Cause 6 : Pourquoi l'eau plate diffère-t-elle autant de l'eau qui pique ?

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C'est très simple, les amis.

Vous avez sûrement voyagé chez tonton Alsace qui, à votre grande surprise, a sorti DEUX bouteilles d'eau lors de la choucroute sacrée. Dans l'une, de l'eau plate. Dans l'autre, de l'eau pétillante, arborant les couleurs d'une marque qui fait la fierté de la région.

Mais voilà que tonton vous demande ce que vous buvez. Que faire ? Que choisir ? Qui pourra vous secourir ?

Moi, évidemment, en vous renseignant sur les tenants et aboutissants d'une telle dychotomie hydraulique.

Il faut d'abord remonter à l'ère Edo japonaise, qui dura de... euh... qui dura assez longtemps.

En ce temps-là, les samouraïs (contraction pour "ça mourra... aïe !", dernière phrase déclamée par le premier d'entre eux), les samouraïs ne buvaient rien d'autre que du saqué, un alcool très fort à base de riz. La raison était qu'on avait pas encore inventé l'eau (la recette ne fut découverte qu'en 1636, lorsque Don Diègue se prit une claque et pleura sa rage, son désespoir et sa vieillesse ennemie.)

Or le problème de l'alcool, c'est que ça fait pas du bien à la tête. Les samouraïs allaient au combat ivres, et on mourait plus d'un coma éthylique que d'un hara-kiri (ancêtre de la vache-kiri, inventée suite à un mouvement anti-suicide qui promulgait la consommation de fromage pour le moral.) Pas très bon pour la guerre, tout ça ! De quoi interroger les dirigeants nippons (ni mauvais, d'ailleurs) sur la question.

On fit alors des campagnes publicitaires dans tout le pays, mais très peu savaient lire les slogans, tels que : "le saqué, ça crée des problèmes" ou encore "ne saquez pas votre vie, arrêtez le saqué."

Face à l'analphabétisme, on décida d'employer les grands moyens : quiconque boirait du saqué se verrait transpercé d'une lame. Bizarrement, le taux d'alcoolisme baissa drastiquement. Les dirigeants en furent ravis.

C'était sans compter sur les américains et leurs grosses bottes. Lorsqu'ils arrivèrent au Japon, et qu'ils virent ce qu'on faisait à ceux qui buvaient du saqué, ils qualifièrent ce liquide transparent "d'eau qui pique."

Or les Japonais, qui n'avait pas la recette de l'eau - la vraie -, la reçurent de ces américains férus de Corneille - voir ci-dessus l'origine de l'eau. La bonne aubaine ! Le saqué et l'eau étant parfaitement identiques en apparence, il devint facile de substituer l'un à l'autre pour tromper les autorités ; plus de risque de se prendre une amande - terme forgé à cause de la forme des yeux qu'on faisait en se prenant une lance dans le bidon. La supercherie parvint toutefois aux oreilles des policiers japonais, qui menèrent alors une politique de contrôle acharnée.

Mais parfois, tandis qu'ils croyaient avoir affaire à du saqué, ils adressaient leurs plus plates excuses en constatant que c'était bien de l'eau. On forgea par le suite le terme d'eau plate, en souvenir de ces policiers pantois qui demandaient pardon.

La dernière idée des autorités fut de glisser des bubulles dans le saqué pour le distinguer d'avec l'eau. Pour ce faire, ils ordonnèrent aux producteurs de riz de souffler dessus - riz soufflé d'aujourd'hui - pour qu'une fois fermenté, il dégage du gaz carbonique et fasse pétiller le saqué. Effet collatéral : le saqué devenait extrêmement doux et fade - de quoi satisfaire les autorités.

Le colonialisme fit son effet, et une famille alsacienne - souvenez-vous de la puissance choucroutière de l'Alsace à cette époque - rapporta la nouvelle "eau-qui-pique" dans le pays de la saucisse. Son nom : Carola.

Aussi si tonton vous demande de choisir entre eau plate ou eau-qui-pique, sachez que la plus grande différence se trouve dans leur histoire : car choisir entre ces deux-là, c'est choisir entre le Classicisme ou les Samouraïs - à vous de voir si vous préférez Corneille à Tom Cruise.

Et puis y en a une des deux qui pique et c'est pas bon.

Voilà. Vous savez maintenant pourquoi l'eau plate diffère autant de l'eau-qui-pique, et je vous jure que c'est vrai. Parole de Causette !

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