Je suis allongée dans mon lit, deux jours ont passé depuis l'enterrement de Calypso. La télé est allumée et je regarde un film stupide et sans intérêt en mangeant des amandes caramélisées. Le caramel, c'est mon péché mignon, j'adore ça et j'en mets partout. La porte de ma chambre s'ouvre et Carli débarque en sautillant.

- Salut, toi ! s'exclame-t-elle en se laissant tomber sur moi.

- Pousse-toi, t'es lourde, râlais-je en la repoussant, sans grande conviction.

- C'est méchant ça ! rigole-t-elle en m'ébouriffant les cheveux.

- Mais arrête, grognais-je.

Carli éclate de rire et je souris. Je préfère quand elle est heureuse, peu importe le prix à payer. Carli en a trop fait pour moi, pour essayer de me sauver de moi-même. C'est à moi de l'aider et de tout faire pour qu'elle soit comblée.

- Je comprendrais jamais comment tu peux manger ses trucs ignobles, se lamente-t-elle en jetant un regard dégoûté vers mes amandes.

Si il y a bien une chose sur laquelle nous sommes différentes c'est ça. Carli hait tout ce qui contient du caramel, tandis que moi, c'est comme une des merveilles du monde.

- Et moi, je comprendrais jamais comment tu fais pour ne pas aimer le caramel, soufflais-je.

- C'est beurk, grimace-t-elle.

Je ris de bon coeur et elle vient se caler à côté de moi.

- Bon, on regarde un film ? Enfin, un vrai, pas ça, propose-t-elle.

- Ouais, je t'avoue que c'est pas vraiment un chef d'oeuvre.

Ma meilleure amie lance le premier Harry Potter et pose sa tête contre mon épaule.

- J'ai quelqu'un à te présenter, annonce-t-elle alors que nous sommes concentrées sur le fim.

- Ah oui ? fis-je, intriguée.

- Oui. Enfin, plusieurs personnes, je les ai rencontré il y a quelques jours, mais avec tout ce qui s'est passé, j'ai pas voulu en rajouter, se justifie-t-elle.

- Eh, je serais ravie de les rencontrer, assurais-je en la voyant jouer avec le pli de son T-shirt.

- C'est vrai ? me demande-t-elle en retrouvant son sourire.

Je hoche la tête et seulement dix minutes plus tard, nous voilà debout. Je pousse Carli hors de ma chambre et me change rapidement.

- D'habitude, tu t'en fiches que je sois là quand tu te changes, bougonne-t-elle lorsque je sors en enfilant mon sweat.

- Tu vas pas bouder pour ça, quand même, râlais-je.

On descend et je préviens ma mère que je sors. On rentre dans la voiture de Carli et elle démarre, on rejoint ses nouveaux amis dans un café au centre-ville.

- Viens, ils nous attendent à l'intérieur, déclare-t-elle en me tirant par la main.

On entre et Carli m'entraîne à une table, près de la petite scène qui accueille de jeunes talents.

- Salut, je vous présente Alexis, ma meilleure amie, annonce-t-elle.

- Enchantée, je m'appelle Liam, se présente l'un des deux garçons.

- Et moi, Justin.

- Lucy, se présente la seule fille.

Liam est plutôt grand, il a la peau foncé et ses cheveux noirs sont coupés court, il a des yeux bruns, presque noirs. Justin est plus petit, il est roux, a le visage recouvert de taches de rousseur et des yeux verts rieurs. Quant à Lucy, elle est plutôt mignonne. Elle a des cheveux blonds au carré, coloré d'un épaisse mèche rose sur la gauche, des yeux bleus magnifiques et des fossettes quand elle sourit. Je m'installe entre elle et Carli.

- Je suis ravie de vous connaître, assurais-je.

- Et nous alors ! Carli parle sans cesse de toi, s'exclame Lucy.

Je regarde Carli, de légères rougeurs sont apparues sur ses joues mais elle sourit.

- C'est pas de ma faute si je t'aime trop, réplique-t-elle.

- Moi aussi, j't'aime, Carli.

- Vous savez, si vous êtes ensemble, vous pouvez nous le dire, hein ? Liam est gay et Lucy, bi, déclare Justin.

- Ouais, on a rien contre ça, promet Lucy.

- On est pas du tout ensemble, rigolais-je.

- Vous êtes malade ! Moi, avec elle, jamais, ajoute Carli.

Je remarque le visage de Lucy changer d'expression, elle a l'air de se détendre. Je pense tenter ma chance, elle est belle et je suis sûre qu'elle est très gentille. Et puis, si j'ai une copine, Carli comprendra peut-être qu'elle peu vivre sa vie comme elle le souhaite.

- Bon, alors, vous êtes en couple ? demandais-je en regardant Lucy, tout particulièrement.

Cette dernière hoche la tête de droite à gauche.

- Oui, j'ai un copain depuis deux ans, répond Liam.

- Ouais, assure Justin.

- Cool, on pourra les rencontrer ? s'exclame Carli.

- Bien sûr, on aura qu'à se faire une sortie ensemble, assure le grand basané.

- Et sinon, vous avez quel âge , demandais-je.

- Vingt et un, répond Liam.

- Dix-neuf pour moi, vingt dans deux mois, sourit Liam.

- J'en ai que dix-huit dans un mois, souffle Lucy.

- Moi aussi, j'ai dix-huit ans.

- La même, ajoute Carli.

Carli a demandé le redoublement pour pouvoir rester avec moi lorsqu'on m'a obligé à refaire mon année de seconde. Elle voulait qu'on passe notre bac ensemble et qu'on reste dans la même classe.

On parle avec eux une bonne heure. J'apprend que le petit-ami de Liam, Rémy, est psy et que celle de Justin, Carmen, fait des études pour être prof. Quant à eux deux, Liam est web designer et Justin ne sait pas encore ce qu'il veut faire.

- C'est ma mère, elle a besoin de me voir maintenant. Je te dépose, Lex' ? me demande-t-elle en se levant.

- Je vais rester un peu, si ça te dérange pas, fis-je.

- Pas de problème.

Elle vient claquer une bise sonore contre ma joue et fais un signe aux autres avant de quitter le café.

- Bon, je vais vous laisser, moi aussi. Je dois rejoindre Rémi, déclare Liam.

- Je vais aussi y aller, Carmen vient de rnetrer, elle m'attend, s'excuse Justin en se levant à son tour.

Il ne reste plus que Lucy et moi.

- On va faire un tour ? proposais-je à la blonde.

- D'accord.

Je paye nos boissons sous le regard accusateur de Lucy et on sort, la blonde continuant à me faire la morale.

- Le parc ? demande-t-elle en me regardant.

- Bonne idée.

On rejoint le parc à pied et on commence à marcher côte à côte entre les arbres. C'est apaisant, Lucy est silencieuse à mes côtés, mais ça simple présence est agréable. On se cale contre le rebord d'un pont, le regard rivé vers l'horizon. Les reflets du soleil qui débute sa descente sur l'eau est magnifique, tout comme elle. Je la regarde et la détaille. Cette fille est un ange, elle est adorable et vraiment jolie.

- C'est beau, hein ? demande-t-elle

Elle tourne la tête vers moi et nos regards s'accrochent.

- Oui, magnifique, soufflais-je.

Elle sourit. Oh, bon sang, ce sourire.

- Merci.

- De ? fis-je, envoutée par sa voix légère.

- M'avoir amenée ici, c'est sympa.

Nos visages sont de plus en plus proches, comme attirés par une force invisible.

- À quoi tu penses ? demande-t-elle dans un souffle.

- À toi, répondis-je, la voix rauque.

- Et je peux savoir ce que tu te dis ?

- Que tu es vraiment, mais alors vraiment, très belle, murmurais-je.

Elle rougit et je peux sentir son souffle chaud sur mes lèvres lorsqu'elle prend la parole.

- Tu l'es plus que moi, réplique-t-elle, à voix basse.

- Impossible. Tu es littéralement la plus belle femme sur Terre, promis-je, charmeuse.

- Je pense pas. Tu...

Je presse doucement mes lèvres contre les siennes pour la faire taire. Une main sur sa joue, l'autre au creux de sa hanche, ses bras autour de mon cou, mon coeur fait des bonds dans ma poitrine. Comme si, cette fille était tout ce qu'il m'avait manqué ces derniers temps.

- Wow, fait-elle contre mes lèvres.

- T'es belle et t'embrasse bien, riais-je en caressant sa joue.

- Tu...

- Je ?

- Tu penses pas qu'on va un peu vite, enfin, on vient juste de se rencontrer, bégaye-t-elle.

- C'est vrai, mais, personnellement, ça me dérange pas, souris-je en espérant pouvoir la convaincre.

- Qu'est-ce que tu attends de moi ? demande-t-elle en baissant la tête.

- Eh, si tu n'as pas envie, je ne te forcerais pas. Mais, tu veux bien qu'on essaye ? promis-je ne lui relevant le menton et en effleurant ses lèvres des miennes.

- D'accord.

Je la serre contre moi, profitant de cette bulle dans laquelle on s'est enfermé.

- Je te raccompagne chez toi ? proposais-je.

Elle acquiesce et on part en direction de son appartement. Je sens sa main effleurer la mienne, comme si elle hésitait. J'entremêle nos doigts et dépose un baiser sur sa joue. Son visage vire au rouge et je pouffe.

- Arrête de te moquer de moi, grommelle-t-elle.

- Je me moque pas, c'est mignon.

Je ne sais pas ce qu'il m'arrive. J'ai l'impression que Carli déteint sur moi. Je n'ai jamais été aussi douce et calme que maintenant.

- C'est là, m'indique-t-elle.

Je me mets devant elle.

- Tu veux monter ? Justin et Carmen sont sûrement déjà là mais ça ne les dérangera pas.

- Non, je vais rentrer chez moi. Par contre, je viens te chercher demain soir, à dix-neuf heures, soit prête, assurais-je.

- Très bien.

Je passe mes bras autour de sa taille, la colle à moi et l'embrasse. Ses mains se glissent dans ma nuque et empoignent mes cheveux, je mordille sa lèvre et nos langues se rejoignent.

- À demain, jolie fille, lançais-je en me détachant.

- À demain, Alexis.

Je me lui souris une dernière fois et fais un coeur avec mes mains, elle rigole, m'envoie un baiser et disparaît dans le bâtiment. Je rentre chez moi, mon sourire ne me quittant pas. Quand j'arrive, ils sont déjà à table. J'embrasse ma mère et salue mes frères et ma soeur, avant de m'installer à ma place entre Logan et Brooke.

- Désolée, j'ai pas vu l'heure, m'excusais-je.

- Tu as rencontré quelqu'un ? Je ne t'ai jamais vu aussi rayonnante, me questionne ma mère.

- Maman, soupirais-je.

- Comment une ratée comme toi pourrait se trouver quelqu'un ? rican Steven.

- Chéri ! Je sais que vous ne vous entendez pas, mais tu pourrais agir en adulte quand même, c'est ma fille, je te rappelle, grimace ma mère.

Au fond, même si je ne le montre pas, ses paroles me blessent. Pas parce que c'est lui qui les prononce, mais parce qu'elles sont vraies. Je suis une ratée et je ne comprends pas ce que Lucy me trouve ou pourquoi Carli reste avec moi ?

" Une goutte de joie peut guérir une mer de tristesse " - Antonio Cuomo