Chat et chocolat

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Elie et Jacques avaient un point commun. Ils adoraient la mousse au chocolat. Les Elfes de la maison n'étaient pas en reste, elles palpitaient d'excitation.

- Peut-on vous aider, Monsieur Pelot ? Mais peut-être voulez-vous garder le secret ?

- Quel secret, ma chère âme ? Tu prends tout d’abord un bon chocolat. Un très bon chocolat ! Tu fais fondre avec un peu de beurre. Puis tu sépares les blancs des jaunes, et tu bats les blancs en neige. Après il faut mélanger très délicatement, avec une spatule en bois, la neige et le chocolat. Finalement, c’est très simple. Ha, oui. Mettre au frais – ce n’est pas ce qui manque ici - pour bien figer la mousse. Et voilà !

Aerwin prenait avec Jacques un cours de cuisine, pendant que Lucile et Elwing dressaient la table pour le repas de midi.

– Mmmh ! Ce sera parfait, après le krill bouilli et les courgettes hydroponiques ! Hélas, on n’apprend pas à cuisiner, nous, dans l’armée. On nous l’apporte, la nourriture. Et on apprend à survivre. Chaparder. Chasser…

Nadia avait insisté sur ce dernier mot, avec son plus beau sourire, papillonnant des yeux. Jacques s’apprêtait à dire tout le bien qu’il pensait de ses tigresses, qui avaient réussi à mettre la main sur deux plaquettes de chocolat et des œufs, pris sur les réserves de la Résidence. Mais il s’aperçut au dernier moment que Lucile l’épiait, du coin de l’œil.

- C’est bien simple. Je n’ai jamais fait une mousse aussi réussie ! Seule ma petite maman la faisait mieux ! Mais elle est morte. Je suis le dernier dépositaire de la recette !

L’œil de Lucile se radoucit.

- A table !

Après le café, Elwing déclara qu’elle avait son rapport à terminer.

- Je suis votre Agent de Sécurité, Jacques. Je dois faire un rapport.

- C’est très intéressant !

- Pas très intéressant. Nécessaire. Un avant 14h00, pour la matinée, un autre en soirée, avant 22h00. Deux par jour.

- Fascinant !

- Oui, mais confidentiel. D’ailleurs, je n’ai rien d’important à dire, cela tient en trois lignes.

- Quoi ! Trois lignes pour une demi-journée de ma précieuse vie ? Mais c’est une honte mademoiselle, une honte, un scandale !

Dring ! Dring ! On sonnait à la porte d’entrée. Jacques regarda par la véranda.

- Tiens ! Je le connais ! C’est un type sympathique. Un jeune fonctionnaire avec qui j’ai discuté ce matin. Il doit m’apporter un cadeau.

- Un cadeau pour le Père Noël ?

- Hélas non. On m’oublie toujours… C’est un cadeau pour le Président.

A ces mots, les Nadias se mirent en mode d’alerte. C’était nouveau. Inattendu. Elles attendirent, légèrement tendues, l’arrivée du Cadeau Présidentiel et de son porteur.

Un jeune homme séduisant, bien mis en costume cravate jaune et mocassins marron, portant fièrement la moustache Antarcte, se présentait. Les Nadias se détendirent un peu, et Elwing sourit.

- Me voici comme convenu, Monsieur Pelot. J’espère que cela vous satisfera. Faites attention, il est très susceptible.

- Qui, le président ?

- Non, lui.

Le jeune homme posa un paquet sur la table et retira la housse, découvrant une boîte grillagée.

- C’est Misti, Monsieur Pelot, c’est un très beau chat, et très gentil.

- Qu’il est mignon !

- N’est-ce pas ?

- Je vais le faire sortir de sa boîte. Voilà.

Misti sortit prestement, se refit le pelage avec sa langue et ses babines, puis alla découvrir son nouvel environnement, se frottant aux jambes de ces dames.

- Adorable !

Le jeune homme arborait une mine satisfaite. - Bien ! Je dois vous quitter ! Je vous laisse la boîte. J’ai beaucoup de travail. A bientôt.

Le jeune Antarcte prit congé.

- Charmant jeune homme ! Dit Elwing.

- Et tu as vu sa moustache ? Dit Aerwin. Lucie était tout à fait ravie de voir ses deux rivales aussi vite relancées sur la trace d’un beau gibier. Elle lançait un regard narquois à Jacques, qui récurait la casserole, comme s’il n’écoutait pas.

- Quel gentil chat ! Minet, minet !

- Bon, mon rapport !

«07h30 Petit-déjeuner présidentiel. »

« 09h47 Après le petit-déjeuner présidentiel, une dispute a eu lieu entre monsieur Jacques Pelot et mademoiselle Lucile. » Bon, je mets, « Raison inconnue ». C’est vrai ça, nous étions sur la véranda, on a rien entendu.

« 10h27 Monsieur Pelot est allé se promener».

« 12h42 Au retour, réconciliation, puis repas dans une ambiance apaisée. Nos hôtes sont dans de bonnes dispositions » Voilà !

- Nadia, et le chat ! Il faut en parler, c’est un cadeau pour le Président !

- Oui, mais c’est une surprise.

- Oui, mais c’est un rapport. Tu dois en parler.

- Tu as raison. Je dois en parler.

« Vers 14h15, un jeune homme séduisant »…. Pardon ! Je barre séduisant. « Vers 14h15, un jeune homme, fonctionnaire à la Résidence, est venu apporter un cadeau. Il est convenu que le Père Noël l’offrira à notre bien aimé Président, lors de la cérémonie de Noël. Particularité : il s’agit d’un chat. » Je rajoute, « d’un chat séduisant ». Voilà ! Et je rajoute l’heure, « La Résidence, 14h32 ».

- Nadia, tu ne peux pas faire ça ! Tu es en retard pour ton rapport !

- Ha… Oui. Je vais mettre « La Résidence, 13h53 »…

- Oui, mais le chat, c’est à 14h15….

- Bon… J’enlève le chat, je le mettrai dans le rapport suivant ! Je mets donc « La Résidence, 13h53 » Voilà !

Le chat observait la scène. Il cligna des yeux, et ronronna, se lissant les moustaches.

- Bon ! Si ça ne vous gène pas, je vais faire une petite sieste.

Le Père Noël s’allongea et s’endormit, puis se mit à ronfler. Le chat sauta sur le lit, profitant du calme. Il trouva sa place, et ferma les yeux.

Elie alla voir Lucile, il voulait une histoire.

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