IL DIMANCHE

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IL l’embrasse dans l’embrasure de la porte. Derrière le lit en débâcle, empreinte sauvage d’une passion d’après-midi. La douche fume encore. Le sac de sport sur l’épaule, IL rejoint sa jaguar. Noire, vitres teintées, les jantes boueuses trahissent une patience de parking de rugby. La clef dans le contact, elle ronronne le mâle retrouvé. IL caresse le tableau de bord noyer finition brillante avant d’enclencher la première. Le paysage s’inscrit dans le rétroviseur. La maison, le jardin, le portail puis la circulation. Des phares de mauvais goût filent en traînées lumineuses. IL leur pardonne pour peu qu’ils lui laissent le chemin libre. IL les dépasse sans bruit, seul le feulement du V8 5L Suralimenté 510PS perturbe le soir. IL avale le bitume pleins feux, les rubans blancs disparaissent sous le bas de caisse. IL gomme les courbes de la meilleure des trajectoires. ELLE lui avait offert une semaine chez Ferrari pour… pour quoi déjà ? Ça faisait si longtemps. La silhouette du manoir se découpe sur fond noir grâce à ses fenêtres illuminées. ELLE ne peut vivre seule sans éclairer toutes les pièces. Les enfants partis, ELLE frise le ridicule avec ses peurs enfantines. IL les trouvait charmantes autrefois. IL l’a trouvait attirante naguère. Puis la famille s’est effilochée. Le Fils à polytechnique et l’Aînée en Amérique du Sud, la Fille en pleine ascension et la Mère échouée sur les rives d’une solitude soudaine. ELLE n’a pas su se remettre en selle, ELLE n’a pas voulu se jeter dans l’arène. IL lui a proposé son aide, un poste de bras droit entre sa secrétaire et son comptable, mais ELLE l’a rejeté. IL n’y peut rien si ELLE a préféré ses souvenirs à son présent.

ELLE l’attend sur le seuil, les bras croisés. ELLE tremble. Le froid la mord par bourrasques violentes. Ses cheveux battent au front, giflent aux joues. ELLE pleure dans le halo des phares. IL gare la jaguar dans le garage au portail de bois automatique. IL s’arrange un sourire et s’empare de son vieux compagnon de sport, son mensonge de cuir. IL la rejoint le verbe inquiet. ELLE le gifle de toute cette vigueur accumulée par une attente trop longue. ELLE tente un second coup mais IL lui a saisi le poignet. Jamais on ne l’a frappé. Ni son père, ni sa mère, ni ses camarades, ni ses adversaires. IL n’admet pas la violence. Jamais IL ne s’est abaissé à cogner qui que ce soit. IL l’entraine dans le salon cathédrale. ELLE hurle, ELLE se répand en insultes humides. IL se sert un bourbon.

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