Chapitre 9 - Entraînement

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Elrynd entra dans son bureau. La première chose que l'on pouvait voir était la gigantesque carte de Fereyan accrochée sur le mur du fond. C'était un cadeau que Freyki lui avait offert pour sa promotion de général. La carte était détaillée. Il y avait les forêts, les montagnes, les cours d'eau, les différentes villes et villages. Le jeune homme ne savait pas en quoi cette carte pouvait vraiment lui servir. Il n'était pas du genre à partir à l'aventure tous les quatre matins. Surtout pas avec ses nouvelles fonctions. Il alla s'asseoir à son bureau, une fois qu'il eut soigneusement fermé la porte, il commença à lire un rapport concernant les nouvelles recrues de la veille. Quand Jaelith arriverait, il la laisserait faire ses preuves à ce sujet. La connaissant, elle commencerait d'abord à défier les nouvelles recrues une par une pour vérifier leur adresse à l'épée. Elrynd eut un large sourire en y pensant. Il entendit quelqu'un cogner à sa porte. Il se leva et se leva pour aller accueillir celui ou celle qui le libérait enfin de ses fonctions administratives. Le général ouvrit la porte et se trouva face à Jaelith.

— Tu es en avance, c'est plutôt rare...

Elle lui fit un sourire.

— Comme si mon genre était d'être toujours en retard. Ce n'est pas très agréable à entendre.

Elle tenta de prendre une mine boudeuse, mais n'y arriva pas. Elrynd l'invita à s'assoir face à lui à son bureau.

— Tu te sens prête à prendre en charge les nouvelles recrues ?

— Oui bien sûr. Je pourrais leur apprendre sans problème les bases du combat à l'épée, mais concernant le contrôle de la lumière...

— Il y a un problème ?

Elle acquiesça.

— A Silverlake, le seigneur Libram m'a donné des cours particulier à ce sujet. C'était lamentable. Je ne pense pas avoir réussi une seule fois.

Elle baissa la tête, honteuse. Elrynd se racla la gorge.

— Bon... Pour le moment, tu t’occuperas de leur apprendre les armes. Je m'occuperais du contrôle de la lumière quand le temps me le permettra. Aussi bien pour eux que pour toi.

Jaelith soupira. Passer plusieurs heures à se battre pour faire briller une flamme ou attaquer les points précis d'un mannequin en bois ne l'enchantait pas vraiment. Mais elle n'avait pas le choix.

— Très bien. Dois-je t'attendre sur le terrain ?

— Pas ce matin. Je suis attendu dans la salle de réunion. Avec le roi, nous allons parler de la situation actuelle dans le royaume. Vu qu’il ne se passe pas grand-chose en temps de paix, il n'y aura pas non plus grand-chose à raconter.

La jeune femme hocha la tête et demanda :

— Vers quelle heure sont rassemblées les nouvelles recrues ?

— Elles seront dans la grande cour dans un peu moins d'une demi-heure. Tu sais déjà ce que tu vas leur faire faire pour aujourd'hui ?

— Bien entendu.

Elrynd haussa les épaules tandis que la jeune femme sortit de son bureau. Le terrain d'entrainement était encore vide à cette heure-ci. Jaelith s’étira pendant quelques minutes avant de prendre une épée en bois. Elle commença par s'entrainer sur l'un des mannequins en bois en attendant un véritable adversaire, puis s'arrêta au bout de quelques minutes. Il ne fallait pas qu'elle épuise toutes ses forces avant les combats qui allaient suivre.

Les jeunes recrues arrivèrent peu de temps après, en rang organisés, attendant les ordres. Elle fut tout d'abord surprise de voir des personnes aussi jeunes. Elle était un peu angoissée, mais savait très bien ce qu'elle allait demander. Sa voix résonna dans la cour :

— Mon nom est Jaelith Librevent et je suis votre capitaine. Je m'occuperai de vous former au combat à l'épée. Mais tout d'abord, j'ai besoin de cerner votre niveau personnellement.

Un léger sourire sur le visage, elle serra l'épée en bois qu'elle tenait à la main.

— Chacun d'entre vous se battra contre moi. Montrez-moi ce que vous valez.

Le tour de Frederik arriva rapidement. Cette dernière avait été stupéfaite par la rapidité et l'agilité de la jeune femme. Chacun des combats qu'elle avait menés jusque-là s'était déroulé rapidement. En quelques minutes, elle avait mis ses adversaires à terre.

— Suivant !

La voix de la femme capitaine la sortit de sa rêverie. Frederik se plaça face à elle, une longue épée en bois dans les mains. Jaelith afficha un demi-sourire.

— N'hésite pas à attaquer quand tu te sentiras prêt.

Frederik hocha la tête. Elle fit le vide dans son esprit. Même si elle faisait confiance à son adversaire (Jaelith n'était pas là pour blesser les nouvelles recrues), il n'était pas question qu'elle fasse un faux pas. Les épées en bois, même si elles ne coupaient pas, étaient lourdes et pouvaient causer de sacrées bosses.

— Je suis prêt.

Jaelith se mit en garde, attendant l'attaque de son adversaire. Les épées s'entrechoquèrent dans un immense fracas. La semi-elfe eut un large sourire. La vitesse et la force de frappe de Frederik n'avaient rien à voir avec les autres recrues qu'elle avait affrontées jusque-là. C’était impressionnant. La femme capitaine se contentait de parer les attaques. Au bout de quelques minutes, elle avait de plus en plus de mal à tenir. Analysant la situation, elle cherchait un moyen de reprendre le dessus. Rapidement, elle remarqua que Frederik ne surveillait pas le placement de ses jambes. Alors le capitaine tenta le tout pour le tout. D'un mouvement rapide et gracieux, elle se baissa, évitant un coup d'épée, et frappa l'arrière du genou gauche de la recrue. Frederik tomba à genou, surprise. Jaelith pointa son épée face à son visage. Essoufflée, elle lui lança un large sourire.

— Pas mal... Tu es doué...

Frederik se releva lentement. La douleur derrière son genou gauche était vive. Jaelith ne l'avait vraiment pas raté. La femme capitaine baissa son épée.

— Surveille tes jambes. C'est ce qui t'as couté la victoire aujourd'hui.

La recrue hocha la tête. Allant à une petite source d'eau froide, Jaelith s'était rafraîchit le visage pour se débarrasser de la sueur engendrée par le combat. Elle tourna la tête vers les recrues qu'elle n'avait pas encore testées. Il en restait trois et elle était épuisée. Jaelith laissa leur après-midi aux nouvelles recrues.

Après un repas rapide à la cantine, elle s'installa à l'ombre d'un des arbres de la cour. Elle tentait de rédiger son rapport, mais au bout d'une heure, elle abandonna. Décidément, elle n'était pas faite pour rester derrière un bureau à écrire. Jaelith posa les quelques feuilles qu'elle avait noircies d'encre à même le sol et leva les yeux au ciel. D'un côté, elle était heureuse d'être ici. La paix s'était enfin installée à Fereyan. Mais d'un autre côté, elle avait soif d'aventures et aspirait à autre chose que de rester le restant de ses jours à Goldrynn. Jaelith soupira longuement et repensa à Freyki. Elle aimait le souverain de tout son cœur mais ne voulait pas devenir reine. Elle voulait juste être à ses côtés, tout simplement. Elle se demanda si elle ne devait pas refuser sa demande. Ou alors partir. S’éloigner de lui le plus possible et, peut-être, finir par l’oublier. La jeune femme était perdue dans ses pensées quand une voix familière lui adressa la parole.

— Encore à rêvasser Jaelith ?

C'était Elrynd. Ramassant les feuilles de son rapport, Jaelith se releva.

— Tu n'es pas avec Freyki à cette heure-ci ?

Le jeune homme aux cheveux longs et châtains se tenait droit devant elle, vêtu d'une impressionnante armure de fer blanc qui brillait dans la lumière du jour.

— Il m'a congédié. La réunion a été beaucoup plus courte que prévue. Et toi ? Tu t'en sors avec ce rapport ?

— Pas du tout. Je me demande si le seigneur Libram n'a pas fait une erreur en me nommant capitaine...

Le regard de Jaelith se perdit vers le ciel sans nuages. Elrynd secoua la tête.

— Je ne pense pas qu'il ait fait une erreur. Le problème, c’est que tu n'as pas assez confiance en toi. Allez, va donc prendre une épée. Je vais te montrer que tu es digne d'être capitaine !

La jeune femme déposa rapidement son rapport avant de rejoindre le général au milieu de la cour d'entrainement. Épée à la main, Elrynd s'inclina légèrement pour la saluer. Jaelith se plaça face à lui. Autour d'eux, quelques apprentis paladin s'étaient rassemblés pour observer le combat qui allait avoir lieu. Ce fut Jaelith qui frappa la première. Le général para le coup sans difficulté avant de répliquer. La jeune femme esquiva en se jetant sur le côté. Elle tenta de toucher son adversaire au flanc, mais n'y arriva pas.

Elrynd recula afin de mettre un peu de distance entre eux. Elle était toujours aussi rapide et agile. C'était un point qu'il ne devait pas oublier. Il l'avait déjà combattu de manière amicale et connaissait ses points forts et ses faiblesses. Il savait aussi que Jaelith misait tout sur la vitesse, pas sur la force. Le jeune homme pouvait se permettre de prendre quelques coups de sa part si cela lui permettait de la mettre hors de combat. Elle observait son adversaire. Serrant son épée, elle se jeta sur son côté droit et frappa. Elrynd la laissa faire et lui donna un coup d'épée à l'épaule. Jaelith lâcha son arme et tomba au sol. Elle ne s'attendait pas à cela. Le général l'aida à se relever.

— Tu devrais mettre un peu plus de puissance dans tes coups.

— Je sais... Mais je préfère privilégier ma vitesse de frappe.

— Ce n'est pas une mauvaise chose... Mais ton adversaire ne doit pas pouvoir se relever.

Elle hocha la tête. Elrynd rangea l'épée en bois qu'il portait.

— J'ai un rendez-vous important cet après-midi. Je reçois une recrue un peu... Spéciale. Tu as quartier libre, Jaelith.

La jeune femme se retint de montrer sa joie. Elle savait déjà ce qu'elle allait faire du reste de sa journée.

Frederik avait tout observé. Elle avait été impressionnée par ce rapide combat. Tout s'était joué en l'espace de quelques secondes. Elle se demandait si un jour elle parviendrait à atteindre un tel niveau. La jeune recrue décida de passer son après-midi à s'entrainer, contrairement à ses camarades. Elle les avait observés. Peu d'entre eux avaient été capable de contrôler la lumière. Et encore moins de se battre correctement avec une épée. Frederik fit un sourire. Elle y arriverait. Si cette femme paladin était devenue capitaine, alors pourquoi pas elle ?

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