Encore une histoire !

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Il était une fois deux enfants qui n'avaient plus de parents, élevés par un oncle et une tante qui interdisaient beaucoup et parlaient peu. Juste pour dire : "La soupe va être froide." "Mange-donc !" Et d'autres choses comme ça. Et ils ne racontaient jamais d'histoires ! Alors Naël et Rebecca n’étaient pas très heureux.

- Avec tout ce courage que nous avons il nous faut trouver quelque chose d’amusant ! Disait parfois Naël. Et Rebecca répondait.

- Tu as raison, mais quoi ?

Heureusement, un beau jour, une idée toute neuve apparut. Ils allaient, enfin ! Pouvoir utiliser tout leur courage. Et déjà, Naël tout en haut d’une très longue échelle, regardait dans le grenier. Un endroit juste au-dessus de leurs têtes, où ils n’étaient jamais allés.

- Naël, tu ne peux pas !

- Et pourquoi donc ?

- C’est noir…

- Ce n’est qu’un vieux grenier, Rebecca ! Nous verrons une souris, une araignée, rien de plus !

La trappe était ouverte maintenant et Naël disparaissait dans le noir, suivi de Rebecca, craintive. Le grenier était grand. Petit à petit, ils commencèrent à voir tout ce qu’il y avait à voir dans ce grand grenier tout noir.

Il y avait : un vieux fer à repasser de tante Suzanne, un grand manteau troué par les mites, un porte-manteau. Oncle Puck avait ajouté une cane à pêche cassée, une télévision noir et blanc énorme avec une antenne, une pile de vieux journaux.

Il y avait aussi quelque chose de tellement vieux, que ni Rebecca ni Naël n’auraient pû donner un âge. C’était un grand coffre en bois. Le coffre n’était pas fermé et dans le coffre, il y avait une épée, en fer, une cape, un grand chapeau avec une plume rouge, et un masque. Il y avait aussi un livre, qui était écrit avec des signes étranges. Le masque était en bois. Il y avait deux trous pour les yeux, un pour la bouche, et des cheveux en paille partaient du sommet pour rejoindre le menton en passant par dessus les oreilles. Le nez était cassé, au bout.

- Génial ! Ce masque fait peur.

- Oui… C’était bien l’avis de Rebecca.

Naël sortit l’épée en fer, mit le chapeau et la cape, et courut partout dans le grenier, en criant, - Je suis le pirate des Sept Mers ! Personne n’est plus fort que moi !

Le masque était adossé au mur, sur le coffre refermé, et regardait Naël.

- Ha bon ? Tu crois être le plus fort ? Prends-moi… Semblait dire le masque, prends-moi…

Ce masque était magique, mais Naël et Rebecca ne le savaient pas.

- Je vais essayer le masque, maintenant !

C’était Naël qui avait parlé. Il donna l’épée en fer, le chapeau et la cape à Rebecca, qui avait fière allure en Boucannière. Naël mit le masque devant son visage. Rebecca eut peur.

- Tu as peur ?

- Oui…

- Très bien, dit le masque, très bien…

- Très bien ! Dit Naël, sans plus penser à Rebecca. Descendons. - Je crois que l’on va s’amuser ! Dit le Masque. Par quoi va-t-on commencer ?

Rebecca avait compris. Quelque chose de grave se passait, elle ne pouvait rien faire, mais était bien décidée à les suivre, avec son épée, sa cape et son chapeau. Le Masque réfléchissait. Il cria,

- Le chat !

Et Naël alla vers le chat. Un vieux chat qui, confortablement installé sur une couverture, rêvait qu’il chassait les souris. Lorsqu'il vit Naël avec son masque horrible, il détala à toute vitesse, passant devant le chien.

- Fuyons ! Se dit le chien. Je ne suis pas plus courageux que le chat, et certainement beaucoup moins courageux que cette courageuse Rebecca. Mais comment fait-elle pour ne pas avoir peur ?

En sortant de la maison à toute vitesse, le chien croisa tante Suzanne. - Mais où vont donc ce chien et ce chat ? Se dit-elle. Et tante Suzanne, qui était curieuse, suivit le chien et le chat.

- Mais, ce chien et ce chat ne vont nulle part ! Se dit-elle, et, se retournant elle vit le monstre terrifiant. - Fuyons ! Je ne suis pas courageuse, comme le chien et le chat, et certainement beaucoup moins que cette courageuse Rebecca !

En courant dans la rue, tante Suzanne croisa oncle Puck.

- Mais où vas-tu donc Suzanne ? Tu as oublié de faire les courses ? Il se retourna. Ce qu’il vit lui fit vraiment peur. Mais il était très courageux. Il fit face.

- Que veux-tu, Monstre ?

En réponse, il n’eut qu’un rugissement féroce. Le monstre enfonça sa main entière dans sa large bouche, et presque tout le bras, montrant par là qu’il avait très faim. Oncle Puck eut alors très peur, et c’est en hurlant, les bras levés au ciel, qu’il s’enfuit, poursuivi par le Monstre, suivant tante Suzanne qui suivait le chien qui suivait le chat !

Tous descendirent la grand rue sous le regard effaré des habitants et entrèrent dans la cour de l’école. La maîtresse rangeait des couleurs en forme d’arc en ciel, quand elle vit le Monstre entrer dans sa classe et elle hurla. Le chat et le chien allèrent sous le bureau, tante Suzanne sur l’armoire et oncle Puck dans les bras de la maîtresse.

Le gendarme avait tout vu. Il arrivait, courant et soufflant, mais restait prudemment derrière Rebecca.

- Monsieur le gendarme ! Il faut faire quelque chose !

Alors, le gendarme, respirant tout son courage, alla dans la salle de classe. Hélas, en voyant Naël, sa réserve de courage commença à diminuer. Le monstre, lui, commençait à s’ennuyer. Il lui fallait du costaud, désormais. Un gendarme ferait l’affaire.

- Fais peur au gendarme, fais peur au gendarme ! Dit le Masque.

- D’accord, répondit Naël. Il rugit, comme un lion.

- Rhaaa ! Thaaaa !

- Au secours !

Le gendarme s’enfuyait et Rebecca alla voir la directrice, Madame Jeanne, pendant que le gendarme montait sur le toit. Madame Jeanne appela le Maire qui appela l’Armée qui ne se serait pas dérangée pour si peu si le Gouverneur n'avait pas été assailli de coups de téléphone.

La population disait,

- Le Pays est envahi, par des Monstres, partout ! On les a vu dans les maisons, dans les jardins, dans les rues et même dans les écoles. Un dans la cour, un autre dans la classe, et même sur le toit ! C’est une invasion de Monstres !

Alors, le Gouverneur appela le Général et il lui dit d’un ton grave,

  • Général, il faut faire quelque chose, le Notanou est en danger. Je sais que je peux compter sur vous !

C’était la panique. L’armée arriva avec des fusils et des canons. Ils encerclèrent l’école, où sur le toit le gendarme agrippait la gouttière. Le monstre tournait en rond, là-haut, fou de rage. Le général, avec un parlophone rouge, demanda au monstre de se rendre, ce dernier prit une orange qu’il avait dans la poche et il la lança – c’était le goûter de Naël - et elle atterrit sur la tête du Général.

- Ce monstre est dangereux ! Dit le Général en se tâtant le front. Si l’école n’était pas pleine de gens, et s’il n’y avait pas un gendarme sur le toit, je la réduirais volontiers en petits morceaux avec un obus énorme !

L’affaire devenait très importante. Une affaire d’Etat. Et tâtant sa bosse douloureuse, le général réfléchissait et il était prêt à faire plein de bêtises - comme appeler un dresseur, ou envoyer des enclumes pour écrabouiller le Monstre - lorsqu’il entendit une toute petite voix,

- Ce n’est pas la peine, Monsieur le Général. Rangez votre bombe, vos canons, vos fusils ! Moi, je vais aller parler au Monstre ! Je m’appelle Rebecca.

Une toute petite fille attendait devant lui, debout, à côté de mademoiselle Jeanne. Le Général réfléchissait toujours. C'était long. - Et puis zut ! Dit-elle en s’échappant.

Elle courut, monta à l’échelle (elle savait bien grimper maintenant). Une fois sur le toit, elle alla droit vers le monstre. La foule, hurlait, effrayée,

- Ha ! Mon dieu, elle va se faire dévorer ! Qu’elle est courageuse !

Rebecca avait entendu. Cela l’énervait, toutes ces bêtises. Vraiment ! Comme si se faire dévorer était courageux ! Mais Rebecca savait ce qu’elle faisait. Elle alla droit vers Naël, qui faisait de grands gestes avec les bras. Et elle aussi, fit de grands gestes avec ses bras à elle. Cela dura de longues minutes. Puis ils descendirent dans la cour de récréation, sous le regard des fusils.

Le général, prudemment, alla derrière le plus gros des canons, et c’est en lissant sa moustache, tout en caressant l’affut d’acier qui brillait de mille feux – tellement qu’il avait mis ses lunettes de soleil - qu’il demanda,

- Alors, petite fille quels sont les résultats ? Le monstre se rend-il ?

- Il se rend, Général.

Rebecca s’écarta, laissant apparaître le Monstre, qui déjà levait les mains d’un geste menaçant, indifférent aux canons et aux fusils. Mais au lieu d’abattre ses bras sur les soldats terrorisés, il attrapa ses propres oreilles,

- Une arme secrète, pensa le général…

Mais non. Naël enlevait son masque, et tout le monde vit qu’au lieu du Monstre, il y avait un tout petit garçon. Tout le monde à l’école, dans la rue, dans la ville, dans tout le Notanou, fut soulagé. Les grands rentrèrent à la maison, faire leur jardin ou la cuisine, ou lire le journal. Les enfants rentrèrent eux aussi chez eux, et inventèrent des jeux nouveaux, où des Boucanniers et des Monstres se poursuivaient. Le général fut fait maréchal. Le Président était très content.

Tante Suzanne et Oncle Puck eurent honte d’avoir caché le grand coffre dans le grenier. Ce grand coffre appartenait aux parents de Naël et Rebecca. Il y avait, à l‘intérieur, une lettre qui commençait ainsi.

Chers Naël et Rebecca,

Si un jour nous disparaissons en mer, vous ouvrirez ce coffre, qui vous appartient désormais. Nous y avons mis toutes les Histoires Merveilleuses du Grand Livre, tous les plus grands trésors, tous les secrets pour bien grandir. Surtout, ne portez jamais le Masque ! Car alors vous ne pourriez plus l’enlever, sauf si on vous aime très fort. N’oubliez pas que tout demande un peu de courage ! Et qu’avec ce courage, on trouve toujours un peu d’amour…

Votre papa et votre maman,

Qui vous aiment.

"Lorsqu’ils eurent lu la lettre, oncle Puck et tante Suzanne n'eurent pas le courage..."

Elie venait de s'endormir. Lucile n'aurait pas besoin de terminer l'histoire. Le Père Noël Jacques Pelot s'était réveillé de sa sieste, et regardait Lucile, qui regardait Elie.

Jacques venait de comprendre ce qui n'allait pas, et pourquoi son rôle de Père Noël lui était devenu si pénible.

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