9 - la cage

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William arriva maussade. Je m’étais préparé, voulant le mettre en joie. Il me regarda à peine. Inutile de lui demander ce qui s’était passé. De telles sautes d’humeur lui arrivaient parfois. Il fallait attendre, simplement, qu’il évacue. Il s’allongeait alors sur le ventre et ne supportait ni geste ni parole. Il fonça vers la chambre. Aussitôt, j’entendis un hurlement :

— Jérôme !

Je rappliquais immédiatement.

— C’est quoi, ça ?

Son ton dégouté désignait le boxer d’Arthur. Le garnement avait farfouillé dans nos tiroirs, exhibant avec délectation nos sous-vêtements. Il avait choisi un des strings préférés de William, minuscule. Je le lui avais offert, espérant que sa disparition passerait inaperçue. Il s’était changé, poussant sans doute involontairement son caleçon sous le lit. Je ne l’avais pas vu ! Bel acte manqué ! De toute façon, j’en aurai parlé à William, l’expérience avait été trop belle pour ne pas la partager, avec le secret espoir de recommencer à trois, comme avec Stéphane.

— Le caleçon d'Arthur ! Je lui ai offert ton string bleu en échange.

— Ce sont mes affaires, mon appartement. Tu n’as pas le droit. Dégage. Casse-toi d’ici !

Essayer de le raisonner ne ferait qu’aggraver la situation. Je pouvais passer une nuit à l’hôtel, le temps qu’il se calme. J’attrapais un sac.

— Disparais immédiatement ! Pas la peine de tortiller du cul pour m’amadouer.

Il dépassait les bornes. Je me mis face à lui et lui crachai à la gueule. Il devint livide sous l’affront. C’était la première fois que je lui tenais tête. Avant sa réaction, parole ou coup, j’enchaînai :

— William, je t’aime et je tiens à toi. Protège-moi contre toi !

Sa colère se dégonfla. Il me tourna le dos, partit dans le salon, agita le tiroir de son bureau et revint avec un objet dans la main et son plus beau sourire.

— Pardonne-moi. J’étais fatigué et énervé. Moi aussi, je t’aime. Moi aussi je tiens à toi, à notre couple. Viens !

Il m’enlaça, m’embrassa, comme avant. Mon William était de retour !

— Jérôme, je voulais te faire un cadeau. J’attendais que tu sois prêt, mais je crois que le moment est bien choisi. Regarde !

Il ouvrit la main. Dedans, une petite cage. À tous les coups, il avait vu ma petite moue d’intérêt quand Stéphane nous en avait apporté des échantillons, un ou deux ans avant. Cette attention me toucha. C’était confier ma sexualité à mon bien aimé, lui offrir la maîtrise de ma jouissance. D’autant plus que j’avais une utilisation très réduite de cette force dans ma relation avec lui. Je modulais ma satisfaction.

— Mon cœur, tu ne pourras plus profiter pleinement de moi…

Il était fou de mon sexe, pouvant jouer avec pendant des heures, me provoquant parfois des bleus.

— Mon amour, c’est un sacrifice que je fais volontiers pour toi. Ta protection avant tout ! Tu acceptes ?

Je déglutis.

— Ça te ferait plaisir ?

— C’est avant tout le tien. Et je sais que me faire plaisir est une de tes qualités.

— Alors, je veux bien. Tentons la chose. Combien de temps ?

— Jérôme chéri, si tu acceptes, c’est totalement. C’est moi qui ai la clé et je déciderai seul de ta libération. Ou pas.

Quelle différence ? Cette nouvelle dépendance me tentait.

— William, je suis entièrement à toi !

— Très bien ! J’aimerais te la poser en t'attachant, pour en faire une étape importante et marquer cette dépendance.

Aussitôt, je me déshabillais, m’offrant à lui en m’étendant en croix. Retrouver cette position activa mes souvenirs, déclenchant un début d’érection, tandis que William tendait les lanières. Il fut déçu de mon état, obligé de réduire la taille par une pratique, que j’appréciai d’autant plus que c’était la dernière avant longtemps. Il prit du temps pour bien tout faire rentrer dans l’étroite grille. Se sentir ainsi contenu ne pouvait que provoquer une nouvelle réaction, douloureusement réduite. C’était donc ça ! Apprendre à contrôler ses érections. Ça allait me plaire !

— Merci, William, c’est merveilleux !

— Mon petit Jérôme, j’ai cru percevoir que tu avais aimé quand je t’ai corrigé. Si tu veux, puisque tu es déjà en position, on peut rejouer.

Je ne contrôlais pas encore mon corps ! La cage me fit ressentir mon désir.

— Je ne veux pas te demander ça. Tu étais fatigué en rentrant !

— Te faire plaisir, me fait aussi plaisir.

Il se rapprocha, passa son doigt sur les traces.

— Elles sont encore fraiches. On passe de l’autre côté ?

Il me retourna sans défaire les liens des bras, augmentant la douleur et m’empêchant tout mouvement. À peine le dernier nœud achevé, qu’un coup terrible cingla mes fesses. J’avais la tête dans la couette et il n'entendit ni mes cris, ni mes demandes de clémence. L’arrière des cuisses fut abondamment frappé, le bas du dos. Les brulures me vivifiaient, m’obligeant à me tortiller, ce qui déclenchait des douleurs dans mes étirements. Soudain, la pluie cessa, remplacée par une fraicheur bienvenue. William embrassait chacune des traces. J’attendais la suite avec impatience. Le temps de se déshabiller, il me chevauchait, m’empalant pleinement, alors que mon sexe tentait de faire exploser le fer des barreaux. Puis il disparut sans me détacher et me consoler. Abruti de souffrances, je plongeai dans un état semi-comateux, réveillé par les étouffements dans le drap.

Ce n’est qu’au milieu de la nuit que je retrouvai mon William bienveillant. Avoir enduré cela pour cette récompense me provoqua un immense bonheur.

En allant aux toilettes, je réalisai que je ne pouvais plus le faire debout, comme un homme. Cette petite humiliation me plut. En revanche, je constatai que cela serait compliqué chaque fois, puisque la cage empêchait un jet facile. Décidément, cet objet était source de petits plaisirs

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