8 - Weekend

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Le lendemain, bien que le torse douloureux, j’avais fait vite, pour être là avant Arthur. Il avait eu la même intention. Il eut un mouvement de recul, surpris de me voir. Je me levais, ouvris les bras. Il hésita et accepta mon étreinte. Pas question de baiser. Il commença :

— Je suis désolé…

— C’est passé, oublié. Comment vas-tu ?

— Bien ! Non, mal. J’ai beaucoup réfléchi…

— On en reparlera.

— Pourquoi tu m’as dit « Je t’aime » avant de raccrocher ? Tu veux vivre avec moi ?

— Pas du tout ! Je suis marié et ne compte pas divorcer ! Je t’aime comme mon petit frère, infiniment, tendrement.

— Je…

— Allez, au boulot !

Dans la matinée, nous échangeâmes des regards. Il était concentré sur sa tâche, mais je devinais son travail souterrain, car il relâchait ses épaules, relevait sa nuque. Il était en train de grandir sous mes yeux. Au repas, il nous étonna, car il s’affichait souriant et osa participer à des échanges.

Quand Bernard, le lourdaud de l’équipe, lui lança : « Tu as changé ! Tu t’es trouvé une petite amie ? », je le fusillai du regard. Le soir, avant de partir, il revint devant moi, attendant mon accolade.

Ce weekend, William devait descendre dans sa famille. J’étais non gratta depuis que nous vivions ensemble, encore plus depuis notre mariage, dans l’intimité, uniquement avec nos amis et ma mère. Je soupçonnais la jalousie de Clothilde à l’œuvre.

Juste avant de partir le vendredi soir, je proposais à Arthur de passer le lendemain. Il avait aussi prévu de retourner dans sa province et, sans me répondre, il me sauta au cou et sur son téléphone pour tout décommander.

Je savais que je faisais une double connerie. J’avais envie de passer un long moment avec mon petit frère, en tout respect, sans trahir William, même, si, pour la première fois, j’introduisais un étranger chez nous. Faisant la lessive et le lit, je savais que William n’avait pas couché seul durant certains (tous ?) de mes déplacements. Nous étions à égalité, après tout. Même si l’appartement, spacieux, appartenait à ses parents et qu’il avait la délicatesse de ne pas me demander de loyer.

À peine William parti, qu'Arthur sonnait ! Ils avaient dû se croiser en bas de l’immeuble. Il était comme un chien fou. Toute sa retenue avait disparu. Je m’amusais à le regarder fureter, fouillant même dans les affaires de William. Il voulait tout connaître de moi, sous entendu de la vie homosexuelle. Il n’y avait rien de spécial ! Une peinture ancienne avec un éphèbe nu dans une pose lascive était la seule note osée. Plus discrètement, quelques vidéos, des sous-vêtements spéciaux, des gels, des gélules dans la pharmacie. Sauf le tiroir, qu’il ouvrit sans vergogne.

— C’est quoi ?

— Une collection d’objets qu’un de nos amis nous fait tester.

— Des trucs pour…

— Oui !

— Tu me montres ?

— Je ne t’ai pas invité pour ça !

— Juste la journée, ou…

— On verra. Viens.

Nous nous installâmes sur le canapé. Il reprit ses questions, voulant savoir d’où je venais. Je lui racontais mon père inconnu, ma mère infirmière, se battant pour me soutenir et payer mes études, mes petits boulots d’été.

— Et comment elle a su ?

— Parce que nous n’étions que tous les deux et que je lui parlais de tout ! Sans penser à mal, je lui avais raconté simplement ma découverte avec Romain, mon cousin, et le plaisir partagé. Elle m’a expliqué l’homosexualité, comme une chose naturelle, me disant immédiatement les rejets, la haine que cela pouvait entraîner. Elle me dit la discrétion nécessaire, tout en m’encourageant à m’accepter totalement.

— Tu me la présenteras ? Elle doit être merveilleuse.

— Elle n’aime pas beaucoup William, me répétant qu’elle sent quelque chose de pas net. Mais je suis sûr qu’elle sera contente d’avoir un nouveau fils !

Ce n’est qu’après le déjeuner qu’il revint sur Fabien et le viol.

— Tu as été trop violent en me disant ce mot. J’ai tout de suite pensé au tribunal, à la prison et surtout un grand bandeau sur moi avec ces quatre lettres énormes. L'infamie absolue...

Je ne répondis pas. Je voulais le laisser aller au bout de ses conclusions.

— Et puis, d’une certaine façon, il m’a rendu service. Je t’ai dit que j’y avais quand même trouvé du plaisir. Tu sais… je ne t’ai pas tout dit.

Il me fixait, comme pour me demander pardon.

— Il était venu chercher un logement. Il avait trouvé, pas loin de chez nous. Un jour, à la sortie du collège, il était là. Il m’a suivi et, une fois seul, il m’a abordé. Il était gentil, très différent de la chambre. Il s’est excusé. Beaucoup trop. C’était très gênant pour moi. Alors, quand il m’a proposé de l’accompagner pour faire la paix, je n’ai pas pu dire non. Une fois chez lui, il m’a dit qu’il voulait le refaire, pour me montrer que c’était bien. Je n’ai pas osé lui dire non, car j’en avais un peu envie. Mais ça a été aussi vite. J’ai eu beaucoup moins mal. Mais j’ai trouvé ça désagréable. Tu vois, je ne suis pas sûr d’aimer ça. Je ne suis pas gay, comme tu me l’as fait dire l’autre soir.

Pauvre gosse, car il avait toujours quatorze ans, figé sur cette agression. Je passais l’après-midi à lui expliquer la sidération, l’emprise. Il se refusait à accepter. Je lui ai parlé de traumatisme, de la nécessité de se faire aider par quelqu’un de compétent, de suivre une thérapie pour se reconstruire. Nous avons diné, en continuant de parler. J’avais besoin de faire une pause. Nous avons regardé un film. Je ne lui avais pas proposé de rester, il ne l’avait pas demandé. Nous nous sommes retrouvés dans le même lit. Il se déshabilla entièrement, puisque cela lui avait été imposé. Qu’il était beau dans sa jeunesse ! Je n’aime pas, mais j’ai fait de même, pour ne pas le gêner. Nous étions allongés côte à côte, sans nous toucher, dans ce lit immense, prévu pour des activités à plusieurs.

Quand il posa sa main sur mon ventre, je ne la lui ai pas écartée. Je ne voulais rien lui imposer, rien lui refuser, l’accepter dans sa progression. Il se mit à explorer mon corps, dans ses moindres recoins, d’abord hésitant, puis prenant à pleines mains mes parties. Je n’osais le toucher, ni lui demander s’il le voulait. La moindre parole l’aurait replongé dans ses doutes.

À un moment, il me prit ma main pour la poser sur son sexe, déjà dur. Je commençais de petites caresses, très douces, cherchant à développer une sensation totale et positive pour lui. Il goûta, car il m'accompagnait de petits gémissements.

Il voulut goûter mon sexe. Après sa découverte, je le repoussais doucement, pour pouvoir lui rendre la pareille. Quelle fraicheur ! Depuis trop longtemps, je n’en connaissais qu’un, deux en comptant Stéphane. Sa vigueur était tellement plaisante. Je le sentis venir. Je m’arrêtai. Il devait tenir, car je savais qu’après sa jouissance, les questions déferleraient à nouveau. Nous avons laissé la tension s’apaiser, dans les bras l’un de l’autre. À un moment, j’entendis un petit rire, suivi de :

— Tu veux bien ?

— Bien sûr !

J’ignorais comment il allait faire et ce qu’il voulait. Il commença à me caresser les fesses. Il voulait donc me laisser dans mon rôle préféré. Peut-être refusait-il aussi de se retrouver dans la même position qu’avec Fabien. Au dernier moment, je le stoppais et, sans un mot, je l’habillais l’enduisit de gel. Je m’en mis abondamment, car je voulais qu’il ne ressente que le plaisir. Je m’offris en me mettant sur le côté, parce que c’est la position dans laquelle les corps sont les plus en contact. Je le laissai faire. Sa maladresse était trop mignonne. Je corrigeais. Quand il fut bien positionné, je lui demandais un baiser, pour l’obliger à bouger doucement.

Il se laissa emporter, avant de s’effondrer sur moi, en me dévorant la bouche. Il restait collé à moi, tandis que je me questionnai sur la suite, le sentant proche de s’endormir. Il murmura mon nom, avant de m’offrir son derrière. Quelle responsabilité ! Je craignais de casser à jamais son désir. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas joué dans cette position. Je commençais par de petits baisers dans son dos, descendant très lentement pour le mettre en tension, dans une attente de délivrance. Plus bas, je continuais, enfonçant mon nez et ma bouche, soucieux de lui apporter un plaisir préparatoire. Quand il fut incandescent, je me préparais très rapidement et abondamment. Il eut une ultime résistance, que je lui laissai effacer par un baiser. Quand il se relâcha, il fut mien. Je le laissai suivre son rythme, avancer selon son ressenti. Son orgasme déclencha le mien, tellement nous étions ensemble. Il colla son ventre contre le mien, me serrant de toutes ses forces. Brutalement, il relâcha tout, endormi sous un merveilleux sourire, parti dans des rêves de bonheur.

Cela ne ressemblait en rien avec mes rapports avec William. Cela avait été délicieux et j’eus honte de les comparer, me demandant s’il n’y avait pas plus de puissance avec Arthur. J’avais accepté, mais avant de m’endormir, mes scrupules revinrent. Il était si jeune !

Le lendemain matin, le réveil se passa en caresses multiples. Il voulut tout recommencer et nous recommençâmes. Ce n’est que sous la douche qu’il osa enfin me demander l’origine des traces rouges sur mon torse et mes cuisses. Ses doigts s’étaient plusieurs fois arrêtés dessus, les caressant, les titillant, ce qui m’avait relancé cet effet spécial.

— Ce sont des marques d’amour.

— Il te bat ?

— C’est un jeu entre nous, librement accepté.

— Tu es sûr ? Tu n’as pas besoin d’aide ? Tu veux en parler ?

Je rigolais sur cette inversion des rôles. Pour éviter mes contradictions, je le plaquai contre la paroi et le pris sans l’avertir. Quand il sortit de sa surprise, il accepta sa situation et en profita.

Avant de me quitter, il me déclara :

— Merci infiniment ! Tu m’as fait grandir. Je n’ai plus peur. Je pourrais revenir ?

— Arthur, c’était une fois. Une fois très importante pour moi et pour toi. Je suis ton grand frère pour la vie. Nous continuerons à échanger. Pas forcément aussi intensément. Ce que nous avons fait t’a aidé, j’espère. Mais il te faut travailler sur cette agression.

Son baiser fut merveilleux !

J’avais à peine une heure pour effacer toutes les traces.

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