Secret bien gardé

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[DIMANCHE 15 DÉCEMBRE 2019, 20:03, MAISON D'EZRA]


« Ouais... je sais. Allez ! Raccroche ! Mais non c'est à toi aujourd'hui. Vite ma mère va nous surprendre. Oui... oui... je t'aime mon cœur, on se reparle après, je vais manger. Ouai bisous ! Chuchota une voix, il rigolait.


- Ezra magne toi ! Tu viendras pas râler si c'est froid ! Criait une voix féminine.


- Oui maman ! Répondit-il lentement en s'asseyant à table devant une tartiflette.


- Pour une fois que je ne l'ai pas cramée ! Tu parles à qui comme ça aussi souvent ? T'as une copine ? Dit la mère en rigolant, elle le piquait avec sa fourchette, il rigola.


- Et pas qu'une ! Rétorqua-t-il avec un clin d'œil.


Il essayait toujours de cacher la vérité en hyperbolant un mensonge. Il avait peur que sa mère découvre ce qu'il cachait.


- Ça c'est mon fils, ça ! Cria sa mère en levant son verre. Ezra rit.


Sa mère était très dynamique et impulsive, comme son fils.


- Alors, ton projet de refuge il en est où ? Enchaînait Ezra après avoir avalé une bouchée de son plat qui semblait très chaud, lui faisant avoir les joues rouges du à la chaleur, mixé avec la gêne d'il y a quelques instants. Un camouflage parfait.


- Oh, heureusement que tu m'en parlais, j'allais oublier ! Demande à ta classe si ils, ou leur parents, connaissent des personnes qui ont été rejetées par leur parents, pour n'importe quelle raison. Expliqua sa mère en se versant de l'eau dans son verre.


Ezra se sentait intimement lié à ce projet car, au fond, c'était sa plus grande crainte. Devoir vivre dans un refuge pour ce qu'il est. Loin de sa famille et des personnes chères à ses yeux.


- J'essaierai de voir, t'en fais pas. Papa il rentrera pas ce soir non plus, non ? Demanda Ezra en regardant à la place en face de lui, destinée à son père.


Il était plus habitué à voir un mur avec des photos de famille accrochées que voir son père en face de lui. C'est comme si il faisait parti des meubles, parti du passé.


- Ezra... tu le sais pourtant, il est en opération en Afghanistan. Il ne rentrera pas de si tôt... surtout quelqu'un de son grade. Sois patient, concentre toi sur le lycée, à la fin de cette année tu passes les premières épreuves du bac, ça c'est ta mission ! Déclara sa mère. Elle essayait tant bien que mal de faire changer Ezra d'état d'esprit, en vain.


- Je sais... mais ça fait déjà quelques temps qu'il ne nous a pas appelé. J'ai besoin d'un contact avec lui. Ça fait déjà trois mois qu'il est parti. C'est dur. Répondait Ezra en trifouillant dans son plat avec sa fourchette.


- T'en fais pas, il nous appellera vite, je n'en doute pas ! Allez mange, ne va pas nous faire une purée de pomme de terre dans ta tartiflette ! Tu commences à quelle heure demain ? Demanda sa mère en lui servant de l'eau. Elle avait fini son plat.


- Le lundi c'est toujours à la première heure... J'ai un contrôle directement. J'adore les lundis comme ça. Dit ironiquement Ezra, en mangeant une de ses dernières bouchées.


- Tu vas tout défoncer ! Sinon c'est moi qui te défonce, on est d'accord ? Demanda sa mère en se rapprochant énormément du visage d'Ezra, gros yeux, et sourire taquin bien esquissé.


- Pas besoin de me défoncer, j'aurai facilement une bonne note. C'est de l'anglais ! S'exclama Ezra.


Il a toujours eu un avantage par rapport aux autres élèves. Il était l'un des meilleurs en anglais dans son établissement, il retient très vite les mécanismes des langues. Un énorme avantage pour bien comprendre son environnement.


- T'as intérêt ! » Répondit sa mère. Erza l'avait rejoint dans la cuisine pour l'aider à faire la vaisselle.


Ils s'entraidaient toujours mutuellement pour n'importe quelle tâche. Une fois les tâches ménagères terminées, il se dirigea dans la salle de bain pour se laver les dents et après, sauter dans son lit. Il avait hâte de retrouver son interlocuteur secret.

[DIMANCHE 15 DÉCEMBRE 2019, 23H47, CHAMBRE D'EZRA]


« T'es adorable quand tu fais cette tête, arrête ! Tu pourrais me demander quoique ce soit quand t'es comme ça ! Dit Ezra en chuchotant. Il était au téléphone avec avec la même personne avant qu'il aille manger.


- Ah ouai ? Alors viens me voir aussi vite que tu peux... Répondait l'interlocuteur avec une petite voix et la tête qu'il fît précédemment.


- Mais... C'est impossible, bébé... J'aurais adoré venir te voir mais malheureusement c'est loin d'être faisable. Surtout que je dois faire Nice-Paris, c'est plus de sept heures en train. C'est insoutenable. et qu'est-ce que je pourrai dire à ma mère pour justifier mon départ ? Rétorqua Ezra, toujours en chuchotant.


Il habitait à Nice, et son interlocuteur à Paris. Il aurait aimé être à ses côtés et réaliser son vœu très prochainement. Mais cela ne sera pas possible.


- Tu devrais en parler à tes parents... ça fait déjà six mois qu'on est ensemble, et bientôt un an que l'on se connait. Ça va devenir compliqué de supporter. Vivre cachés... c'est plus possible. Déclara son interlocuteur. Il semblait être au bord des larmes. Ce sujet lui tenait énormément à coeur.


- Ecoute Octave... c'est pas simple... j'ai peur que mon père ne l'accepte pas, ni mes amis... Répondait Ezra, il avait caché son homosexualité depuis quelques temps déjà.


- Je comprends... mais ça fait déjà longtemps que je tolère ça... tous mes amis, ma famille sont au courant pour nous, de ton côté personne, pour eux, je n'existe pas. J'espère que ça va vite changer parce que je ne pourrai pas rester caché encore longtemps... comprends moi, chéri... dit Octave, il était triste qu'Ezra ne veuille même pas essayer de dévoiler sa réelle orientation sexuelle à quelqu'un.

- Je vois... Constata Ezra, sous le choc de ce qu'il vient d'entendre.


Il se rendit compte qu'il risquait de perdre une des personnes les plus chères à ses yeux à cause de ses choix. Il retenait ses larmes.


- Je t'aime énormément et tu le sais, tu comptes bien plus que ma famille. Je pourrai faire énormément de choses pour toi... mais pas ça... alors s'il te plaît, pour notre épanouissement, fais quelque chose. C'est pour ton bien. Repondait Octave, avec un regard inquiet vers Ezra.


Quand il est énervé ou contrarié, il avait pour habitude de fixer un mur pour éviter le contact visuel. Octave connaissait beaucoup cette réaction, il était pareil. Parfois, les deux tourtereaux ne pouvaient se regarder durant un conflit.


- Je vais dormir. Bonne nuit, je t'aime. Dit Ezra de façon expéditive.


- Bonne nuit, moi aussi. Penses à ce que je t'ai dis... c'est pour pour nous. Je t'aime. » Conclut Octave.


Ezra raccrocha. Il jeta son téléphone de l'autre côté de son lit. Il se redressa après avoir pris quelques grandes inspirations et fixé le plafond pendant quelques instants.


« Crétin. Va dire ça à une famille juive... tu m'en diras des nouvelles. » Pensa Ezra en se levant pour aller éteindre la lumière.


Quand il est contrarié, il n'a pas besoin d'interlocuteur avec qui faire la conversation, il peut très bien se la faire à lui tout seul.


Il fixait de longues minutes son plafond, quelques larmes coulaient sur ses joues habitées d'une barbe de trois jour d'adolescent. Quelques minutes après, la fatigue avait envahi Ezra, il s'endormit, la tête remplie de doutes et le cœur rempli de regrets.

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