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Comme à son habitude à son retour de promenade, Eila se pose sur la table du salon et fait ses devoirs et ses fiches de révisions. C'est toujours à ce moment que Natalie rentre à la maison.

Le bruit des clefs dans la serrure provoque la descente immédiate de Fluffy à l'entrée qui va accueillir sa maîtresse avec le même enthousiasme que pour Eila. Natalie poussa la porte, enleva et rangea ses chaussures dans le meuble situé à droite, posa les clefs sur ce même meuble, s'accroupit et carressa sa chienne, comme chaque jour, comme depuis vingt ans qu'elle a ses propres chiens.

Elle monta à l'étage et trouva sa fille, exécutant la méthode de travail que Victor et elle lui ont appris pour le collège : il n'y avait pas de devoir à l'école Montessori. Elle s'appuya dans l'embrasure de la porte et regarda sa fille travailler, Eila leva les yeux vers sa mère

"Un problème ?"

Sa mère souria,

"Non chérie, te voir ici, comme ça, studieuse, en rentrant de mon travail, c'est peut-être tout simple mais ça me rend heureuse"

Eila baissa les yeux, "et moi j'en crève" se dit-elle intérieurement.

En l'absence de sourire de sa fille, Natalie s'approcha d'elle

"Tu as besoin d'aide pour tes devoirs ?
-Non, merci. De façon générale je préfère demander à papa
-Sympa ! Dit qu'il explique mieux que moi !
-Non, il explique beaucoup mieux que toi"

Natalie ria d'un grand éclat

"Ok, je ne suis pas douée, je le reconnais"

Elle embrassa sa fille sur le front et alla dans la cuisine commencer la préparation du repas. Victor serait rentré dans vingt minutes et viendrait l'aider, comme toujours. Plus petite, Eila participait à la conception des repas, c'était un moment de partage, jovial et familial, depuis trois mois elle préfère rester dans sa chambre, seule.

Avec Fluffy.

Comment Natalie avait-elle pu passer à côté de ça ? Elle avait commencé par mettre ça sur le compte d'un début de besoin d'émancipation, comme pour tout pré-ado. Elle avait honte, comment avait-elle pu rater le fait que sa fille était juste malheureuse.

Les larmes lui montèrent au nez et elle renifla un coup. Elle entendit la clef de la serrure et elle accourut à la porte d'entrée, comme si c'était elle le chien, néanmoins leur samoyede était sur ses talons.

Quand la porte s'ouvrit et que Victor apparut, Natalie le serra fort dans ses bras et il l'enlaça tout autant. Plus de vingt ans d'amour, plus de vingt ans que ce rituel était essentiel à leur quotidien.

"Oh mon amour" soupirèrent-ils de concert.

Victor regarda sa femme, plus inquiet que jamais,

"Où est-elle ?

-En train de faire ses devoirs, comme d'habitude"

Victor enleva sa veste, ses chaussures et s'apprêta à rejoindre sa fille, Natalie le retînt en posant une main sur le torse de son mari

"Je préfèrerai qu'on en parle ensemble avant que l'un de nous aborde le sujet avec elle, murmura-t-elle,

-Je ne veux pas qu'on perde de temps

-Moi non plus mon amour. Mais je ne voudrais pas qu'on ait les mauvais mots.

-Tu n'as pas lu tout ce qu'ils lui ont écrit, c'est pas juste de la moquerie ou des blagues, c'est de la méchanceté pure, de la torture,..."

Elle planta ses yeux dans les siens et l'interrompit

"Je sais"

Il la regarda, bien sûr qu'elle le savait. Il baissa les yeux, pris la main que son épouse avait posé sur son torse et la posa sur sa joue, il enlaça sa femme et appuya son front contre le sien.

"J'ai peur chérie"

Elle l'enlaça à son tour

"Je sais"

Marqua une pause le temps d'apprécier cette étreinte et ajouta :

"Moi aussi"

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