2. Alexis Morales

4 minutes de lecture

Plus que deux petites heures et je pourrais enfin me barrer. La rentrée était réellement le pire jour de l'année, Mme Mayers nous répète ce qu'on a déjà entendu deux fois, trois pour ma part. C'est d'un ennui pas possible, pour passer le temps, assise au dernier rang, près de la fenêtre, je griffone des mots sur une feuille, dessine dans les coins, écris de courts textes. J'ai toujours aimer écrire, c'est pour ça que j'ai choisi d'aller en littéraire, le problème, c'est que je suis loin d'être une bosseuse. Pas que je veuille pas avoir de bonnes notes, je n'y arrive pas, j'ai beau tout essayé, la littérature est la seule moyenne qui me permettent de réussir. Je sens que l'année sera longue, très longue.

Poussant un soupir, je jette un regard sur les élèves de ma classe. Tous semblent dans le même état que moi, ennuyés et las, même Summer Russell et Caden Weaver, les deux plus gros intellos. Au fond, à l'opposé de ma place, je remarque la fille qui m'a bousculée tout à l'heure, celle que j'ai frappé. Je souffle, elle est penchée sur un cahier, un stylo à bille noir à la main, elle paraît concentrée. Je me demande bien ce qu'elle fait, est-ce qu'elle écrit, ça m'en a tout l'air ? Est-ce que comme pour moi, l'écriture est un échappatoire ? Est-ce qu'on ne serait pas si différente que ça, finalement ? Secouant la tête vivement, je rejette ses pensées qui traversent mon esprit.

Midi. Enfin libérée, je sors rapidement et m'adosse au mur devant le lycée. C'est Carli, ma meilleure amie qui me ramène. Je suis allée faire un scandale au proviseur quand j'ai compris que nous n'étions pas dans la même classe. Je sais qu'il la changera de classe au cours de la semaine.

- Hey, poulette ! s'exclame Carli en me sautant dessus.

- Descends de là, saleté, répliquais-je, le sourire aux lèvres.

Carli est la seule avec qui je peux enlever mon masque, la seule qui arrive à me faire sourire. Je lui dis tout, enfin presque.

- On y va ? crie-t-elle.

- Je suis juste à côté de toi, pourquoi tu cris ? m'exclamais-je.

- Parce que c'est drôle ! s'écrie-t-elle à nouveau.

Je pousse un soupir d'exaspération, mais rigole en entrant dans la voiture, côté passager.

- En voiture, Simone ! fit-elle en allumant la radio.

Elle chante à tue-tête et je ne peux m'empêcher de rire et de m'y mettre moi aussi.

- Tu restes manger à la maison ? demandais-je.

- Si gentiment demandé, bien sûr, répond-t-elle en souriant.

On sort de la voiture devant chez moi et on rentre.

- Maman, c'est moi ! Carli, reste manger ! criais-je.

- Alex ! s'écrit mon petit frère de 8 ans en me sautant dessus.

- 'Lut Logan ! Regarde qui est là, dis-je en le reposant.

- Carli !

Elle a, elle aussi, le droit à un gros calin.

- Bonjour ma chérie. Carli, comment vas-tu ma grande ? déclare ma mère en venant nous saluer.

- Super et toi ? réponds mon amie avec assurance.

- Très bien également. Alexis, tu peux monter voir si Morgan est réveillé, s'il te plaît ?

- Bien sûr, j'y vais.

Je monte pendant que Carli parle avec Logan, qui lui raconte ses péripéties. En entrant dans la chambre, j'aperçois mon petit frère qui me fixe de ses grands yeux presque noirs. Je le récupère et redescends au salon. J'ai une famille plutôt nombreuse, nous sommes six enfants, cinq à vivre à la maison. Je dépose Morgan dans sa chaise haute, ma mère nous signale que le repas est prêt, Logan et Carli s'installe tandis que j'appelle les jumeaux. Brooklyn et Dakota arrivent en courant et se disputent une nouvelle fois avec Logan la place à côté de Carli, c'est comme ça à chaque fois qu'elle vient.

- Brooke, Dakota, ça suffit. Logan était assis le premier, les gronde ma mère en posant le plat de pommes de terres sautées sur la table.

On mange dans la bonne humeur, chacun raconte un peu sa journée et Carli nous parle de ses vacances au Mexique. Il est 14 heures losqu'elle part rejoindre ses parents chez elle. Après l'avoir raccompagnée à sa voiture, je rentre chez moi et monte directement dans ma chambre, où je récupère la clé. Je sors de la pièce et entre dans sa chambre. Je referme doucement la porte derrière moi.

C'est comme si elle était encore là, tout est comme avant. Je m'assois sur son lit et attrape le petit chien en peluche bleu dont elle n'a jamais voulu se séparer et le serre contre moi. Trois ans, trois longues années qu'elle a disparu. Ma soeur, Calypso Morales, s'est engagée dans l'armée à ses dix-huit ans, deux ans plus tard, elle a été appelée pour la plus importante de ses missions, elle n'en ai jamais revenue. Elle est portée disparue depuis maintenant trois ans. Elle me manque terriblement, on a toujours été super proche ma soeur est moi, en même temps pendant pratiquemment dix ans, il n'y a eut que nous deux, nous, papa et maman. Je sens les larmes couler sur mes joues en repensant à tout ce qu'on a partagé, je m'endors sur son lit, son doudou serré contre moi.

" Entre la vie et la mort, il n'y a qu'un pas, entre la tristesse et le bonheur, il y a une route infinie. " - Michel Linh

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire WriterWoman ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0