11 - la corde

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En retrouvant mon bureau, je retrouvai Arthur le nez trop plongé sur son ordinateur pour ne pas afficher sa gêne vis-à-vis de moi. Sa franchise témoignait de son attachement. J’avais cette responsabilité et je ne devais pas le décevoir. Je n’avais pas perçu cette symétrie, cette continuité : Arthur dépendait de moi, et moi de William. Sauf que ces dépendances étaient incompatibles. La réunion allait commencer et nous devions y aller. Je me plaçais derrière lui, me penchai pour lui poser un baiser dans le cou en lui susurrant :

— Tu es un mec en or ! Je t’aime !

Puis la voix forte :

— On y va ?

J’attendais ses yeux. Je ne fus pas déçu !

Le soir, apaisé, voulant parler d’Arthur à William, je me pressais. Il m’attendait, souriant. Je me liquéfiais, fondant d’amour pour ce garçon qui me possédait. Après m’être défait, nous nous assîmes. Il parlait de tout et de rien. J’ai mis du temps à remarquer ce qu’il y avait à terre et à froncer les sourcils, m’interrogeant sur cette présence. Il leva les yeux et je remarquai alors seulement la grosse poulie accrochée au piton du lustre.

Je me tournais, interrogatif.

— Jérôme chéri, je t’ai observé. Je crois que tu aimes bien recevoir des châtiments.

— Pas du tout, mentis-je, me rappelant la diatribe d’Arthur.

— Je ne te crois pas. Peu importe. Je pense que tu dois payer pour avoir introduit ton amant dans mon lit.

— Mais toi…

— C’est chez moi, ici ! Je fais ce que je veux. Si tu préfères me payer un loyer…

— Si tu veux ! Nous sommes ensemble, mariés, à égalité…

— Tu crois vraiment ? C’est moi qui dois penser à tout. Toi, tu ne fais qu'obéir. C’est trop facile !

Visiblement, ce soir, aucune rationalité n’était possible. Autant le laisser poursuivre dans son délire, quitte à l’arrêter s’il dépassait les bornes. Je l’avais bien fait la veille…

— Tout nu !

L’ordre claqua. Je n’avais jamais pu résister à ce ton. Et puis nu, sachant son adoration pour mon corps, je pourrais l’amadouer !

Il s’approcha de moi, tapota d’un air satisfait la petite structure métallique, puis me fit tendre les bras et m’attacha deux gros bracelets de cuir épais et rembourrés, munis d’anneaux, qu'il relia entre eux.

Je trouvais ça plaisant. Il m’invita à me mettre au milieu de la pièce, puis entreprit de me lier les chevilles.

— William ?

— Tais-toi !

Je ne compris ce qui m’attendait que lorsqu’il passa la corde dans la poulie.

— William !

— Silence !

Je n’étais pas en position pour me défendre. Il passa la corde dans les anneaux des bracelets et commença à tirer.

— William ! S’il te plait…

Une gifle me cloua. Il s’éloigna pour revenir avec une boule qu’il m’inséra dans la bouche, avant de la serrer derrière ma tête. Il reprit la corde et tira brusquement, me déchirant les épaules. Sous la douleur, ma vessie se relâcha et je ressentis l’humiliation de mon urine dégoulinant le long de mes jambes. Mes pieds ne touchaient plus le sol. L’étirement était insupportable et ma vue brouillée par les larmes. J’étouffais, n’arrivant plus à respirer. J’allais mourir. Je m’étais fait piéger et William, mon amour, allait me tuer. Je ne pensais qu’aux conséquences pour lui, un procès, la prison…

— Tu vois, tu es raisonnable maintenant. On va attendre un petit peu. Tu es bien ? Ça va passer.

Il souleva la cage :

— Jérôme, tu n’es pas propre ! Tu nettoieras après.

Il n’allait donc pas me tuer !

Il quitta la pièce. Je l’entendis faire de bruit dans la cuisine. Je devrais aussi nettoyer ses maladresses. Il revint, s’assit devant moi en mangeant tranquillement.

— Tu es très beau dans cette position. Tu me fais bander !

Je m’habituais à la douleur, et même, je ressentais une petite euphorie. Ce n’est que plus tard que j’appris qu’on pouvait se shooter aux endorphines ! J’aurais pu rester des heures, maintenant, ainsi pendu. Il avait fini son repas, l’abandonnant en plan sur la table. Il se leva, me fit tournoyer, tandis qu’il se déshabillait. À chaque tour, j’apercevais un peu plus de son corps désirable. Il était en érection, magnifiquement dressé. J’eus envie de lui.

Il me descendit doucement. Incapable de me tenir debout, je m’effondrais. Il me tira par les cheveux, retira la boule pour la remplacer par sa turgescence. J’avalais avec plaisir son offrande, à genoux, les pieds et les mains toujours liés. Il se défit, me fit lever les fesses et me posséda avec une énergie phénoménale. Jamais il ne m’avait autant comblé.

Je tombais sur le côté et m’évanouis.

J’étais étendu sur le lit, et William me regardait avec ses yeux doux. En voulant me redresser, la douleur dans mes articulations me rappela ce que je venais de vivre.

— Ça va ?

— Oui, murmurai-je, pas trop convaincu de cette réponse attendue.

— On recommencera ? J’ai aimé. Beaucoup !

— On verra !

— Jérôme, tu vas t’endormir. Tu ne peux pas laisser le salon comme ça, ça pue ta pisse !

C’était demandé avec gentillesse. En souffrant le martyre, je suis allé passer la serpillière, ranger la table et la cuisine : il ne supportait pas le désordre en se levant.

Il dormait sur le dos, le sexe à nouveau dressé, sans doute emporté dans un rêve où je l’accompagnais. William le magnifique, William adoré !

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