JE LUNDI TROP TÔT

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Ma paillasse pustule d’humidité, tâches de solitude. Elle flotte sur le plancher ; y a belles lurettes que les draps se sont fait la malle. Mes os dégringolent de peu depuis que je suis tombé de haut. Heureusement, la fenêtre perce cette damnée geôle. Du simple vitrage pour mieux respirer. J’exhale des nuages de froid, je bronche du sang. Trop peu de santé pour partager une coloc, encore moins pour allumer une amitié.
J’urine bruyamment dans la porcelaine d’un broc récupéré sur le dos d’une cloche. La fonte teinte mieux mais ça fait moins chic. La voisine tambourine. C’est l’heure d’aller au turb’.

Le mixer déboule. Geyser de couinements. J’ai la capsule qui éclate. Mes yeux jaunes coupent dans la masse. Je me fraye un chemin au scalpel. Droit dans le wagon en chahut. Ça grogne en poil de chine. Je capuchone. Glauque, sans ipod ni bouquin, je lis par-dessus les épaules des bribes du monde. Des bouts de convers’ que je vomirai à la machine à café. Œuvre sociale.

On me cogne des coudes, on me grimace. Et le mixer qui secoue les soupes du ptit dèj’. Ah putain de puanteurs. Nos miasmes dansent au-dessus de nous mais on s’ignore. J’ai piqué du gel désinfectant dans un supermarché qui s’est découvert des vertus citoyennes. Je suis protégé. Les jours sans café, je me brosse les dents avec. Ca parfume l’haleine. Une vraie invite à s’enfourcher les langues. Le mixer dégueule sur le quai. On coule tous dans le même couloir. J’ai le falzar qui court tout seul. Il suit ses confrères dans les escaliers. Il colle au rythme, il m’entraîne vers le clair. Le néon m’aguiche, l’affiche triche mais je plonge. Lagons de clichés pour friqués fagocités. Pin-up scotchée au sourire éclaté. Et mon futal qui me tire aux gris, le visage en arrière, les idées accrochées aux mamelles de la godiche encartée.

Il me jette sur le bitume. Les phares crissent. Le tricolore clignote. Je m’esquive dans le rade habituel. Le serveur bave des vœux de petite monnaie pour un blanc limé. J’avale sec puis je quinte une suite de glaires à vider les lieux. J’expectore sur le trottoir en m’enfournant une tige. Ça relance les vapeurs du soleil. Je pense du mieux. Je broie en bleu. L’émail des chauffards détone au ralenti, ils éclaboussent les pare-brises. Le rose des lèvres tourne au mièvre. L’arlequin d’hier revient se planter dans le dos de l’épouvantail au centre du concert. Il pantomime la matraque élastique et le sifflet symphonique.

« Pardon m’sieur ». Un jeune con m’a bousculé. J’ai failli me démantibuler sous le coup de son acné. Tant de fraîcheur à faner. Ça me fout la nausée. Alors je gerbe. D’abord dans le caniveau à cause d’un clebs relié à mémère puis sur mes pompes. Je me torche les babines d’un revers de velours façon prof en bout de gouffre. Bon dieu, pourquoi la descente est toujours canine ?

Mes godasses poissent l’asphalte. Je chuinte direction sud. Les tours s’épanchent en verres fumés sur brouillard filandreux. Elles s’abaissent sur mon passage en menaces souffreteuses. Elles déversent des soupçons métalliques par gouttes acides. J’abonde en suées d’un froid panique. Mes pieds grincent au complot. Ils chamadent jusqu’au cœur précipitant mes poumons au bord des lèvres. J’halète. Je protège mes ruines sous un bras en opposition, les jambes brisées par l’angle pointu des genoux. Les guillotines suspendent leur vol.

Je pendouille en tissus trempés. La bouche à feu éructe des litres d’injures sur mes guiboles en flagelle. Les tours se sont redressées. Elles se gaussent derrière leurs vitres fumées.

Mauvaise matinée.

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