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Victor monta à l'étage retrouver sa fille. Assise, concentrée sur ses devoirs, elle leva les yeux pour le saluer et il la serra dans ses bras, la tête contre son ventre, sa fille passa ses bras autour de sa taille. Il se courba le dos et déposa un baiser sur le haut de sa tête.

"Je t'aime ma chérie"

Elle ferma les yeux et serra un peu plus fort.

"Moi aussi papa. Tu m'aides ?"

Victor s'assit et s'occupa de sa fille. Natalie monta et observa ce tableau quelques instants, d'apparence il n'y avait rien à retoucher, rien à changer, cette famille semblait si parfaite. Combien de secrets nous rongent et nous détruisent en réalité ?

Victor et elle avait connu le harcèlement scolaire, à une époque bénie où celui-ci s'arrêtait lorsque nous quittions l'école parce que les réseaux sociaux n'existaient pas. Les enfants ont toujours été méchants entre eux, mais de ce que Victor lui avait décrit, ce n'était pas que de la méchanceté, c'était de la violence. Elle avait longtemps réfléchi à la façon dont elle devrait réagir si un de ces enfants le vivait un jour.

Mais elle n'a eu qu'une fille.

Et là, tout de suite, elle ne savait pas du tout comment réagir.

Victor avait encaissé les quatres années de collège dans lequel il avait subit tout ça et Natalie les cinq années de primaire. Il n'y a pas de justice dans ce genre de situation, pas de karma, pas de vengeance de l'univers, il n'y a que la façon dont ceci ruine ce qu'il peut rester de confiance en vous.

Quand aux harceleurs, ils sont gonflés d'ego d'être les meneurs d'un mouvement meurtrier.

Mais comment est-ce qu'on change tout ça ?

Laissant ses amours, Natalie partie se changer afin d'enfiler une tenue de jogging. Elle redescendit à l'entrée, juste à côté, ils avaient aménagé une pièce en salle de danse avec un plancher et des miroirs sur tout un mur. La chaîne hifi sur la droite attendait sa piste audio.

Natalie posa son téléphone dessus et lança sa playlist, elle s'echauffa par quelques mouvements simples durant toute une chanson, puis la suivante se lança et elle dansa un swing aussi endiablé qu'elle le pouvait pour se vider l'esprit. Elle s'imaginait dansant sur une scène, exécutant simplements ses mouvements devant une audience attentive, ne pouvant penser à rien d'autre. Chacune de ses danses étaient pensées comme une histoire et chacune de ces histoires correspondait à une chanson.

Elle n'avait rien d'une danseuse professionnelle, cette danse, Victor et elle l'ont commencé il y a vingt ans pour le bal d'ouverture de leur mariage, depuis ils n'ont jamais arrêté et ça l'a toujours inspiré.

Ses pieds s'ouvraient et se fermaient, d'avant en arrière, sur les côtés, ses jambes se lançaient en l'air comme si elle était possédée : tout son corps bougeait ! Elle sourit, de plus en plus, fermant les yeux, le visage vers le ciel, bon sang que c'était bon !

Son coeur battait de plus en plus vite, au fur et à mesure qu'elle sautillait, et la musique continuait, à nouveau ce refrain entraînant, et la voilà tournant sur elle, un pas de côté, un pas en avant, un pas en arrière et c'est repartit, dans quelques mesures tout est fini.

Vers la fin de la chanson, voilà qu'elle fait des claquettes avec des baskets silencieuses, et au dernier temps, elle sauta et claqua ses chaussures dans un mouvement à la chaplin. Heureuse de son effet, et attendant que sa foule imaginaire l'aplaudisse.

Elle reprît son souffle pendant que la musique suivante repartit. La musique lui permettait d'oublier ses problèmes, la danse de les expulser.

Une fois fini elle se souvînt, lorsqu'elle aussi, elle rentrait au collège.
Elle se souvînt d'avoir retrouvé un de ses harceleurs qui, plus vieux d'un an, l'avait laissé à sa tranquilité à la fin de sa primaire.

Elle se souvînt comment le point final de cet enfer s'était posé.

C'était bien beau de se souvenir, mais comment pouvait-elle appliquer ça à sa fille ?

Elle regarda ses baskets et son jogging.

On peut tenter. On peut vraiment tenter.

Peut-être même que ça pourrait marcher.

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