Chapitre 8 - Dispute

5 minutes de lecture

Le repas qui suivit se déroulait à merveille. La discussion s'orienta rapidement vers la carrière de la jeune femme.

— Capitaine Paladin ? Ne penses-tu pas que cette charge serait mieux pour un homme avec plus d’expérience ?

La voix du marchand transpirait l'inquiétude. Elle soupira longuement avant de lui répondre.

— Grand-père, ce n'est pas comme si j'allais me battre à l'autre bout du monde. Je m'occupe de l'entrainement des nouvelles recrues ici, à Goldrynn. Ma tâche de capitaine se résume à cela pour le moment.

— Pour le moment ?

Elle acquiesça d'un léger signe de tête.

— Bien entendu, s’il y a un problème quelconque, il y a quand même un risque. Je devrais partir me battre...

Elle souleva son verre de vin avant de continuer.

— Mais tu devrais savoir que je ne me laisserais pas tuer si facilement.

Jaelith portât le verre à ses lèvres. Il y eut un long silence que le vieil homme brisa.

— N'est-il pas possible de demander au seigneur Paladin de te retirer ce...

— Il n'en est pas question !

La voix de la jeune femme avait résonnée dans la salle. Son regard, qui fixait celui de son grand père, était à présent dur. D'une voix froide, elle continua.

— Si Gareth… Enfin, je veux dire, le seigneur Libram pense que je suis capable d'être capitaine, alors je ne vois pas pourquoi je ne devrais pas continuer.

Elle se leva de table et sortit de la salle, laissant les deux hommes seuls. Cederman leva les yeux au ciel en soupirant longuement.

— Cette petite a le même caractère que sa mère. Elle ne comprend pas que je m'inquiète pour elle...

Freyki posa le verre de vin qu'il venait de terminer sur la table.

— Jaelith sait très bien que vous vous inquiétez pour elle. Tous ceux qui la côtoient s'inquiètent pour elle. Et c'est ce qui la fait avancer... Parce qu'elle déteste ça.

Depuis le temps qu'il la côtoyait, il avait bien comprit pourquoi elle agissait ainsi. Pourtant, il lui arrivait souvent de la sous-estimer et de la froisser. A son tour, l'homme à la cicatrice se leva de table.

— Si vous voulez bien m'excuser, je vais tenter de ramener cette petite rebelle à table. Il serait dommage de finir un si bon repas sur cette dispute futile.

Il s'inclina légèrement et sortit de la salle.

Jaelith, du balcon où elle se trouvait, observait les étoiles. Pourquoi personne ne voulait comprendre qu'elle n'était plus une enfant et qu'elle était capable de se défendre seule ? Elle soupira longuement. Tout le monde voulait la protéger sous prétexte qu'elle était une femme. Mais ce qu'ils oubliaient, c'est qu'elle s'était souvent battue et qu'elle avait souvent gagné. La jeune femme sentit alors une présence dans son dos et se retourna. C'était Freyki.

— Que fais-tu ici ?

— Le repas n'est pas terminé. J’ai cru comprendre que le dessert allait être servit dans quelques minutes. Et qu'il était des plus délicieux. Ce serait dommage de rater ça.

Il s'approcha lentement d'elle, et Jaelith releva la tête vers les étoiles. Elle ne voulait pas croiser le regard de son amant. Pas maintenant.

— S'il te plait, laisse-moi seule.

Le roi loup eut un rire forcé.

— Seule ? Pour qu'il t'arrive encore quelque chose ? Un enlèvement ? Une guerre ? La fin du monde peut être ?

Elle s'était mise à rire. Cela dura quelques instants avant qu'elle ne reprenne son souffle.

— Je ne pensais pas que tu avais un sens de l'humour.

— Il n'est pas terrible en revanche et tu m'en vois désolé...

— C'est vrai, mais ça ne fait rien.

La nuit était belle, et tout deux levèrent les yeux vers les étoiles qui brillaient de mille feux. Freyki s'était rapproché de la jeune femme et l'enveloppa dans ses bras.

— Mais qu'est-ce que tu fais ?

— Tu es toute tremblante de froid. Ce serait vraiment dommage que tu tombes malade.

Jaelith avait rougit. Un léger sourire s'était dessiné sur son visage. C'était une sensation agréable. Elle se sentait si bien dans les bras de son amant. Son regard plongea dans le sien. Quelque chose sur son visage était plus doux que d’habitude. Il souriait. Au bout de quelques longues minutes, il l'invita à retourner à l'intérieur et elle le suivit sans faire d'histoires. Le repas se termina sans autre problèmes. Beaucoup de banalités furent échangées, et chacun évita de parler de la future carrière du capitaine Paladin.

La nuit était bien avancée quand Freyki accompagna la jeune femme jusqu'à sa chambre. Jaelith poussa la porte qui s'ouvrit dans un grincement. Elle s’assit alors sur le bord de son lit, observant son amant qui referma doucement la porte derrière lui.

— La soirée aurait pu mieux se passer, tu ne penses pas ?

La voix de la jeune femme semblait empreinte de remords.

— Mais elle n'est pas terminée.

Freyki s'était agenouillé et lui avait retroussé sa robe, découvrant les longues jambes pâles.

— Mais qu'est-ce que tu fais ?

Jaelith rougissait comme une pivoine et sentit ses jambes trembler aux endroits où le roi loup la touchait. Le souverain, un sourire malicieux sur le visage, lui répondit :

— J'ai l'impression que ça fait des jours que j'attends ce moment.

Il se releva vers elle et posa ses lèvres sur les siennes. Malhabilement, ils retirèrent leurs vêtements, les lançant à travers la pièce sans se préoccuper de l'endroit où ils atterriraient. Et lorsque enfin chacun pu sentir la peau brûlante de l'autre contre la sienne, leurs lèvres se séparèrent. Ils se regardèrent un long moment sans dire un mot, leurs yeux remplis d'amour. La nuit allait être longue.

Lorsque Freyki ouvrit les yeux, Jaelith n'était pas couchée auprès de lui. Il tourna la tête vers la coiffeuse et la vit. La jeune femme venait de terminer de coiffer ses longs cheveux dorés et les attachaient avec un long ruban de soie bleu. Elle se tourna vers l'homme à la cicatrice avec un léger sourire. Il lui demanda, d'une voix enrouée par le sommeil :

— Tu es réveillée depuis longtemps ?

— Presque une heure... Aujourd'hui, c'est mon premier jour en tant que capitaine des paladins de Goldrynn, il serait mal vu que j'arrive en retard, tu ne penses pas ?

Freyki s'assit et passa ses mains dans ses cheveux ébouriffés pour les mettre en arrière.

— C'est vrai... Tu penses en avoir pour longtemps ?

— La journée... Il va falloir que je vérifie les points forts et faibles de chacune des recrues. Tout cela risque de me prendre un temps fou.

Elle se leva et enfila une tunique blanche qu'elle attacha rapidement.

— Connaissant Elrynd, il a du faire quelques tests hier dans la journée. Pour me délester un peu, je suppose.

Elle soupira tout en enfilant ses bottes en cuir.

— Jaelith...

La voix du souverain était presque suppliante lorsqu'il prononça son nom. Il allait lui demander de rester avec lui, mais il se ravisa. Il connaissait le caractère de la jeune femme.

— Bon courage pour ce premier jour alors.

— Merci.

Elle déposa rapidement un baiser sur les lèvres de son amant et sortit en hâte de la chambre.

Annotations

Vous aimez lire Elizabeth Fendel ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0