Chapitre 29 - Fuite éperdue

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La jeune femme avançait dans les profondeurs de la nuit. Elle voulait partir d'ici, même si cela signifiait trahir sa tante. Jaelith avançait le long des couloirs du palais royal, se dirigeant vers la prison. A cette heure tardive, peu de gardes parcouraient les couloirs, et seul le silence régnait. Telle une ombre, elle marchait silencieusement vers son objectif. Pourquoi cet humain l'omnibulait autant ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à faire confiance à Enki ? Pourquoi avait-elle ce pressentiment qui lui enserrait le cœur ?

Sidan était aveugle. Mais elle, Jaelith, ne se laisserait pas faire. Elle ne laisserait pas les choses comment elles étaient. Elle voulait comprendre. Soudain, elle s'arrêta. Quelqu'un la suivait. Elle en était sûre et certaine. Elle se retourna et le vit. Il s'avança vers elle et elle sourit. D'une voix basse, elle demanda :

— Kerninos ? Mais qu'est-ce que vous faites ici ?

— Je pourrais vous retourner la question princesse.

Le sage la dévisagea de son regard perçant avant de prendre à nouveau la parole.

— Je n'interférerais pas dans vos projets Mais ce que vous comptez faire est insensé.

— Je n'ai pas besoin de votre aide ! Je suis assez grande pour me défendre et prendre des décisions.

Elle l'ignorât et continua son chemin tandis que Kerninos poussa un long soupir. Décidément, cette princesse était vraiment têtue.

Freyki somnolait dans un coin de sa cellule. Il souffrait encore des blessures que l'elfe lui avait infligées. La porte de la cellule grinça et un frisson lui parcouru l'échine. On allait encore le torturer ? Une silhouette féminine se tenait dans l'encadrement de la porte. Faiblement, il prononça son nom.

— Jaelith ?

C’était sûrement son imagination qui lui jouait des tours. Elle ne pouvait pas être là, devant lui, à cet instant. Surtout à cette heure avancée de la nuit, dans une prison aussi sombre et humide. Pourtant, lorsqu’elle prit la parole, il n’y avait pas de doute possible. La voix claire résonna faiblement, prononçant son surnom.

— Roi Loup...

Elle s'approcha lentement de lui et ce dernier eut un mal fou à se relever. Il demanda :

— Qu’est-ce que vous faites dans un endroit pareil ? Et seule ?

La princesse observait son interlocuteur. Elle était sûre et certaine de l'avoir déjà vu ailleurs, bien avant son arrivée dans la cité. D'une voix tremblante, elle avoua :

— J'ai peur. J’ai peur pour moi, pour tous ceux qui sont ici. Enki prépare la guerre, et si je ne peux l'arrêter par moi-même, alors... Je préfère mettre les humains au courant. Pour qu'ils s'y préparent.

— Vous pensez sincèrement que je puisse vous aider en étant coincé ici ? Et vous avez vu dans quel état je suis ?

L'humain lui montra les blessures qui zébraient son dos.

— Je ne sais même pas pendant combien de temps encore je vais supporter les tortures de ce chien !

— Je suis désolée.

Il se tourna à nouveau vers elle. La princesse avait les larmes aux yeux. Freyki secoua la tête et lui dit d'une voix douce :

— Ce n'est pas de ta... De votre faute. Vous n'avez pas à vous excuser.

Il avait du mal à la vouvoyer. Ce n'était pas arriver depuis très longtemps. Mais il avait eu du mal à se mettre dans la tête que la femme qui lui faisait face n'avait plus aucun souvenir de lui.

— Roi Loup...

— Appelez-moi Freyki, ce sera plus simple.

Jaelith hocha la tête et tendit sa main à l'homme à la cicatrice.

— Freyki, je ne sais pas quoi faire exactement, mais je suis sûre d’une chose : je ne dois pas laisser Enki continuer ce qu’il a commencé.

— Pourquoi venir me demander de l’aide, à moi ?

— Je… J’ai essayé de vous oublier, Freyki. Mais je n’ai pas pu. Je ne sais pas ce que je dois faire.

Elle le regardait de ses grands yeux bleus, innocents. A cet instant, le roi loup sentit son cœur fondre complètement. Elle l’avait peut-être oublié, mais quelques souvenirs persistaient au fond d’elle. Et parmi ses souvenirs, son amour pour cet homme. Une voix ferme se fit entendre à l'entrée de la cellule.

— Bien, mais comment comptez-vous sortir d'ici sans vous faire repérer ?

Jaelith tourna la tête vers le sage. Elle ne s'était pas rendu compte qu'il l'avait suivi.

— Je n'ai pas pensé à cela.

Kerninos porta la main à son front qu'il massa en soupirant.

— Vous êtes une véritable tête brûlée princesse. Vous n'avez même pas réfléchit à cela.

Il leurs fit signe de le suivre et tout trois s'engouffrèrent dans le couloir. L'elfe les emmena dans la salle qui se trouvait à côté de la salle des tortures. Il ouvrit lentement la porte et vérifia que personne ne s'y trouvait.

— Bien... Bien...

Il referma la porte quand ses compagnons furent entrés et chercha une petite fissure dans le mur de briques. Il y eut un petit bruit et le mur s'ouvrit sur un très long couloir sombre.

— Ce chemin vous mènera au-delà de la cité, en plein cœur de la forêt.

— Vous ne venez pas avec nous ?

La jeune femme lui avait posé la question, l'air inquiet. Kerninos secoua la tête.

— Je ne peux pas me dresser contre ma propre famille. Enki est mon frère, et malgré tout ce qu’il a pu faire, il le reste. J’essayerai de lui parler, de lui faire prendre conscience que cette guerre est absurde.

La voix de Freyki se fit entendre.

— Nous devons nous dépêcher.

— L'humain a raison, princesse. Ne tardez pas plus. Votre disparition ne passera pas inaperçue. Partez.

C'était un ordre. Tous deux s'engouffrèrent dans le sombre couloir. Jaelith se retourna et vit que le sage refermait le passage. Elle aurait voulu le remercier pour les risques qu'il avait pris, mais ce n'était pas le moment.

Elle était nerveuse. Plus ils s’éloignaient de la cité d’argent, plus la jeune femme se sentait perdue. Elle tremblait de tous ses membres, et Freyki n’avait pas réussi à la rassurer. De temps à autre, elle marmonnait des paroles qu’il ne comprenait pas.

— Tout se passera bien Jaelith.

— Vous en êtes sûr ?

— Je vous en fais la promesse.

— Freyki, je…

Mais elle n’arrivait pas à finir sa phrase tant la peur qu’elle ressentait était extrême. Tout ce qu’elle ressentait à cet instant était coincé au fond de sa gorge. Ses émotions, ses désirs, ses craintes… Elle baissa la tête et regarda à terre.

Elle voulait lui dire quelque chose, mais elle ne savait pas quoi exactement. Elle ne supportait pas l’idée de se cacher derrière lui, mais était incapable de se défendre seule. Il ne lui viendrait même pas à l’idée de prendre une épée pour se battre. Elle ne savait pas ce qui l’attirait chez cet homme. La jeune femme refoula cette idée et ses sentiments au plus profond de son cœur. Ce n’était pas le moment. Un long voyage l'attendait. Et même si elle n'était pas seule, elle ne savait pas comment elle allait s'en sortir.

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