10 - Malade !

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Le lendemain, je choisis un pantalon pas trop moulant ; ceux que je préférais, et qui m’attiraient souvent des regards dans la rue, très collants, laissaient trop deviner la structure. J’avais hâte de partager ma nouvelle joie avec mon petit frère.

Ce dernier en arrivant me regarda avec des yeux de bonheur. Que sa présence à mes côtés était vivifiante !

Ce ne fut qu’à l’heure du repas que je pus le retenir, promettant aux autres que nous allions les rejoindre à la cantine. Je fermais la porte, me plantait devant lui et lui annonçai,en descendant mon pantalon et mon slip :

— Regarde !

Sa tête me surprit. Alors que je m’attendais à ce qu’il partage ma joie, l’atterrement la ravageait.

— C’est quoi ?

— Une cage de chasteté ! Maintenant, c’est William qui gère mes érections !

— On ne pourra plus…

— Arthur, c’était exceptionnel, je te l’ai dit !

— Pourquoi as-tu accepté ?

— Parce que ma raison de vivre, c’est lui ! Parce que ça lui fait plaisir et que c’est ça que j’aime : lui faire plaisir !

— Mais tu dépends de lui, pour ça ! Ce n’est pas normal !

— Oui et non ! En me contraignant, il porte la responsabilité de mon bonheur.

— Pour autant qu’il en prenne soin !

— Oui ! Je n’ai rien à lui reprocher !

— Et les marques rouges ?

— Un jeu qui me plaît, même s’il marque ma peau.

Un frisson le parcourut.

— On peut se parler ? On peut sortir et manger un sandwich dans le parc ?

— Arthur…

Il m’implorait, j'obtempérai.

— Jérôme, je suis perdu ! quand je suis arrivé, tu m’as pris sous ta coupe, même plus. Tu as su m’ouvrir, m’inciter à parler. Tu m’as… fait l’amour. Tu m’as débloqué. Je ne sais pas si tu te rends compte de tout ce que tu m’as donné. J’ai tellement changé, grâce à toi. Je veux vivre, maintenant.

J’avais agi selon mon instinct, mu par un sentiment d’affection. Je n’avais pas eu conscience de m’être tant impliqué dans sa vie. J’étais très heureux d’avoir pu l’aider. Je le lui dis, en profitant pour lui annoncer ce que je venais d’apprendre : son embauche était validée. Je lui expliquai que nous étions maintenant trop proches pour travailler ensemble quotidiennement. Mais nous continuerions à nous voir.

Sa réaction me désappointa, puisqu’il ne réagit pas.

— Jérôme, on verra. Je ne suis pas sûr…

— Mais, Arthur…

— Tu as pris l’image d’un père, d’un frère, d’un guide. Tu ne te rends pas compte de l’importance de ta place dans mon esprit et mon cœur. J’ai une admiration sans bornes pour toi.

— Arthur, je ne mérite pas tant d’éloges. Je l’ai fait parce que, toi, tu es plein de qualités.

— Jérôme ! Ton truc, les traces sur ton corps, ta soumission à ton mec… En plus, j’ai remarqué comment tu t’occupais de l’appartement : c’est toi qui fais le ménage, la cuisine, la lessive…

J’enchaînai machinalement :

— … le repassage, les courses, la gestion.

— Putain, Jérôme ! cria-t-il. Tu es sa bonniche, son esclave. Il te domine pour tout. Et maintenant, ton…

— Arthur…

— Je ne peux pas continuer avec toi ! C’est trop contradictoire entre le Jérôme que j’aime, que j’admire, dont j’ai besoin et la loque soumise à un pervers !

— Arthur, c’est ma vie, c’est mon choix. Je suis heureux de cette soumission à celui que j’aime. Cela me donne des sensations d’une force incroyable.

— Tu es un malade ! Tu m’as dit que ta mère se méfiait de ton William. Elle a raison ! Quitte-le avant d’être réduit au pire. Tu vas en mourir. Et je ne le veux pas !

Il se leva rageusement. Ses paroles sur la possibilité qu’il ne donne pas suite me terrassaient. En quelques semaines, lui aussi avait pris une place importante dans mon cœur. Une séparation, non : une disparition, me briserait. Je voulais continuer à le voir vivre, à le cajoler, mon petit frère adoré. Je ne croyais pas trop au caractère exceptionnel de notre weekend : j’y avais trouvé une plénitude, similaire à celle de ma première rencontre avec William.

Je jetais mon sandwich. Ce gamin me mettait devant un choix impossible : lui ou William. Naïvement, je pensais vivre en parallèle mes deux amours. Il n’avait pas tort : William avait changé et renforcé son emprise dès l’arrivée d'Arthur, avant même que nous fassions un peu connaissance. Il avait senti un changement bien avant que je ne le perçoive, un changement qui pouvait m’écarter de lui.

Ce qu’il m’imposait prouvait son amour et son attachement pour moi. Un flash me le fit voir, nu, dans sa musculation fine et délicatement apparente sous sa peau laiteuse. Ses yeux me regardaient avec force et volonté, ce regard qui me faisait céder si facilement. J’assumai tout, mais ce n’était pas une contrainte, plutôt une habitude prolongée. À la maison, avec ma mère, très vite, j’avais pris en charge toutes les tâches ménagères. Maman faisait des heures supplémentaires pour nous faire vivre décemment et cela était le seul moyen pour qu’elle puisse me consacrer du temps et de l’attention.

William avait une emprise permanente sur moi. Il décidait pour tout et pour moi. Pourtant, au boulot, je dirigeais un budget et une équipe importante, je savais décider et mes résultats le prouvaient.

Alors…

Alors, c’était notre relation, notre équilibre. J’étais bien dedans. Arthur, ma mère, y voyait quelque chose de malsain, de pervers. Je ne comprenais pas pourquoi.

Arthur était jeune. Je lui avais ouvert des portes. Il me hissait trop sur un piédestal. Il était encore jeune, avec une partie de lui bloquée sur son traumatisme. Il se cherchait. Non seulement il avait emprunté le string préféré de William, mais il avait aussi adopté son parfum. Le premier jour où je l’ai senti sur lui, le trouble m’empêcha de lui en faire la remarque.

Oui, ce jeune homme me faisait tourner la tête. Sous mes caresses, il avait été un amant fabuleux, malgré ses blocages. J’avais senti sa force pour les dépasser, pour moi. Vivre avec lui serait infiniment doux.

William, Arthur ? Leur pensée déclenchait la même réaction dans le bas de mon corps. La contrainte me rappela ma nouvelle condition.

Ce que je refusais encore de voir et d’accepter était ma curiosité pour de nouvelles choses. Au-delà de la soumission, de la contrainte, il y avait de la souffrance, qui pouvait être une belle source de sensations, avec de nouveaux horizons à atteindre.

Et si Arthur rencontrait William ? Si nous vivions à trois ?

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