Chapitre 2

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J’eus un bâillement en ouvrant les yeux. J’avais bien dormi, peut-être un peu trop. Le vieil homme n’était plus là, me laissant le lit entièrement.

Je me redressai lentement, testant mon appuie sur ma patte. Ma douleur était faible, alors je me levai pour me rendre près de la sortie.

Comment ouvrir ? La porte coulissante était légèrement entrouverte, mais pas assez pour me permettre d’aller de l’autre côté.

Je tentai de glisser mon museau pour pousser mais rien à faire, c’était bien trop lourd pour moi. Je levai donc ma patte abîmée et me mise à gratter doucement le bois. Pas de réaction. Je me levai donc sur mes pattes arrière en m’appuyant sur la porte puis laissai échapper une plainte de ma gorge.

Le son était étrange, cassé, comme si je n’avais pas utilisé ma voix depuis longtemps.

Je retentai une autre fois, mon timbre était déjà un peu mieux.

Je m’éloignai très vite de la porte en entendant des pas. Quelqu’un m’avait entendue.

La porte s’ouvrit sur un nouvel homme que je n’avais jamais vu. Il me paraissait tellement immense ! Ou c’était peut-être moi qui étais petite.

  • Eh bien ? Tu sors ? Je dois refermer.

J’avançais donc et laissai mon regard parcourir l’extérieur.

Nous étions directement dehors et le beau soleil d’été me réchauffa déjà. Un jardin s’étendait devant moi, immense et décoré de nombreux arbres fruitiers. Au centre, une étendue où plusieurs garçons que j’avais vu au repas se battaient à l’épée.

Ce beau tableau me fit remonter un souvenir. Je me voyais avec un homme habillé presque comme eux, un sabre à la ceinture. Nous étions assis sous un pommier mais il me semblait être bien plus grande alors, il me semblait être humaine.

Je gardai cette pensée dans un coin de mon esprit, pour le moment, je ne voulais que profiter de ce délicieux foyer.

Je m’avançai donc jusqu’au bout de la terrasse de bois sur laquelle j’étais puis m’allongeai au soleil en observant les combattants.

C’est qu’ils se battaient bien. Mais mon esprit divagua une fois de plus vers un souvenir. Moi aussi je savais me battre ainsi, peut-être même mieux qu’eux, mais encore une fois, j’étais humaine.

Je reviens de mes pensées alors que les combats cessèrent : deux jeunes garçons venaient d’entrer par le grand portail face à moi. Chacun portait une caisse semblant emplie de nourriture. Une délicieuse odeur de viande me vient aux narines.

Maintenant j’avais faim.

Alors qu’ils apportaient les caisses, je me levai pour les suivre. Celui qui m’avait ouvert la porte s’occupa de leur indiquer où déposer leurs marchandises puis leur donna deux bourses avant de les laisser partir.

Après avoir rapidement regardé dans les caisses il en sortit un petit sachet qu’il emmena dans une autre pièce.

Je préférai rester immobile, assise près de la porte ouverte. Voler n’était pas une bonne idée, surtout que c’était leur provision et qu’ils m’en avaient quand même donné hier. Je devais attendre de voir ce qu’il ferait de ces caisses.

Très vite, une odeur de poisson frit vient me faire me lécher les babines. L’homme revient avec une assiette. Il jeta un œil sur les caisses avant de sourire :

  • Tu es très sage pour un animal sauvage.

Il déposa l’assiette de poisson fumant et resta accroupis à me fixer alors que je dévorais le plat.

  • On dit que les renards sont très intelligents, tu dois bien te douter que si tu voles tu auras des problèmes.

Je fini à ce moment l’assiette et relevai mes pupilles vers lui. Il me sourit, posant une main sur ma tête.

  • Je t’aime bien.

D’une main, il me souleva facilement pour m’installer sur son épaule en récupérant l’assiette.

Après l’avoir déposée dans la cuisine on retourna dans le jardin. Alors que les autres s’entraînaient toujours, on se rendit près d’un cerisier. Je le laissai s’assoir puis descendis sur ses genoux, il eut simplement un sourire en s’appuyant contre l’écorce.

Mais très vite deux de ceux qui s’entrainaient jusque-là, vinrent faire une pause en s’asseyant près de nous.

  • C’est rare que tu laisses une fille montrer sur tes genoux Alex, dit l’un d’eux avant de se mettre à rire.

Celui sur qui j’étais n’esquissa même pas un sourire :

  • Tu es jaloux Franc ? Tu veux être à sa place ?

Ce fut l’autre qui répondit :

  • Moi je veux bien.

Mais Alex le regarda méchamment :

  • Si tu me touche je te la coupe.

L’homme déglutit mais ne s’approcha pas.

Je sursautai alors qu’une chose tomba devant moi. Les trois hommes se mirent à rire. Ce n’était qu’un duo de cerises…

Combien de temps cela faisait-il que je n’en avais pas mangé ? Je ne me souvenais même plus du goût.

Alors je me redressai pour m’approcher de celles qui étaient tombé et les prendre. Mais une pression sur mon ventre me fit de nouveau sursauter. Alex me redressa très vite sur les pattes arrière pour prendre la cerise pendue à mon museau.

  • La tige se mange pas, lâche.

Mais je resserrai mes dents devant le petit fruit rond dansant sur ma langue. Il tira, arrachant la deuxième cerise mais me laissant celle que j’avais dans la bouche. Il poussa un soupire :

  • Il y a un noyau, le mange pas.

Je pressai le fruit contre mon palais jusqu’à ce qu’il s’ouvre. Il était peut-être un peu trop mûr, ou pas assez, mais l’acidité me piqua la langue. J’avalai au plus vite, laissant le noyau dans ma joue pour le recracher ensuite. Plus jamais.

Les trois hommes riaient puis, finalement, Alex me tendit la cerise qu’il avait gardée mais lâchai un faible grognement pour lui faire comprendre que je n’aimais pas. Il sourit et mangea donc la cerise en me reposant sur ses genoux.

Je me reconcentrai sur les combats alors que les deux près de nous se mirent à se chamailler pour aucune bonne raison.

Il me semblait que ce n’était pas simplement des duels. A chaque fois l’un était beaucoup plus doué et donnait parfois des conseils à l’autre.

Cela faisait plusieurs minutes que je les fixai lorsqu’un malaise me prit. Je me redressai, tournant mes pupilles vers le portail encore ouvert. Quelque chose me dérangeait. Quelque chose allait arriver.

Soudain, tous se figèrent alors qu’un immense vacarme vint de l’extérieur des murs protecteurs.

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