29 - le début

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Une nouvelle vie commença. Les premières fois ensemble, nous sommes retournés au club. Non pour profiter des activités, mais pour renouer des liens sociaux. C’était l’unique endroit où nous étions connus pour ce que nous étions vraiment et ce que nous avions vécu.

Plusieurs membres nous avaient contactés régulièrement, pour maintenir cette camaraderie particulière. Ce n’était pas de l’amitié, mais le lien de ceux qui ont affronté ensemble la difficulté, l’épreuve.

Notre arrivée n’avait pas été programmée, mais l’activité cessa immédiatement. Nous avons traversé les salles dans un silence religieux, chacun nous regardant avec dévotion, formulant une admiration, nous étreignant avec émotion. Une fois installés au bar, le défilé débuta. Tous voulaient échanger quelques mots, le plus souvent pour décharger la commotion du spectacle auquel ils avaient assisté.

Plusieurs mois s'étaient écoulés. La cicatrisation se terminait. Nous n’avions plus de pansements, mais la peau rose vif de nos poignets restait sensible. Nous avions retrouvé l’usage de nos mains, avec une rééducation sévère. Heureusement que toutes les professions étaient représentées dans ce club !

À la demande répétée, nous avions retroussé nos manches pour exposer nos bras. L’émotion de chacun à leur contemplation nous montrait que cela avait été une épreuve partagée.

Bien que ce fut l’hiver, un weekend spécial fut organisé à la maison, pour nous faire visiter le lieu et le déroulement de notre supplice. Je demandais l’organisation d'une cérémonie en mémoire d'Arthur.

Arrivé dans le noir, je n’avais bien sûr pas pu remarquer tous les aménagements réalisés pour notre supplice. Je pris alors seulement conscience de l’organisation mise en place, des financements nécessaires, de l’implication de tous. J’avais avancé seul sur ce Golgotha, ignorant la foule qui m’accompagnait.

Le détail de la préparation nous fut déroulé. Je restai extérieur à ces informations, incapable de me sentir concerné et de faire le lien avec un vécu qui se transformait en un cauchemar dont on se réveille.

La vidéo originale du martyre défila devant mes yeux. Malgré la monstruosité de l’action, je fus profondément ému, sans toujours pouvoir le rattacher à un de mes souvenirs. La préparation et l'arrivée de la troisième croix me furent insupportables, sans que je puisse baisser les yeux devant la beauté cruelle d'Arthur. Mes larmes coulaient, mon cœur était sec.

La cérémonie fut très sobre, sans discours, sans musique, dans un recueillement qui mit chacun devant l’horreur à laquelle il avait participé.

En rentrant, nous nous retrouvâmes dans les bras l’un de l’autre, longuement, dans une dernière étreinte, pour évacuer l’hallucination que nous avions vécue et partagée.

Christopher avait repris sa vie, même si nous nous retrouvions régulièrement. Nous sommes restés des heures, incapables de nous décoller.

Ce weekend avait décalé ma visite à Berck et j’y suis monté le jeudi.

Ma vie bascula à nouveau.

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