Chapitre 5 - Les nouvelles recrues

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Elrynd Kervalen observait les nouvelles recrues arrivées ce matin même. Il y en avait une quinzaine, venue de tout Fereyan dans l'espoir de devenir paladin au service du pays. L'homme leur avait demandé de se ranger en rang. Ils étaient tous bien droit dans leurs armures légères et regardaient droit devant eux. Le général paladin prit alors la parole.

— Tout d'abord, il est de mon devoir de vous souhaiter la bienvenue à Goldrynn.

Son regard balaya rapidement le groupe. Il continua :

— Devenir paladin n'est pas une chose aisée... Pour cela il vous faudra contrôler la Lumière. Et la lumière est libre de vous abandonner quand elle le souhaite, j'en ai moi-même fais l'amère expérience il n'y a pas si longtemps.

Elrynd semblait perdu dans ses souvenirs pendant quelques minutes. Ses yeux s'étaient tournés vers le ciel bleu. Il soupira discrètement avant de reprendre.

— Bien... Chacun d'entre vous va se présenter et me faire part de ses motivations. Pourquoi voulez-vous devenir paladin ? Qu'est-ce qui vous a amené à faire ce choix ?

Il y eu un petit silence, puis il désigna la première personne du rang qui se présenta brièvement.

Frederik tremblait. Elle ne savait pas vraiment ce qui l'avait poussé à s'engager ici en tant que paladin. Elle avait fait un rêve où la lumière l'appelait, ça s'arrêtait là. Elle aurait pu se rendre à Silverlake, à la grande académie, mais savait que la capitale recrutait des paladins. Elle n’avait pas hésité plus longtemps et avait pris la route. La jeune femme aux cheveux cuivrés tentait de cacher sa peur derrière le masque de l'indifférence. La personne qui se trouvait à côté d'elle venait de terminer, et son tour était venu. Elle prit alors une voix ferme.

— Je suis Frederik Rell. Je viens d'un petit village, au nord. J'ai dix-neuf ans.

Elle s'arrêta pendant quelques instants, soutenant le regard d'Elrynd, avant de reprendre :

— Ca va vous paraitre idiot, mais j'ai rêvé de la lumière, c'est pour cela que je suis ici aujourd'hui.

Le paladin la dévisagea avant de secouer la tête avec un sourire au coin des lèvres.

— Ce n'est pas idiot. C'est même de cette manière que la lumière vient chercher ses adeptes dans la plupart des cas. Contrairement à ce que l'on peut penser, les rêves peuvent être très importants.

A cet instant, il repensa à Jaelith. La jeune femme avait fait bon nombre de rêves prémonitoires, inspirés par la lumière elle-même. Il repensa à la destruction imminente de Goldrynn, mise à feu et à sang par le clan des dragons noirs. Si elle n’en avait pas fait part et que personnes n’avait pris les armes, la grande citée ne serait plus que ruines à ce jour. Elrynd eut un léger sourire et posa sa main sur l'épaule de Frederik.

— Restez toujours à l'écoute de vos rêves, jeune homme.

L'apprenti acquiesça silencieusement et le paladin se tourna vers son voisin. Elrynd Kervalen l'avait prise pour un homme. C'était une bonne chose de réglé. Frederik ne voulait pas être une femme paladin aux yeux de tous.

Dans son village, à Breford, les femmes n'avaient pas beaucoup de droits. Elles étaient reléguées au statut de mère et de femme au foyer. Porter une arme ? Impossible ! C'est dans cet environnement que la jeune fille avait grandi. Et elle avait détesté cet endroit. En partant, Frederik avait décidé qu'elle serait un homme. Elle avait renié son passé et sa famille et s'était rendue d'elle-même à Goldrynn pour suivre son rêve. Si cela signifiait mentir à tout le monde au sujet de son sexe, alors elle le ferait. Etre un homme lui avait toujours semblé être plus simple.

La dernière recrue venait de finir sa présentation. Elrynd reprit alors la parole.

— Bien. Maintenant que nous nous connaissons un peu mieux, je veux voir quel est votre niveau au combat à l'épée.

Il montra une caisse remplie d'épées en bois qui se trouvait contre l’un des murs de la grande cour intérieure de la caserne.

— Chacun d'entre vous va prendre une épée et se battre contre l'un des mannequins en bois que vous voyez là-bas.

Il les montra du doigt avant de continuer.

— Imaginez que ce mannequin soit votre adversaire. Montrez-moi comment vous le combattriez. Je vais observer chacun d'entre vous pendant ce temps-là.

Chacune des recrues avait pris une arme.

Frederik soupesa l'épée de bois. Elle n'était pas bien lourde. Une véritable épée serait bien plus difficile à manier. Elle se plaça devant l'un des mannequins et commença à donner quelques coups. Chacun d'entre eux était ponctué par un cri rauque qui venait du fond du cœur. Le mannequin bougeait sous les coups, exutoire de la colère intérieure de l'apprenti. Elle s'imaginait que c'était son père qui était là, face à elle. Elle le revoyait se moquer, l'insulter... Elle frappait encore et encore. La jeune femme voulait devenir paladin à tout prix, et elle ferait tous les efforts possibles afin d'y parvenir. Le jeune général soupira. Peu des nouvelles recrues avaient déjà tenue une épée dans leur vie. Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Il ne comptait plus le nombre de fois où il entendit le bruit d'une arme qui tombait sur le sol. De sa voix puissante, il arrêta le massacre.

— Stop !

Toutes les personnes présentes s'arrêtèrent et se tournèrent vers lui.

— Maintenant vous allez me montrer ce que vous savez faire, chacun votre tour.

Il s'avança près de la première recrue qui fit tomber son épée alors qu'elle allait frapper le mannequin, au grand désespoir du jeune homme. Ce fut rapidement au tour de Frederik. La jeune femme était tendue. Elle voulait montrer le meilleur d'elle-même. Savoir que le général Elrynd Kervalen en personne avait les yeux rivés sur elle la déstabilisait un peu. Elle souffla, prenant le contrôle de sa respiration, et se concentra sur sa cible.

Le paladin fit un signe de tête pour montrer qu'il était prêt. Frederik leva l'épée de bois et frappa. L'épée toucha sa cible mais lui échappa des mains. C'était à prévoir au vu de la puissance qu'elle avait mis. Elrynd fut quand même impressionné par sa hargne. Devant la mine déconfite de cette dernière, il tenta de la rassurer.

— Ce n'est pas trop mal. Il va te falloir apprendre à contrôler ta puissance. Un coup comme celui que tu viens de donner peut être mortel pour l'adversaire, certes... Mais plus encore pour toi si le combat se déroule comme celui que je viens de voir.

Le paladin observa les autres recrues. Peu d'entre elles avait la chance de devenir paladin, il en était sûr et certain. Puis, satisfait, il reprit alors la parole.

— Je vous laisse quelques minutes de repos, le temps d'aller chercher ce dont j'ai besoin pour vérifier votre foi en la lumière.

Il s'éloigna vers la réserve qui se trouvait juste à côté du terrain d'entrainement, laissant là les jeunes recrues. La jeune femme était vraiment déçue de ne pas avoir réussi à faire véritablement ses preuves devant le général. Elle s'en voulait vraiment et donna un coup de pied dans l'une des petites pierres qui se trouvait au sol. Cette dernière tomba un peu plus loin, près d'un autre mannequin.

Frederik serra le manche de l'épée le plus fort possible. Elle voulait recommencer. Elle voulait prouver qu'elle n'était pas une incapable comme on lui avait si souvent dit lorsqu'elle était enfant. Elle leva à nouveau son épée vers sa cible.

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