Chapitre 5 - La douleur des damnés

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 C’était un enterrement. Le mardi 8 mars 2016, la cérémonie en hommage à Noah (Nunzio) avait lieu. Tous ses proches y étaient, et Flynn (Barbos) restait malgré tout impassible. Rien ne pouvait lui faire plus de mal qu’une personne follement amoureuse de lui mourant heureuse dans ses bras. Un tas de personnes venaient le voir et lui disaient que Noah l’aimait beaucoup mais malgré tous ces gestes d’attention, Flynn resta là, ne laissant apparaître aucune émotion ou encore à acquiescer lorsque cela s’imposait, en train de méditer sur lui-même. S’il éprouvait finalement des sentiments envers Noah ou si ce n’était seulement preuve d’amitié de sa part…

Du côté des agents de Lutakko, Aaron était sauf, seulement encore un peu secoué par ce qu’il venait d’arriver à son appartement. Il était déjà debout, toujours le mot de Barbos dans sa main mais Artémis restait couchée au sol. Elle tenta de se lever mais n’y parvenait pas. Aaron ayant vu cela, saisit son bras qu’il mit sur ses épaules pour pouvoir la soulever :

“Est-ce que tout vas bien Artémis ? Vous êtes blessée ?

  • Je, répondait-elle en marquant de courtes pauses entre les mots, il me semble oui. Je dois avoir...comme une petite fracture à la jambe en effet. Ça ne te dérangerait pas...de m’emmener jusqu’à chez moi ?
  • Non ça ne me dérange pas mais c’est plutôt pour vous que je m’inquiète, tout ce trajet à pied ça va prendre un sacré bout de temps…
  • Mais non, rétorqua ainsi l’agent 37-1 en souriant pour se retenir de rire, on va pas y aller à pied ! Prends ma voiture vas. Je sais que tu as le permis...même si tu conduis jamais.
  • Pour ma défense je conduis mais je préfère éviter parce qu-

La femme prit un ton plus grave comme pour se moquer de son ex-apprenti/ami

  • "Parce que cette terre est déjà mise à mal jusqu’au cou et que je ne veux pas empirer son état en conduisant lorsque je peux marcher.” Oui je sais je te connais par cœur Aaron.
  • Bon très bien, allons-y dans ce cas.”

Aaron porta donc Artémis sur plusieurs mètres jusqu’à sa voiture où il l’installa sur la banquette arrière avant de prendre le volant avec son ex-mentor lui indiquant le chemin. Les deux agents ne parlaient que très peu malgré cela. À vrai dire, Artémis indiquait le chemin à prendre tout en cachant sa douleur à Aaron qui, quant à lui, concentré sur la route à prendre tout en cachant lui aussi plusieurs douleurs qui lui prirent soudain au ventre sans aucune raison apparente. Après quelque temps, la douleur que ressentait Aaron était trop forte et il dû s’arrêter un moment sur le bord de la route et sortir de la voiture prendre un peu l’air. L’agent 37-1 voyait son apprenti vraiment à mal comme jamais il ne l’était auparavant alors elle ouvrit la fenêtre de la voiture pour lui toucher quelques mots :

“Aaron ? Est-ce que tout va bien ?

  • À vrai dire, répliqua Aaron en se tenant le ventre, pas vraiment.
  • Qu’est ce qu’il se passe ? Répondit Artémis d’un air inquiet.
  • Je euh… L’un de mes proches a quitté ce monde.... Et ça fait mal. Comme un vide au ventre… C’est horrible.
  • C’est lié à tes pouvoirs ? Tu m’avais dit que tu avais un lien comme télépathique avec les personnes qui ont reçu des pouvoirs en même temps que toi.
  • Oui c’est sûrement ça. Mais là, c'était si soudain et c’en est si douloureux. C’est le deuxième du type que je perds aujourd’hui mais celui-là fait bien plus mal. Je le connaissais depuis longtemps et...je l'appréciais beaucoup. Ça fait d’autant plus mal…
  • Je suis désolée pour toi Aaron. Je...je ne sais pas vraiment comment t’aider dans ce cas là. Mais saches que si tu as besoin de te confesser à quelqu’un, je suis là pour t’aider.
  • Merci Artémis. Ça me fait chaud au coeur. Bon, si on reprenait la route ? que tu puisses te guérir chez toi.
  • Oui en effet, ce serait préférable.”

Un sourir pouvait être lu sur le visage d’Artémis, un sourir qu’elle n’avait pas arpentée depuis longtemps aujourd’hui. Aaron après quelques instants donc, pris le volant et continua le trajet toujours une douleur au ventre.

“Et bien. Être triste ne me va pas du tout. Ça dégrade mon teint et ma beauté naturelle, mon dieu où es-tu passé !”

Flynn de son côté était rentré de la cérémonie à la mémoire de Noah, dans sa ligne de métro. Il semblait toujours aussi égocentrique de l’extérieur mais même s’il le reniait, ce décès avait bien plus d’impact sur lui intérieurement. Il n’en avait tout simplement pas encore conscience et il devait simplement ouvrir l’accès à ses sentiments.

À l’arrière de la voiture, Artémis était de plus en plus faible ; commençant à voir trouble. Dans un dernier élan d’énergie, elle annonça à Aaron son adresse au lieu de continuer à la guider puis elle s’évanouit. L’adresse donnée était toute proche et Aaron arriva enfin sur place après cinq minutes de trajet supplémentaire environ. L’agent 248 sortit en trombe de la voiture pour aller voir son amie et tenter de la réveiller mais rien à faire. Alors il l’a sorti du véhicule avec la plus grande délicatesse dont il était capable puis, après avoir fermé la voiture se dirigea vers la porte de la maison d’Artémis. Celle-ci, comparé à l’appartement miteux d’Aaron, avait une apparence moderne avec une entrée extrêmement sécurisée. Cette dernière disposait de multiples capteurs à son entrée dont un scanner rétinien et un capteur à empreinte vocale par exemple. Aaron passa toutes les mesures de sécurité en moins d’une minute et allongea Artémis sur son lit puis couru dans la maison le matériel pour la soigner.

“Tout ça. Tout ça pour des pouvoirs ! Sérieusement Noah. T’aurais pas pu mourir d’une manière plus noble ? Il n’aura même pas assister à mon mariage avec l’agent 248. C’est franchement honteux mon petit. Et dire que je t’ai trouvé ce pseudo débile il y de ça des années pour que tu puisses te faire un nom en tant que héros. Avec des pouvoirs comme les tiens t’aurais pu devenir quelqu’un de plus noble que moi ; un simple criminel qui ne pense qu’à lui. Éliminé par le projet Zéro parce que moi, BARBOS, VOULAIS DES POUVOIRS !!! Pourquoi tu m’as suivi ? Pourquoi tu ne t’ai pas enfui en me laissant mourir comme la pourriture que je suis ?! Je ne suis pas digne de toi Noah. D’aucune manière !”

Aaron était de retour dans la chambre d’Artémis pour lui appliquer les soins pour lesquels il pouvait substituer. Quelques minutes plus tard, alors qu’Aaron était toujours en train d’appliquer les soins à son ex-mentor, celle-ci se réveilla faiblement, le sourire aux lèvres en voyant Aaron autant s’appliquer. Les yeux à peine ouverts elle prit la parole si brusquement qu’agent 248 sursauta :

“Et bien Aaron dis-moi, ça joue aux apprentis docteurs ?

  • Ahh...Tu m’as fais peur. Et puis il faut bien non ?
  • Oui bien sûr. C’est juste que vu ta tête tu m’as fait penser au Dr.Astron de β1. Une vieille connaissance qui me manque un peu je dois dire…
  • La branche bêta ? C’est pas la branche à côté. Et puis comment t’as fait pour passer d’une branche à une autre ? C’est quoi tes types de contacts au juste ?
  • Oh tu sais, un ou deux contacts de la branche delta et c’est réglé.
  • Oui pas faux...ça aide un peu beaucoup en effet.
  • Et euh, tant que j’y suis, j’aimerais te dire quelques petites choses…
  • Vas-y dis toujours. On a rarement des moments aussi calmes que celui-ci.
  • Depuis le décès de T.47 tu es devenu bien froid, plus distant et tu n’arrêtes pas de te cacher derrière ce “devoir” de capturer Barbos. Je voulais simplement m’assurer que ton deuil se passait bien.
  • Un deuil n’est jamais facile à endurer Artémis. Notamment lorsque la personne est comme T.47, si gentille et si sûre d’elle… J’aurais aimé être comme elle…
  • Mais il n’y avait pas que ça n’est-ce pas ?
  • Comment ça ? C’était mon apprentis, il n’y avait rien de plus.
  • Oh je t’empris Aaron. Tu sais que ça se voyait dans tes yeux ? À chaque fois que tu posais un regard sur elle, ça se voyait à deux kilomètres à la ronde.
  • Mais de quoi tu parles Artémis ? Franchement tu me laisse perplexe là…
  • Et bien ! Je savais que tu étais coincé sur le plan sentimental mais je pensais pas que c’était à ce point là. Tu l'aimais Aaron. Tu étais tombé amoureux d’elle !
  • Ce… Ça... se voyait autant que ça...?
  • Mais oui bien sûr Aaron, ça crevait les yeux. Et en voyant ton attitude ces derniers temps, tu n’as toujours pas fait la paix avec sa disparition. Je sais, malheureusement par expérience, que c’est dur de faire le deuil de quelqu’un qu’on aime de cette manière. Mais le deuil est un passage obligatoire dans ces cas-là. Depuis que T.47 nous a quitté, tu restes isolé loin de tout le monde. Change toi les idées, vois du monde, fricote avec des inconnus moi j’en sais rien mais je t'en pris ne t’isole pas et fais la paix avec toi même. Tu en as besoin.
  • Bon, voilà, ces premiers soins sont terminés. Plus qu’un peu de repos pendant 1 mois avec cette attelle et tu en auras normalement plus beso-
  • Aaron !
  • Oui, désolé... J’essaie d’éviter le sujet.
  • Non ne t’inquiète pas c’est normal. Ne soit juste pas autant tout le temps autant enfermé sur toi même.
  • Oui euh...je vais faire ce que tu dis. Je vais aller voir du monde et puis...tenter d’en parler à quelqu’un. Merci pour ça Artémis.
  • Ne me remerci pas Aaron. Vas plutôt chercher mes béquilles en haut de mon étagère derrière toi.
  • Ah oui bien sûr.
  • Et puis ce serait plutôt à moi de te remercier pour ces soins.
  • Bon aller, repose-toi. Je reviendrais te revoir dans une semaine d'accord ?
  • D’accord. Et bon courage pour ce soir !
  • pour ce soir ?
  • Oh arrête ! Je te connais par coeur, je sais que tu vas aller au Sunset Bar maintenant.
  • Chut et repose-toi d’accord !
  • Compris patron !”

Sur ces dernières paroles, Aaron sortit du bâtiment en faisant un geste de la main à Artémis à travers sa fenêtre et partit en direction du centre ville, à pieds, tout en méditant sur ce que lui avait dit Artémis au préalable. Change toi les idées et fait ton deuil… Alors oui il se dirigea vers le Sunset Bar, un lieu qu’il aimait particulièrement dont il n’était pas retourné depuis longtemps. Ce dernier n’était pas le plus fréquenté de la ville mais il était placé à son épicentre ce qui facilitait la venue des clients. Aaron y allait fréquemment avec T.47 mais depuis son décès il n’y était toujours pas retourné. Finalement, Aaron y passa les 3 derniers soirs, sous l’effet de l’alcool il oublia même de se nourrir et de fumer, ce dernier oublia pour son bien finalement. Le service du bar qui le connaissait bien ne l’avait jamais vu comme ça et ça en inquiétait beaucoup les membres. L’une des serveuses s’approcha de Aaron qui n’était finalement pas réellement lui suite à ses dernières boissons :

“Qu’est ce qu’il se passe Aaron ? Je t’ai jamais vu comme ça et ça m’inquiète beaucoup. Est-ce que tout va bien ?

  • Comment tu veux que tout aille bien ? Sérieusement ? Cette terre est prise sous le chaos et tout le monde meurt autour de moi ! D’abord Paige, puis Noah et le pire, mon amour secret est mort dans mes bras par ma faute !”

Suite à cette déclaration, il fonda en larmes sur le comptoir. Un homme entra dans le bâtiment et s’installa à côté de Aaron sans s’en soucier plus que cela et commanda un verre. Après quelques minutes, l’homme demanda ce qui arrive à Aaron qui était à ses côtés :

“Dites moi, qu’est ce qui lui arrive au juste ?

  • Oh. Encore un qui se reproche la mort de son amour secret, c’est devenu banal depuis que la terre toute entière est devenu un bain de sang.
  • vois, moi aussi je viens à peine de rentrer d’un évènement comme celui-ci. Et oui je confirme c’est pas simple à vivre.
  • Vous aussi vous avez perdu un être cher ?
  • Oui en effet si tant est que je le compte comme tel. C’était mon second et il m’accompagnait partout et tout le temps. Et c’était lui qui était amoureux de moi et il ne s’est pas gêné pour me le faire voir mais bon ; je n'ai jamais vraiment été amoureux et en plus de ça je dois maintenant faire le deuil de cette personne. Aller, à la votre.

La confession qui avait lieu à côté de Aaron l’interpella et il leva la tête en essuyant ses larmes d’un regard désolé.

  • Vous aussi monsieur vous avez perdu quelqu’un ? On est dans le même bateau on dirait.
  • Il semblerait oui.
  • Dans ce cas je me présente, je suis Aaron FRELICK, ex-agent d’une société gouvernementale ! Et toi t’es qui ?
  • Moi je suis Flynn ILCANEAS, ex-scientifique en physique moléculaire, ravi de te rencontrer.
  • Moi de même Flynn.”

 Les deux hommes se serra la main, Aaron d’un air soulagé.

-Θmicro 17/05/2020

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