Chapitre 1

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Les rires se rapprochèrent, venant égayer le noir de la forêt. Ma respiration s’agita alors que les pas se faisaient plus proches.

Qui était-ce ? Qu’allaient-ils me faire ? Allaient-ils même me trouver dans ces hautes herbes ?

Ma gorge échappa un couinement de surprise alors que la végétation autour de moi s’écarta.

  • Par tous les Dieux, que t’est-il arrivé ?

La voix était rocailleuse mais tendre, un timbre dont l’âge avait fait ressortir les plus belles tonalités. Une main chaude se posa sur mon flanc alors qu’une autre voix ; plus jeune ; se fit entendre :

  • Tu veux l’achever ?

Avec une douceur rassurante, un drap vint autour de moi et des bras me soulevèrent.

  • Pourquoi achever un animal que l’on peut sauver ? fit la première voix.

Mon cœur ralentit à ce timbre bienveillant.

Etais-je sauvée ? L’autre homme allait-il revenir ?

Je ne pus tenir plus longtemps, le noir envahit ma vision.

La douce chaleur d’un jeu de bois, accentuée par le moelleux d’une couverture. Mon corps semblait moins souffrir. Alors j’ouvris les yeux. Les flammes me fascinèrent un instant, mais très vite des voix vinrent enfin éveiller mon ouïe :

  • Que de bonnes nouvelles, si on continue comme ça le roi va nous rendre visite.

De légers rires répondirent puis une autre voix beaucoup trop enjouée prit la parole :

  • Bon, maintenant on mange quoi ?
  • C’était à Frank de faire le repas il me semble.

Un soupire puis des pas qui s’éloignent.

Ils devaient être dans une pièce proche de la mienne puisque je les entendais mais ne les voyais pas. A vrai dire, il n’y avait pas grand-chose là où j’étais, la cheminée de pierre, quelques coussins entassés dans un coin et un vase. Mais mon cœur était déjà réchauffé, c’était un foyer très agréable.

Je me redressai un peu plus, mais ce simple geste alluma une brûlure intense dans l’une de mes pattes ainsi que mon dos. Je me rallongeai très vite en gémissant. Non, mon corps n’allait pas mieux visiblement.

Je baissai les pupilles, j’étais couverte de bandages pourtant, peut-être me fallait-il juste patienter afin que mes blessures se referment.

Un bruissement retentit finalement, comme une porte que l’on coulisse.

  • Tu es réveillée.

Je pus enfin mettre un visage sur cette voix rassurante. Un homme âgé comme je l’avais ressenti, sa barbe et ses longs cheveux grisonnants étaient pourtant encore bien fournis.

Il se pencha vers moi, me fixant de ses yeux ciel inquiets.

  • Tes blessures ne sont pas encore guéries, tu dois éviter de bouger.

Je restai donc immobile à le fixer. L’une de ses mains se leva vers moi après un instant, se posant sur ma tête. Une douce caresse qui me fit fermer les yeux.

  • Tu n’es pas un renard sauvage toi, n’est-ce pas ?

Bonne question, qui étais-je exactement ? Je ne le savais pas, je ne me souvenais plus.

Finalement l’homme porta ses deux mains de chaque côté de moi pour me soulever.

  • Aller, tu dois avoir faim.

Oui, énormément.

Il prit la couverture également puis on passa la porte coulissante pour arriver dans une plus grande salle où une dizaine d’hommes étaient installés. Le vieil adulte s’assit à une place libre et me déposa emmitouflée dans la couverture sur ses genoux.

  • Pourquoi es-tu autant aux petits soins avec un simple renard ? lui demanda l’un des autres.

L’homme sourit en posant sa main sur ma tête, je fermai les yeux de nouveau mais restai attentive à leurs paroles :

  • Il faut toujours soigner ceux dans le besoin, même s’il s’agit d’inconnus ou d’animaux.
  • Ça aurait pu être un démon qui jouait la comédie.
  • Mais ça ne l’est pas, ses blessures étaient réelles.

Une porte s’ouvrit à ce moment, laissant entrer un autre jeune adulte portant plusieurs plats. Il les déposa au centre du cercle puis repartit en chercher d’autre.

Rien que l’odeur me fit relever le museau. Depuis quand n’avais-je pas manger de vrai plat ? L’homme contre lequel j’étais tapota gentiment entre mes oreilles :

  • Du calme, tu vas en avoir.

Tour à tour chacun se servit dans les plats présents. L’homme prépara une assiette juste pour moi.

  • Au moins un qui aime ta cuisine, s’étonna l’un des hommes en me regardant dévorer le repas.

Celui près de moi rectifia d’une voix amusée :

  • C’est une femelle.

Des sourires apparurent très vite :

  • C’est bien la première fois que tu laisses une fille entrer ici.

Cette fois ce furent des rires qui emplirent la salle.

Ils étaient joyeux, c’était agréable.

J’avais trop mangé, alors, pendant qu’eux finissaient, je m’allongeai sur les jambes du vieil homme, faisant attention à ma patte et mon dos.

Une belle vie dans un foyer aimant qui commençait.

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