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Le repas fut plus pesant que d'ordinaire, ni Victor ni Natalie n'avait coeur d'entamer une conversation. Eila les regarda, ils étaient si bavards d'ordinaire, qu'est-ce qui pouvait bien leur passer par la tête ?

"ça va pas ? Vous parlez pas"

Natalie regarda Victor, cherchant à savoir s'il souhaitait prendre la parole, mais il semblait perdu.

"Non ma chérie, je t'avoue que ça ne va pas fort, mais on va en parler tout à l'heure, toutes les deux ensemble, d'accord ?

-Il y a un problème entre vous deux ?"

Victor souria et répondu

"Ah non, non non, ça pour ça, il n'y a pas de problème entre ta maman et moi, c'est pour toi que nous nous faisons du soucis ma puce

-J'ai fait quelque chose de mal ?

-Non, mais avec ta maman on sent que tu ne vas pas bien

-Si, ça va !

-D'accord, finis ton repas, repris Natalie en tenant la main de sa fille, on en reparle après tu veux bien ?"

Eila acquiesca d'un mouvement de tête.

Le repas terminé, tout le monde débarassa dans des mouvements chorégraphiés comme répétés depuis des années, Victor attaqua la vaisselle tandis que Natalie pris sa fille par l'épaule, l'embrassa sur la tempe et l'emmena avec elle dans la chambre d'Eila.

Elles s'assirent toutes deux sur le lit et Natalie commença.

"Ton père et moi soupçonnions depuis plusieurs semaines que ça se passe mal à l'école

-Je sais, vous me l'avez déjà demandé, et je vous ais déjà dit que ça se passait bien, j'ai de bonnes notes non ?

-Oui tu as de bonnes notes, ce ne sont pas les notes qui nous inquiètes Eila, ni les professeurs, ce sont tes camarades, est-ce que ça se passe bien avec eux"

Eila haussa les épaules

"Ni plus, ni moins"

Natalie prit les mains de sa filles et planta ses pupilles dans les siennes

"Tu ne nous protègeras pas en essayant de cacher ce qu'il passe chérie, pas plus que tu ne te protègeras toi, ce que tu fais là, dit-elle en mettant l'index sur le coeur de sa fille, c'est enfouir ce que tu vis, et ce qu'on enfoui, ça pourri.

Ton père et moi avons vécu le harcèlement scolaire, c'est la raison pour laquelle nous voulions que tu connaisses un autre type d'enseignement, un type d'enseignement qui te permette de t'affirmer plus et de t'épanouir et éventuellement d'affronter celui-là.

-Bah ça a pas marché.

-Est-ce que tu veux retourner en Montessori ?

-Et après ? Je vais faire le collège mais le lycée sera classique, je serai en avance sur tout le monde, tout le monde me détestera à nouveau et faudra que j'affronte ça jusqu'à la fin de mes études ?

-En règle général, au lycée, ils sont un peu moins con et en étude supérieure on te fou la paix

-Vous pensiez aussi qu'au collège ils étaient moins con non ?

-Ah non, non pour ton père c'est là que ça a commencé en fait !

-Et toi ?

-Moi c'était à l'école primaire

-Vous aviez quoi de particulier tous les deux pour qu'on vous déteste ?

-Comment ça ?

-Est-ce que vous étiez gros, moche, comme moi ?

-Ah oui, oui oui, on était aussi gros et moche que toi, c'est-à-dire mignon comme tout et mince comme un clou

-Ils disent que je suis grosse

-Et quand les seins des filles commenceront à pousser ils diront que t'es une planche à pain, ils disent toutes les conneries qui leur passe par la tête, mais franchement chérie, tu fais quarante-deux kilos toute mouillée et plus d'un mètre cinquante, si on te met sur l'impédancemétrie tu dois avoir autant de gras que ton papa et ton père est aussi gras qu'une asperge.

-Ils te disaient quoi ?

-Ils m'appelaient Natalie l'otarie aussi conne et moche qu'une truie, ça rime, c'était très créatif

-Et papa ?

-Je ne sais pas, tu lui demanderas, c'est quelque chose qu'il a beaucoup refoulé

-Alors pourquoi ils s'en prennent à moi ?

-Parce qu'ils ont estimés que tu étais la plus fragile et la plus isolée, parce que leur arme c'est ton manque de confiance en toi, parce que c'est comme ça qu'ils commencent et si ça marche ça empire chaque jour, sans interruption, jusqu'à ce qu'ils t'aient détruit au plus profond.

-Et quand tu es détruit ?

-Quand tu es détruite tu es morte ma chérie, ou à l'hopital parce que tu aurais dû être morte, c'est la raison pour laquelle il ne faut pas laisser pourrir tout ça

-C'est peut-être tout ce que je mérite"

Natalie fit les gros yeux, metta une main sur la bouche de sa fille et commença à la chatouiller de l'autre

"Ris un coup pour nettoyer cette bêtise !

-Maman !"

Natalie arrêta

"Ce qu'ils te font subir c'est du harcèlement, le harcèlement est un crime, il n'y a aucune raison valable de faire ça à quelqu'un. Ce que toi tu es, là, c'est une victime, la seule chose que tu mérites c'est de rire, vivre ton enfance et être heureuse

-Si tu leur parles ça va empirer

-Exactement, c'est pour ça que ce n'est pas ce qu'on va faire"

Eila fronça les sourcils, sans comprendre et regarda sa mère interloquée

"Tout d'abord, clama Natalie en se levant d'un bon, on va danser ! On va faire sortir toute ces conneries, on va te donner confiance en toi, on va leur montrer qu'ils peuvent aller se faire voir avec leur méchanceté, et si ça ne marche pas, tu n'attends pas, tu ne les laisses pas faire, et on te trouvera une solution, d'accord ?

-D'accord. Mais danser ? Genre votre danse avec papa ?

-Je connais que celle-là, essaie, puis si tu préfères autre chose, y'a pas de problème, tu viens ?"

Natalie tendit la main vers sa fille

"Je sais pas maman, je ne crois pas que je sois assez douée pour..."

Sa mère l'interrompit en l'attrapant par le bras

"Que dalle ! En piste !"

Elles sortirent de la chambre, passèrent devant le salon où Victor était assis, Natalie fit un clin d'oeil à son mari, signal qu'il pouvait lui piquer son téléphone et elles allèrent au sous-sol dans la pièce de danse.

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