Chapitre 2 - La nouvelle capitaine

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La jeune femme se réveilla en sursaut. Le rêve, ou plutôt le cauchemar, qu'elle venait de faire était des plus étrange. Pourquoi personne ne la voyait ? Elle secoua doucement la tête et finit par se persuader que ce n'était qu'un simple rêve sans véritable importance.

Jaelith se leva et se changea rapidement après une petite toilette. Elle n'allait pas arriver en retard à sa propre promotion quand même. La dame paladin avait revêtu son armure. Elle avait attaché ses cheveux pour ne pas être gêné par ceux-ci pendant la cérémonie de promotion. La jeune femme était plus que tendue, et Freyki n'était pas là pour l'encourager.

— J'espère que tout va bien se passer.

Elle tenta de contrôler sa respiration, en vain. Le trac la paralysait presque totalement. Elle ne savait même pas ce qu'elle aurait à faire véritablement pendant les prochaines minutes. Derrière elle, quelqu'un parla.

— Ce n'est qu'une simple formalité ma jeune élève. Cela ne sert à rien de te mettre dans des états pareils. J’entends les battements de ton cœur qui résonnent jusque dans mes oreilles !

La voix de Gareth Libram se voulait rassurante au possible.

— Beaucoup de paladins et de prêtres sont passés par ici bien avant toi, et aucun n'en est mort. Mis à part de peur, bien entendu. Comme toi en ce moment.

Il s’était mis à rire de bon cœur. Jaelith lui lança un léger sourire, mais elle avait toujours cet air tendu. Le vieil homme avait lui aussi mit son armure qui étincelait à la lumière du jour. A son côté se trouvait l'épée qui avait frappé la matrone Lieran pendant la première guerre de la Griffe Noire. Gareth la replaça correctement avant de reprendre.

— Je pense que ta mère serait fière de toi en te voyant aujourd’hui jeune fille.

Jeune fille... Jaelith était loin d'être aujourd'hui la même jeune fille qui était arrivée à Silverlake en ce jour tragique. Elle avait murit, enfin, c'est ce qu'elle pensait. Elle était devenue une femme.

— Ce qui me fait véritablement peur, c'est de ne pas savoir ce qui m’attendra une fois de retour à Goldrynn.

La voix de la jeune femme tremblait. Elle respira un grand coup. En vain. Jaelith était toujours aussi tendue. Gareth s'avança alors sur la petite estrade, seul. Il leva le bras droit, et le silence se fit parmi la foule. De sa voix puissante, il prit alors la parole.

— Enfants de la Sainte Lumière, écoutez-moi ! Nous sommes réunis en ce jour pour célébrer l'avancée d'un membre de notre ordre. Notre sœur ici présente, Jaelith Librevent, deviendra à partir d'aujourd'hui capitaine.

La jeune femme s'avança près de son mentor, observa discrètement la foule présente et s'arrêta face à lui. Gareth lui fit signe de s'agenouiller, ce qu'elle fit en tremblant. Lentement, il sortit son épée de son fourreau et la posa doucement sur l'épaule gauche de Jaelith. Sa voix résonna dans le silence religieux de la salle.

— Aujourd'hui, enfant de la Sainte Lumière, tu deviens capitaine. Honore ton rang. Prie la lumière de t'aider dans les choix futurs. Guide celles et ceux qui te suivront.

Le vieux paladin rangea alors son épée et la jeune femme se releva. Elle se tourna vers la foule, qui attendait qu'elle prenne la parole. Si elle avait su qu'elle aurait à s’adresser à autant de personne, elle aurait préparé un discours à l'avance. Elle tourna sa tête vers Gareth qui restait stoïque. Il n'y avait aucun aide à espérer de ce côté-là. Au bout de quelques secondes, Jaelith prit son courage à deux mains et se lança.

— Frères et sœur, enfants de la Sainte Lumière, c'est un grand honneur pour moi d'accepter la charge de capitaine des paladins.

Elle s'arrêta un instant pour observer la réaction de la foule, et cette dernière semblait pendue à ses lèvres. La jeune femme continua.

— Je jure par ce que j'ai de plus cher que j'accomplirais les tâches qui me seront confiées avec zèle. Jamais je ne mettrais en doute la Lumière. Que cette dernière me guide et me montre la voie.

Jaelith sortit à cet instant son épée et la brandit devant les personnes présentes qui s’étaient mise à l'applaudir chaleureusement. Gareth était fier de son élève. Il regrettait presque de la voir partir et retourner à Goldrynn. Mais c'était sa destiné.

La jeune fille était acclamée par la foule et avait du mal à refuser de serrer les mains qu'on lui tendait. Et dire qu’il n’y a pas si longtemps encore, certains de ses camarades la haïssait au plus haut point. Parce qu’elle était une femme, parce qu’elle voyait les choses autrement. Parce qu’elle appréciait la compagnie des dragons. Mais aujourd’hui, tout était différent. Le vieux paladin la laissa s'habituer à sa nouvelle notoriété et s'éloigna lentement. L'armure qu'il portait était devenue bien lourde. Il n'avait plus l'âge de se battre et il s'en rendait compte de plus en plus. Il décida de la retirer le plus rapidement possible et se rendit dans ses appartements. Bientôt, il devrait se résoudre à choisir un successeur.

Jaelith eut un mal fou à s'extirper de la foule. Tout le monde voulait la voir de plus près, lui adresser la parole ou tout simplement la toucher. Elle ne comprenait pas vraiment tout cet engouement. Après tout, elle n'était qu'une simple femme paladin.

La fin de la journée passa rapidement, et c'est avec soulagement qu'elle s'enferma dans sa chambre pour y prendre un repos bien mérité. Demain, elle retournerait à Goldrynn et elle le retrouverait. Elle se demandait quel accueil lui réserverait le roi loup. Elle pria la lumière pour que tout se passe bien.

Lorsque Jaelith arriva à l'entrée de Silverlake, Gareth s'y trouvait déjà. Il était habillé simplement et ne portait que son épée à sa ceinture. Il fit un signe à la jeune femme.

— Hé bien jeune fille, tu allais repartir comme une voleuse sans même me dire au revoir ?

Tout en disant cela, il s'approcha d'elle, les bras grands ouverts. La jeune femme s'y jeta, les larmes aux yeux. Sa voix tremblait d’émotion :

— Vous allez me manquer Gareth. Je tacherais de revenir le plus souvent possible.

— Ne fait pas de promesses que tu ne pourrais pas tenir.

Le vieux paladin savait qu'elle serait débordée de problèmes de toutes parts une fois arrivée à Goldrynn. Il lui donna une petite tape amicale dans le dos et l'invita à partir.

— Si tu n'arrives pas à Tarwatir à temps, le bateau partira sans toi.

Jaelith lui fit un large sourire avant de prendre la route. Pourtant, elle avait les yeux remplis de larmes.

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