "Mykkä ! Tu vas bien ? Tu as reçu un sacré choc à la tête, tu n'as pas trop mal ?"

Je la fis taire en mettant mon index devant ma bouche, lui signifiant que je n'étais pas apte à parler. Sydän m'observait en coin, encore bouche-bée de ma prestation et n'osait s'approcher de moi. Je lançai un regard rapide sur les élèves, Cécile, Sydän, et m’enfuis sans un mot de plus. Mme Aurinko devant venir nous récupérer, elle essaya de m'appeler, mais je fis sourde oreille. Je marchais, ou plutôt courrais, tête basse en direction de l'arrêt de bus le plus proche. Une fois rentrée chez moi, mes parents m'accueillirent chaleureusement et me tendirent les bras. Je fis mine de les ignorer et m'enferma dans ma chambre.

Qu'est-ce qu'il m'a pris bon sang ? Et pourquoi Elämä m’est apparu, comme ça, d'un claquement de doigts, devant moi ? Je deviens complètement folle !

 "Tu n'es absolument pas folle Mykkä. Je ne suis peut-être qu'une illusion, mais je suis là pour toi. Pour que tu te guérisses de ma mort et..."

Tais-toi ! De quel droit tu te permets de me jeter sur la scène ? De quel droit tu t'autorises à apparaitre et disparaitre quand bon te sembles ? De quel droit, Elämä, de quel droit tu oses te mêler de ma vie ? Tu es morte ! Morte ! Tu sais à quel point je souffre ? Je meurs à petit feu depuis que tu nous as quitté ! Donc non ! Non tu ne sais pas ! Alors maintenant va-t'en ! Fiche-moi la paix ! Et n'essaie même pas de me faire slamer de nouveau, c'est fini !

 "Mais...?"

Va-t'en !

Et elle disparut aussi vite qu'elle était apparue, me laissant pleurer et sangloter de douleur sur le sol de ma chambre. La journée passa et je m'endormis les yeux remplis de larmes et emplit de désespoir.

Le lendemain, je fus réveillée par ma mère, elle me berça doucement dans ses bras pour me réconforter et m'apporta mon petit déjeuner au lit.

 "Chérie, je vois à quel point le deuil de ta sœur te ronge de l'intérieur. Le rendez-vous avec ta psychologue cet après-midi va te faire le plus grand bien. Et n'oublie pas que tu es peut-être muette, mais tu as des tas de moyens de communiquer. Livre-toi à ta psy, déballe-lui tout ce que tu as sur le cœur, je te garantis que tu en as besoin. Tu me promets de le faire ?"

 Je hochai la tête avant d'enfouir ma tête dans les bras de ma mère. Mes parents souffrent autant que moi, je le vois, mais ils font tout le possible pour garder la tête haute devant moi.

 "Je t'y emmènerais en voiture tout à l'heure, tu veux que je vienne avec toi ou tu préfères y aller seule ?"

 Je fouillai mon sac de cours pour trouver mon ardoise. Et bien sûre, tête en l'air que je suis, je l'ai oubliée au club. Je sortis alors mon téléphone et lui répondit par SMS.

Seule. Mais ça me ferait plaisir d'aller faire les magasins, pour m'acheter de nouveaux habits, après le rendez-vous avec toi si tu veux bien. J'accompagnai mon message d'un smiley clin d’œil.

 "Avec plaisir Honey !"

J'adore quand elle m'appelle comme ça.

 Je souris à cette pensée.

 "Je te laisse te préparer, on part à 14h."

Je passai mes trois heures libres à lire un de mes livres préféré : Poète S. L'héroïne, une jeune adolescente poétesse, avait subi un traumatisme similaire au mien et défoulai toutes ses émotions dans son carnet où était réuni des dizaines de poèmes. Je m'identifiai énormément à elle, j'avais lu et relu ce livre une bonne cinquantaine de fois.

Lorsque ma mère frappa à la porte, je pris mon sac et ma nouvelle ardoise que ma mère était allée acheter en vitesse après notre discussion et rejoignit la voiture. Une fois arrivées à l'hôpital, je remplis deux trois papiers administratifs et m'installa en salle d'attente. Mme Swan ouvrit sa porte quelques minutes plus tard et m'intima d'entrer.

 "Assis toi Mykkä. Comment vas-tu dis-moi ?"

 Je répondis la réponse qui me paraissait la plus évidente : Extrêmement mal.

 "Raconte-moi un peu ce qu'il s'est passé dernièrement.

 -J'ai parlé... Slamer pour être précise. J'ai déclamé un de mes poèmes devant une dizaine d'élèves de mon lycée et ma professeure de français. Je sais pas ce qu'il m'a pris. Ma sœur m'est apparu en vision et j'ai comme été... poussé par une force invisible sur la scène. Et bien sûr, je me suis évanouie, ça faisait longtemps...

 -Comment l'as-tu vécu ? Tu te sentais libérée au moment où tu as parlé ?

 -En y réfléchissant bien, c'est vrai que j'avais comme l'impression que j'étais devenu un lion qui rugissait toute sa colère, sa douleur, sa tristesse, tout ce qu'il avait sur le coeur. Et oui, ça m'a fait un bien fou ! Mais c'était beaucoup trop puissant, d'où mon évanouissement...

 -Tu as accumulé énormément d'émotions et de sentiments en toi depuis la mort d'Elämä. Beaucoup trop. Tu dois ouvrir ton cœur à quelqu'un, pour te soulager. Que ce soit à moi, à tes parents ou à Sydän. Mais tu dois le faire. Rapidement. Et ta vision, qu'as-tu vu précisément ?

 -Ma sœur. Elle m'encourageait fortement à monter sur scène pour slamer. Sa dernière phrase était : "Pense à moi, vis-moi, respire-moi, slam moi, je t’aime ma sœur !". Vous pensez qu'elle a voulu me dire quoi ?

 -Qu'elle vivait à travers toi. Tu ne le ressens pas ? Elle est en toi à chaque seconde, son corps n'est plus mais son âme, elle, si ! Tu dois surmonter cette épreuve. Et Elämä est la clé de ta guérison, en particulier au travers de tes poèmes.

 -Mais je n'y arrive pas...

 -Bien sûr que si. Ton passage sur scène est déjà un gigantesque pas en avant ! Et tu devrais recommencer.

-Hors de question ! Vous avez vu dans l’état que ça me met ? Vous vous êtes liguées contre moi avec Mme Renard sérieusement !

 -Je ne veux que t'aider Mykkä, tout comme ta professeure.

-On va arrêter là pour aujourd'hui, j'en ai assez entendu, ma mère vous rappellera, si prochain rendez-vous, il y a.

 -Comme tu veux. Passe une bonne journée et repense à ce que je t'ai dit."

 J'émis un grognement, ma spécialité, et sortis rejoindre ma mère qui m'attendais dans la salle d'attente.

 "Comment ça s'est passé ?"

 Mon regard noir et un énième grognement furent une réponse claire.

 "On a reçu ça d'ailleurs pour toi."

 Elle me tendit une enveloppe que j'ouvris avec mes ongles.

 "Mlle Kuu, nous avons le plaisir de vous annoncer que vous avez été sélectionné pour participer à la prochaine édition de notre célèbre concours de slam. Blablabla Au plaisir de vous y retrouver dans deux semaines !

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