Chapitre n°11 Malaise.

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Honoris Mortem.

Le groupe de soldats et de civils était arrivé, devant le petit square, à l'entrée de la SSC, deux gros blocs de cérabéton, tombés la veille, se trouvaient en partie enfouis dans la petite pelouse.

Pendant que le médecin, aidé de Bronsky, de Johnson et de Zoé, préparaient les corps des trois civils, dont la mère d'Elssa, qui se trouvaient dans la chambre frigorifique du café, pour l'inhumation, Le sergent de la Rosa et Nemeria, ainsi que deux autres soldats confédérés, creusèrent les tombes.

Une fois les cinq tombes creusées, les quatre soldats déposèrent les corps, enroulés dans des drapeaux, au fond des petites excavations faites, puis rebouchèrent celles-ci avec la terre qui avait été retirée, tantôt.

Le docteur Lamarque ayant vérifié, sur l'ID-code de chaque victimes, signala qu'un des deux hommes décédés dans le café, était de confession juive, bien qu'athée comme l'immense, majorité de son peuple*. Il demandât au Légat, qui devait se charger de la cérémonie, en tant que délégué de l'Empereur, s'il connaissait le Kaddish**, afin de le réciter, pour cette personne, avant de déclamer l'oraison funèbre de la Triade.

« Non, malheureusement, je l'ignore, c'est une négligence de ma part. » avoua-t-il, « Quelqu'un parmi vous saurait réciter le Kaddish ? »

« Moi, Excellence, je suis également de confession hébraïque, je peux m'en charger si vous m'y autorisez. » répondit, le lieutenant Bruckner, en s'avançant devant le glaive.

« Eh bien, lieutenant, je vous laisse procéder, faites donc ! »

La jeune femme sortit alors de sa sacoche, une kippa noire, qu'elle fixa sur sa tête, grâce à une barrette, puis s'avança devant la dépouille de l'homme en question tourna ses paumes vers le haut, puis très respectueusement psalmodia l'oraison funèbre en Yiddish***, qu'elle avait appris toute petite, lors des cours de culture hébraïque dispensés par le Rabbin Jacob Kirchman, à la synagogue :

«דייןגרויסנאָמעןזאלזייןגעלויבטאוןגעהייליקטאיןדערוועלטערבאשאפןלויטזייןוועט

אוןמאַיערבאַשטעטיקןזייןמעמשאָלע, ברענגעןזייןישועהאוןצופאַרגיכערןדיצייטפוןדייןמשיח,

איןדייןלעבןאוןאיןדייןטעגאוןאיןדיטעגפוןדיגאנצעהויזפוןישראל **** »

Puis elle céda la parole au légat et regagna sa place autour du lieu d'inhumation, non sans avoir au préalable retiré la kippa de sa tête, pour faire comme tous ces camarades militaires, qui enlevèrent soit leurs casques, pour ceux qui en portaient, soit leurs casquettes.

Une fois l'oraison terminée, le lieutenant Bruckner et l'adjudant Johnson, plantèrent chacun une pelle sur les tombes des deux soldats, selon le code militaire en vigueur, aussi bien dans l'Imperium que dans la Confédération et y accrochèrent les médaillons d'identités. Le docteur Lamarque et Bronsky, quant à eux, placèrent sur chacune des deux autres tombes, un morceau de cérabéton où avait été gravé, avec les moyens du bord, le numéro de l'ID-code des victimes, afin de par la suite, pouvoir les identifier plus facilement, (au cas où les familles désireraient le rapatriement des dépouilles dans un cimetière officiel). Ce furent Elssa et son père qui se chargèrent de placer la stèle improvisée sur la tombe de leur mère et épouse.

Puis Marc Johnson, pris un sac dans un des véhicules empruntés à l'ambassade et en sortit des cailloux de quelques centimètres de diamètre, qui avaient été ramassés dans les allées du jardin de la résidence consulaire. Chaque personne présente, vint en prendre cinq et tout le monde, l'un après l'autre passa devant les tombes pour déposer selon les rites funéraires Terrans, un caillou sur chacune d'entre elles, (une vieille tradition d'origine juive, au départ), tout en récitant l'adieu au défunt.

Cynfeirdd et Zoé qui avaient eu le privilège de passer en premier, tout en attendant que leurs compagnons terminent le rituel, se mirent à discuter de manière discrète, n'ayant pour seules autres oreilles que les leurs et celles des deux gardes germains, qui avaient la réputation d'être des tombes.

« Excellence, je me permets d'insister sur ce que je vous ai dit tantôt, ceci n'est en rien pour vous insulter ou faire du tort à votre Kaiser,***** ni même à votre gouvernement, mais, comment pouvez-vous être sûr que votre fameux réseau Antarès, n'y est pas pour quelque chose ?. » dit le lieutenant Bruckner, à l'Émissaire impérial, visiblement embarrassé par ce que son homologue confédéré, l'ambassadeur, lui avait rapporté.

« Je ne suis nullement offensé, très chère, » lui rétorqua-t-il, « je trouve même que votre sortie de tout à l'heure était fort bien à propos. Et le pire est, que je commence à douter moi-même de ce que je vous ai affirmé, non en ce qui concerne, l'empereur Nahiossi, mais sur des manigances hors de notre connaissance. »

Zoé réfléchit, alors que les derniers soldats plaçaient, leurs cailloux sur les tombes et dit à voix basse :

« Demandez-à notre commandant, de pouvoir à nouveau utiliser nos transmetteurs, pour avoir directement le Palais impérial, et demander une explication à l'Impérator directement. Avec les relais de sub-espace, qui ont été rétablis, vous pourriez avoir une réponse, en quelque heures...demain matin dans le pire des cas. »

« Oui, bien entendu, la réponse ne tarderait pas, mais sachant que la ligne n'est pas sécurisée, je veux dire qu'en théorie, rien ne peut affirmer que vos services de sûretés ne vont pas aussi lire le message de retour, même si l'empereur avait fini par avoir une preuve de l'implication de quiconque dans le gouvernement, ou dans les services secrets, d'une telle ignominie, il ne se risquerait pas à la transmettre, par ce biais, sachant qu'une réponse positive à cette question, pourrait mettre encore plus à mal nos relations diplomatiques, déjà pas au beau fixe, ces derniers temps. Moi en tout cas, à sa place, j'attendrais d'avoir une ligne sécurisée. » lui rétorqua-t-il un peu gêné.

« Bien, votre excellence, » dit Zoé en voyant le groupe se réunir devant eux, une fois que le dernier des soldats eut posé sa dernière pierre, sur la dernière des tombes, celle de la maman d'Elssa. « il faut que nous rentrions au plus vite et voir ce que nous pouvons faire pour résoudre cette énigme. Mais dites-moi, Messaire, lors de votre dernier entretient avec le Palais impérial, tantôt à l'ambassade, si cela n'est pas classé secret défense, que vous a dit votre empereur. Avez-vous des directives, que devons-nous faire de vous, où doit-on vous escorter pour que vous puissiez être pris en charge en toute sécurité par votre gouvernement ? »

Le légat, regarda la mignonne jeune femme et se rappela qu'il ne fallait pas se fier à son doux minois ni à la fausse apparence de fragilité qui semblait émaner d'elle, c'était bien « la Lame », qui se tenait devant lui, une des miliciennes confédérées les plus redoutables qu'il lui été donné de rencontrer. Sa réputation avait déjà été notifié en haut lieu dans les services de sécurité de l'Imperium, juste au cas où...

Cynfeirdd, lui répondit simplement alors que le convoi rebroussait chemin, dans les ruines :

« Cela ne va sûrement pas vous plaire, mais selon nos renseignements, la Domus***** de la Vice-consule Singh, seule survivante du gouvernement planétaire... »

« Comment, cela...seule survivante ?? » demanda le lieutenant Bruckner, en lui coupant la parole, tout en marchant derrière le dernier véhicule à sustention électromagnétique.

« Jayala Singh, la vice-consule, avait pris quelques jours de repos, suite à un malaise, rien de grave, et n'avait pas pu assister à la réunion gouvernementale, dans le Palais du Consul, par chance, car apparemment, tous les membre du cabinet du Consul-général, Berthold Frourt, sont décédés, dans le bombardement. »

« Un bol extraordinaire, ce malaise soudain... » lança ironiquement la jeune femme.

« Je ne vous le fais pas dire, ma chère, » répondit Branwen Cynfeirdd, « surtout que, toujours selon nos sources, ce n'était pas le cas, cette chère Jayala, s'était faite porter malade, pour pouvoir passer tout le week-end, un long week-end, en fait, avec une de ses nombreuses jeunes amantes ou avec plusieurs... mais bref, je vous disais donc, que son domaine, en dehors de la ville, une magnifique villa romaine, avait été prise d'assaut par des guerrier extros. On ne sait pas si elle et sa maisonnée ont subis des pertes, ont été faites prisonnières. L'empereur a autorisé une opération de commandos de marines sur cet objectif, demain matin dès l'aube. Son altesse impériale, souhaite que je me rende au plus vite sur place, sous bonne escorte, pour vérifier ce qu'il en est, une fois bien entendu que les escouades de fusiliers-marins aient fait leur office. »

« Et en quoi cela nous concernerait, à part le fait que nous vous souhaitons, bien entendu, le plein succès, pour votre entreprise, Excellence ?» demanda l'officier confédérée.

« J'ai pris la liberté, juste avant de sortir de votre QG, de requérir vos service d'escorte militaire, vous et quelque autres de vos camarades, afin de compléter ma garde, qui n'est constituée que de mes deux hallebardiers et des quatre rangers survivants. »

Et avant que la jeune femme ai eu le temps d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose, il continua sur sa lancée :

« Sachez, qu'aussi bien votre ambassadeur, que votre commandant en chef, le vice-amiral, Nevelskói, ont approuvés. Ce dernier, a même demandé à ce que vous choisissiez cinq autres des membres de votre unité, pour cette mission ! »

Zoé soupira, puis lui dit :

« Si c'est l'amiral qui insiste, Excellence, je ferai mon office et je vais sélectionner encore deux autres de mes subordonnés. Mes trois camarades ici présents sont des hommes et des femmes sûr. Et quand partons-nous, une fois que les commandos auront nettoyés la place ? Si je n'étais pas chargé de faire la Baby-sitter, Messaire Légat, j'irais avant, avec la totalité du Hammer en garnison actuellement, à Manticore, pour montrer à vos marines, ce que l'on vaut dans la milice confédérée !»

« Par la sainte Triade, lieutenant, quelle fougue...On devrait partir demain matin, mais je vous propose d'arriver juste après que les premiers escadrons de marins, aient débarqués, afin de les appuyer, j'ai le pouvoir de passer outre les consignes de l'Etat-Major, comme vous le savez. Qu'en pensez-vous...les quatre rangers, vos cinq camarades, mes deux gardes germains et votre serviteur, sous vos ordres lieutenant ? » lui rétorqua le glaive.

« C'est tentant, votre Excellence, mais s'il vous arrivait le moindre mal, je passerai en cours martial et je finirais au mieux, dans un pénitencier fédéral pour une bonne vingtaine d'années, ou carrément sur un gibet...très peu pour moi ! » répliqua la jeune femme, alors que le convoi se rapprochait du quartier de l'ambassade.

« Nemeria, », dit-elle à la jeune femme tatouée au crâne partiellement rasé sur les côtés, qui marchait devant eux, « qu'en pensez-vous, serait-ce raisonnable de faire ce que le glaive suggère ? »

Tasha Nemeria, sourit de manière cynique et lui répondit :

« Certes non, mon lieutenant, mais cela nous changerait de ces entraînements et démonstrations que nous faisons depuis deux semaines ici. Cela fait des mois que nous n'avons plus combattus, moi en tout cas je serai partante ! »

« Voilà, une guerrière, qui fait honneur aux Fils d'Arès. » dis le légat. «Moi de mon côté je vais, si vous êtes partante, demander ce dernier service à votre supérieur, je laisserais un Holo-message au cas où il m'arriverait quelque, chose afin de vous déresponsabiliser de cela...d'ailleurs votre commandement ne pourra pas m'empêcher de partir au combat, avec ou sans vous et il vaudrait mieux que ce soit avec vous, lieutenant. »

« Eh, bien, Messaire légat, on peut dire que vous êtes un vrai casse-couilles !» fini par dire Zoé. « Soit, si vous parvenez à avoir l'accord de notre commandant et de notre ambassadeur, je suis des vôtres, je trouverai des volontaires, je suis sûr que Marc...je veux dire l'adjudant Johnson sera des nôtres aussi. Mais attention, si je dois commander ce petit détachement hétéroclite, vous ferez ce que je vous dis et n'irez pas jouer au franc-tireur, avec vos soldats ! C'est bien clair ? »

« Affirmatif, mon commandant ! » lançât le légat amusé.

*Juifs athées : lors du grand Exode de l'an 0, (2099 de l'ancien calendrier), parmi les diverse familles et membres des vaisseaux colonisateurs, se trouvaient des juifs à grande majorité ashkénazes, presque tous exclusivement athées et même pour certains totalement agnostiques et donc tout comme les autres religions monothéistes, la religions hébraïque a totalement disparut et seul reste le fort attachement de ces familles juives, à leurs traditions judaïques.

**Kaddish : oraison funèbre, qui devait être psalmodiée pendant plusieurs mois, suivant le décès d'une personne de religion juive. Dans la nouvelle tradition Hébraïque, cette oraison n'est récitée qu'une seule fois, lors des funérailles et en yiddish.

***Yiddish : langue traditionnelle, des juifs ashkénazes, d'origine germanique et slaves, (hybride entre de l'allemand et de l'hébreu), parlé surtout à l'époque de l'ancien Ère, en Europe et qui a remplacé l'hébreu, comme dialecte secondaire, non officiel dans les mondes du Dominion Terran.

**** יידיש : Quoi, vous ne parlez pas le Yiddish...ben c'est un tort !!!

*****Kaiser : Empereur en dialecte confédéré, mot d'origine germanique, issu du nom de Caesar.

*****Domus : villa romaine, souvent assez luxueuse, entourée d'un mur et en général possédant un ou plusieurs jardins intérieurs, bordés en partie par des arcades décorée, ainsi qu'une grande salle ouverte sur le haut, nommé atrium.

Cartes sur table

Alors que le soleil commençait à se coucher, aux abords de Cairn-city, une autre cérémonie funèbre fut faite pour les civils et militaires qui étaient morts, dans l'attaque de la ville ces dernières 24 heures.

Encore une fois ce fut l'aumônier Kostas, qui officia. On entreposa les dépouilles des extros dans une salle souterraine, dans laquelle on installa un système de réfrigération, afin d'en faire une morgue, au cas où une trêve serait décrétée et qu'un échange de prisonniers, ainsi qu'une restitutions des dépouilles soient organisés.

Comme il est de coutume, les corps des deux Héraclites tombés au combat, furent mis dans des sacs spéciaux de préservations cryogéniques, afin de les inhumer dans le lieu sacré de sépulcres, sur la planète X, où se trouve le bastion de la Garde Suprême.

Puis on commença à nettoyer les endroits de la ville qui avaient subits le plus de dégâts, afin de pouvoir au plus vite reprendre les diverses activités sociales et commerciales nécessaires au bon fonctionnement de la petite cité minière.

Obster Kuzack, Pryor et Cow se rendirent, au Bel-Amour, où le commandant des rangers avait donné rendez-vous au reste de l'unité des Héraclites survivants, afin de se relaxer un peu, après ces dernières heures de combats. Ils avaient tous eu la possibilité de se reposer quelques heures, avant l'office religieuse, pu se restaurer, dans la cantine militaire improvisée près du Pawn-Shop et voulaient se détendre en buvant un verre tout en faisant une partie de Kaldris.

Quand ils entrèrent, les rangers, aperçurent les soldats de la Garde Suprêmes, tous dans leurs simples uniformes, ce qui les rendaient moins menaçants, qu'avec leurs énormes armures blindées.

Six avaient pris place à une table près de l'estrade, afin de pouvoir se rincer l'œil, sur les strip-teaseuses, qui faisaient leurs shows, regrettant toutefois que la vedette de l'établissement, blessée à la jambe, ne puisse venir également faire son fameux spectacle. Mais ils eurent la chance de pouvoir la rencontrer, car Mademoiselle Lupe Fuentes, était venue les remercier en personne, pour l'avoir secourue, elle et ses compagnons, la veille au soir et s'était nonchalamment assise sur les genoux du décurion Augusto Manéro, qui lui le grand Massaï, était très impressionné par la jeune archéologue, qui avait passé une tenue décontractée, jeans moulants, pull bleu-vert et tennis blanc-rose, pour l'occasion.

Plus au fond à une autre table, la Zélote Rica Albrecht en compagnie de son commandant, le centurion prime Chaïm, attendaient leurs camarades miliciens, avec un paquet de cartes et les dés du jeu de Kaldris.

« Bon, eh bien, les gars, » dit Obster à toute l'assemblée, alors que son ami Ezra leur faisaient signe de s'assoit près d'eux, « vous avez tous fait du bon travail ! Votre commandant, vous avait dit que je vous payerai un verre, ici, une fois la ville débarrassée de ces cafards d'extros, chose promise chose due...C'est ma tournée. Maelström pour tout le monde et un Pruni-Cola pour notre petite Cow ! » Puis ils s'assirent tous et commencèrent à discuter sur leurs aventures de ces dernières heures.

Rocinante, qui avait troqué son uniforme de marine, contre une tenue des plus sexy, une robe mauve, surmontée d'un boa blanc, vint elle-même à la table des deux leaders militaires, prendre la commande et scanna l'ID-code du Marshall, afin de débiter les boissons de son compte. Alors que les soldats avaient commencé à lancer les dés et aligner les cartes, ce fut B'rat'k qui apporta deux bouteilles de Maelström et des verres, à chacune des tables où les soldats s'étaient installés.

Un peu gêné, il dit au Marshall :

« Je suis vraiment navrée, de ce que nos anciens aient ainsi coupés les ponts avec votre peuple, commandant, mais sachez que bien que mes compatriotes, qui habitaient en ville, aient tous suivis à la lettre l'ordre de rentrer à Primebourg, j'ai décidé de rester, malgré ce que peuvent en penser les miens.»

« C'est gentil de votre part, mais ne vous en faites pas, cela ne durera pas, dès demain nous partons avec le prisonnier qui semble avoir le grade de sous-officier, afin de tirer cette affaire au clair. » répondit Kuzack, tout en tirant sur le cigare cubain qu'il venait d'allumer.

« Que les grands dieux immortels vous entendent, Marshall, qu'ils vous entendent ! » dit le camusien en quittant la tablée.

A ce moment, le professeur Reyes descendit de l'escalier, (elle avait profité que la salle de bain de Lupe soit libre, pour s'y doucher, puis avait passé des vêtements plus classiques, que Rocie lui avait gentiment prêtés, un chemisier noir, un jeans bleu-clair délavé et une paire de sandales de type spartiates, à talons mi-hauts. Elle passa près de la table où la fine équipe était en pleine partie.

« Salut, les gars ! » leur dit-elle tout en tapotant deux doigts, discrètement sur l'épaule d'Obster, signe qu'elle devait lui parler en privé.

« Joignez-vous à nous, Professeur, il y a encore une place de libre pour la partie ! » dit Albrecht, nullement offensée du fait que parmi les gars, il y avait une gonzesse...elle justement.

« Merci, mais le Kaldris, n'est pas trop mon truc et il faut que je parle à mon assistante. Que les divinités vous portent chance ! » lui-répondit-elle en souriant à la zélote.

Elle alla s'asseoir un peu en retrait, dans un coin sombre du saloon*, à une table ronde, pas très grande et regarda discrètement Lupe, qui passait des genoux d'un des Héraclites, attablé aux côtés du décurions, à ceux d'un autre.

« Vraiment beau brin de fille, ma chère, je vous comprends, moi si j'avais 10 ans de moins...Allez prof, c'est ma tournée, il doit bien y en avoir pour quelques verres, la dedans » dit le Marshall Kuzack, qui était venu à sa table, avec le reste d'une des bouteilles qu'il avait commandé pour sa tablée et deux verres qu'il avait pris en passant au comptoir.

«Hein, quoi ?? Mais qu'insinuez-vous donc, Obster...que Lupita et Moi ** ...»

« Marna, qu'importe, on est tous romains ici, être épicurien est notre devise, si elle vous plait...pourquoi pas...je pense qu'elle doit énormément vous apprécier, vu comme elle parlait de vous, à chaque fois qu'elle passait nous voir à la caserne. Lancez-vous, mon amie, déclarez-lui votre flamme...ou pas, c'est vous qui voyiez, personne ici ne vous jugera. Mais bref, avez-vous eu votre contact, au Palais impérial ? » lui demanda Obster, en s'asseyant en face d'elle, amusé du malaise qu'il provoquait chez son amie archéologue, qui après avoir rempli son verre, le vida d'un trait.

« Oui et ni l'empereur, à ce que mon informateur, quelqu'un de très haut placé, m'a dit, » lui répondit-elle en se réservant une dose d'alcool, « ni personne du gouvernement, n'est au courant de ceci. Ils tombent des nues, là-bas et c'est peu de le dire. J'ai aussi appris que l'ambassade confédérée, à Manticore, où à finit par se réfugier le légat Cynfeirdd et quelques civils qui était avec lui, a été attaquée par des extros, mais ils ont été pris à revers par un groupe, de soldats du Hammer, accompagné, de quatre de vos rangers, qui comme vous le pensiez, s'étaient " absentés ", de la base. » lui dit-elle, en faisant avec ses doigt, le symbole universel des guillemets.

« Ah, à la bonne heures, ces quatre loustiques, je ne sais pas si je dois leur donner une médailles ou les faire fusiller, mas je suis heureux qu'au moins eux s'en soient sortis ! » rétorqua le Marshall surpris par cette bonne nouvelle.

Son amie Marna, lui sourit, satisfaite de lui avoir remonté un peu le moral et continua :

« On m'a dit que des ordres spécifiques sur ce qu'il faudrait faire demain matin, devraient vous arriver, les avez-reçus ? »

« Effectivement, j'allais vous en parler. Le légat, est certes en sécurité dans l'ambassade confédérée, mais il va se rendre, avec un commando de confédérés, à la propriété de la vice-consule, qui est aux mains d'une escouade d'extros. On ne se sait pas ce qui est arrivée à cette dernière, peut-être a-t-elle put fuir, avec ses serviteurs, avant l'arrivée des aliens. Et étant donné que nos renfort ne seront là qu'au mieux demain soir, on ne peut se permettre d'attendre. Le capitaine Namur et le commodore Khan, vont conjointement envoyer sur cet objectifs, deux ou trois détachements de fusiliers-marins, pour reprendre le bâtiment. Khan va personnellement descendre avec sa garde personnelle, pour diriger l'assaut, dès l'aube. Je dois me rendre à la première heures à Manticore, avec quelques Héraclites et quelques rangers, à bord de notre vaisseau de transport. Serez-vous des nôtres Prof ? »

Marna avala une gorgée du breuvage, qu'elle venait de se resservir, puis calmement répondit au commandant de la milice territoriale agriffonaise :

« Cela m'ennuie de laisser Lupita seule, mais je dois aussi m'y rendre, ce sont mes ordres...donc je vais devoir l'abandonner aux bon soins de B'rat'k et de Rocie. Passez me prendre demains à l'aurore et merci pour le verre !»

Obster, ayant aperçu, du coin de l'œil, que Lupe s'était relevée des genoux de l'Héraclite, (une femme cette fois) où elle avait fini par tomber et se dirigeait vers leur table, en passant saluer ses camarades qui jouaient au Kaldris, il comprit que c'était le signal de son amie, pour qu'il la laisse seule avec sa dulcinée, il se leva et dit :

« Bien Marna, je passe à 7 heures précises, en attendant, "Carpe Diem ! ", Prof et gaffe à ne pas vous saouler, demain il risque de nouveau d'y avoir de l'action. »

Il fit un clin d'œil au Professeur et dit à Lupe à qui il avait galamment tiré le siège :

« Mademoiselle Fuentes, excellente soirée ! »

« Monsieur, le Commandant des rangers, merci, à vous de même ! » répondit la jeune femme, amusée par ce ton très "vieille France" qu'avait pris son ami ranger, avec elle.

« Bonsoir Professeur, puis-je me joindre à vous ? » demanda la jeune assistante, à sa directrice de fouilles, alors qu'Obster quittait leur coin.

« Je t'en prie Lupita, je voulais justement te parler, prends un verre c'est Obster qui régale ce soir ! » répondit Marna, en lui indiquant le siège que le Marshall lui avait tiré.

Pendant que les rangers et les Héraclites, jouaient à la table d'Obster, le professeur Reyes servit une bonne rasade de Maelstrom à la jeune étudiante, qui venait de s'asseoir et lui dit un peu embarrassée :

« Lupe, ma petite, je dois d'avouer quelque chose, quelque chose qui s'est passé hier soir juste au moment où je te soignais, alors que nos compagnons étaient partis vers le module alien. »

« Je suis toute ouïes, Professeur ! » lui lança, espièglement la jeune femme, en levant son verre en direction de son interlocutrice, avant d'en prendre une gorgée.

Lorsque tu as commencé à ressentir les effets combinés de la métamorphine et du métavalium, » lui conta Marna, « juste avant de sombrer dans un profond sommeil, tu m'a dit que tu m'aimais...Pas que t'avais de l'affection pour moi, mais que tu m'aimais. Je dois avouer que cela m'a troublée quelques instants. » Là, le Professeur Reyes, fixa de ses beaux yeux bleus, ceux marrons et pétillants de la jeune femme, qui était devant elle et continua, «Je veux clairement que tu me dise, Lupe, si tu éprouves réellement une attirance envers moi, quelque chose qui transcende l'attirance physique ou intellectuelle. Je veux juste le savoir. »

« Oui, chère professeur, je vous l'avoue, vous me rendez folle, toute ces semaines où je me suis trouvée à la fois si près de vous, mais tellement loin aussi. Alors si cela vous pose un problème, je vous prie d'accepter toutes mes excuses. Je démissionnerai aussitôt que la situation de crise me le permettra ! Je vous souhaite une bonne nuit, Professeur ! » dit la jeune assistante l'air penaude, en se levant de table pour s'en aller.

« Oh minute, ma petite, on n'en a pas encore finit toutes les deux ! » lança Marna, tout en retenant le bras si délicat de Lupita. « Je t'en prie rassieds-toi et bois ton verre ! »

Lupe, se rassit, but une autre gorgé de ce qu'il y avait dans son verre et écouta ce que sa directrice de fouilles avait à lui dire :

« Tu sais, tu es très loin de me laisser indifférente, loin de là ! En fait cela fait des semaines que je ne dors presque plus, tant je te désire...MEA CULPA. Et quand enfin le sommeil me gagne, c'est dans tes bras, petite Lupe, que je rêve de me blottir. Je n'ai pas le droit de te demander cela, mais ne serait-il pas envisageable que toi et moi... ?? » murmura doucement Reyes, tout en se risquant à poser les doigts de sa mains droite sur ceux de sa collègue.

« Qu'est-ce qui serait envisageable, Professeur ? » demanda la jeune latina, sur un ton faussement innocent, alors que Marna retirait ses doigts du dos de la main de son assistante pour les poser à côté de son verre.

La jeune étudiante se leva à nouveau, termina son verre et tout en prenant avec douceur la main droite de sa professeur, (qui semblait surprise de la réaction de sa protégée), lui murmura à l'oreille :

« Laissez-moi 20 minutes pour que je me rafraîchisse et montez dans ma loge avec ce qu'il reste de cette bouteille, on pourra discuter, entre femmes.»

Puis elle tourna les talons et gravit l'escalier, laissant Marna Reyes perdue dans ses pensées inavouables.

*Saloon : la pièce principale du Bel-Amour est assez similaire à celles des établissements du Far-West, qui au lieu de shows de strip-tease, proposaient souvent sur une scène, au fond du Saloon, du French cancan.

**Saphisme : ce n'est nullement, son orientation sexuelle, que le Professeur Reyes, tente de dissimuler, mais le fait, qu'en tant que mentor de la jeune étudiante, cela pourrait être mal vu qu'elle ait une liaison avec une étudiante de surcroit sa stagiaire. L'homosexualité, n'ayant jamais posé de problème ni dans l'Imperium, ni même dans l'austère Confédération.

Douce Nuit !!!

Un peu moins d'une demi-heure plus tard, Marna monta les étages du Bel-amour avec deux timbales en inox, et une nouvelle bouteille de maelstrom, alors que Rocinante sur la scène s'était mise à interpréter un des vieux tubes qui l'avait fait connaitre comme chanteuse*

Elle arriva prés de cette fameuse peinture abstraite qui montrait un coucher de soleil sur la mer de Jade.

Elle était visiblement nerveuse et tenta de faire demi-tour pour s'éloigner de la porte de la loge de son assistante, mais quelque chose l'obligea, à poursuivre. Serrant les deux calices de métal contre la bouteille dans une main, elle toqua avec l'autre.

La porte s'ouvrit et le doux minois de Lupe apparut dans l'entrebâillement de la porte. Reconnaissant son mentor, elle lui ouvrit la porte et lui dit en souriant : « Professeur, tout va bien, vous me semblez souffrante, je peux m'occuper de vous à mon tour, venez entrez ! »

Marna entra dans la petite pièce qui servait de loge à la jeune strip-teaseuse, mais resta juste à l'entrée de la chambre. Lupe se tenait à côté du sofa, ou la nuit d'avant elle avait dormit, surveillée par la Professeur d'archéologie, qui l'avait veillé jusqu'au matin, dans le fauteuil de l'autre côté du divan.

Elle ne portait qu'un simple kimono bleu pâle aux multiples motifs blancs, qui lui tombaient aux genoux. Ses petits pieds si délicats étaient bien au chaud dans des petites pantoufles en laine.

«Je suis venu te présenter des excuses, tout à l'heure je t'ai fait une proposition qui était déplacée, je ne veux pas minimiser ma faute, mais l'alcool que j'avais bu a dut m'y aider. Pardonne-moi d'avoir essayé de profiter de la situation, ce n'est pas professionnel du tout ! » lança d'une voie gênée la fameuse archéologue.

« Vous m'avez bien dit qu'avant de tomber dans les vapes l'autre soir, je vous ai dévoilé les sentiments que j'ai depuis des semaines pour vous et vous ne m'en avez pas tenu rigueur et maintenant vous voudriez, sous prétexte que vous m'avez, sous le coup de l'alcool, avoué les vôtres à mon égard, que je vous en veuille ? Non Professeur cela ne fonctionne pas comme cela ! » dit de manière très douce, la jeune latina.

Tout en disant cela elle passa sa main sur l'arrière du divan. Puis continua, en regardant de manière lascive Marna.

« Vous m'aviez, il y a quelque jours, proposé que si je le désirais, vous me donneriez des cours sur les fouilles archéologique en privé. N'est-ce pas Professeur ?

«Euh, oui c'est exact, mais vu les circonstances, je pense que les fouilles sont suspendues pour quelques semaines au moins. » répondit Miss Reyes.

Alors en appuyant sur une touche d'un panneau de commande caché derrière le bras du sofa, la lumière baissa quelque peu pour donner une ambiance chaude et feutré. En appuyant sur un second bouton une musique douce et romantique se fit entendre.

Marna posa les deux coupes et la bouteille d'alcool sur un guéridon à côté de la porte et demanda :

«Et maintenant où en somme nous donc, toi et moi Lupita ?»

Lupe Fuentes, alors, appuya sur un troisième bouton et le sofa s'ouvrit dévoilant un lit deux places bien molletonné, puis elle lança sans ménagement alors, que Marna refermait la porte de la petite pièce éclairée que par un faux feu de cheminée, une applique murale et la pâleur de cette belle nuit étoilée :

« Professeur ce cours de fouilles, je pense que cette nuit j'en aurai vraiment besoin ! »

Elle avait à peine finit cette phrase, qu'elle défit, le ceinturon de son kimono et fit glisser le vêtement à ses pieds, (comme seule une professionnelle de l'effeuillage sait le faire), dévoilant toute son intimité à son invitée.

Lupita ajouta, pour bien faire comprendre à son mentor, ses intentions :

«Si vous avez perdu le sommeil, par ma faute, je ne vais pas vous le faciliter cette nuit, assurément !»

Alors Marna émoustillée par cette jeune femme magnifique qu'elle désirait depuis tout ce temps et qui apparemment avait pour elle une réelle attraction sentimentale, s'avançât vers Lupe en souriant. La nuit était tout à elles et les deux archéologues méritaient bien une pause câlins, dans la trépidation de ces derniers jours.

*Rocinante la chanteuse de cabaret : L'ex fusiller marin, Shaïma Diniz, s'était découverte déjà dans le Corps des Marins impériaux, le don de la chanson et s'étant aperçut qu'elle ressemblait très étrangement, aussi bien au plumage qu'au ramage, à la chanteuse prés exodienne, Pepsi Demacque. Elle avait tout naturellement inclut sa plus fameuse chanson, (Man in the rain) dans son répertoire, qui l'a fait connaitre dans la capitale. De temps en temps elle accepte de monter sur scène pour interpréter quelque pots-pourris de cette époque lointaine et tant mystérieuse pour les anthropologues actuels.

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