Chapitre 9

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Le bus emprunte la voie de gauche qui nous mène vers le stade Chaban-Delmas de Bordeaux où nos techniciens ont du terminer de monter la scène pour le concert. En descendant de l'autocar, je me dirige comme à mon habitude vers le terrain et observe le travail effectué par notre équipe.

Je me fige en détaillant la plate-forme en demi-lune, lumineuse et brillante sur laquelle je vais faire le show avec le groupe. La maison de disque a mis les moyens financiers pour ce soir. Les dispositifs qui ont été mis en place sont spectaculaires. Des écrans géants sont disposés sur l'arrière de la scène, les spots d'éclairage ainsi que les rampes de feux d'artifice sont installées dans toute sa courbure.

– Bon sang, ils ont grave assuré, m'annonce Tom en passant son bras autour de mon cou.

– Ouais, ce qui veut dire qu'il faut être plus performant qu'à Paris, réponds je, sentant le stress s'immiscer en moi.

– Alia, jusqu'à présent, tu as su assumer à la perfection.

Je détourne légèrement ma tête vers mon ami et souris rassurée. Il reste deux heures avant l'ouverture des portes. Je sais parfaitement que c'est dans la dernière demi-heure que je suis le plus angoissée et que la pression est à son comble. Je vais avoir besoin de boire et de fumer pour canaliser mes émotions avant le spectacle, mais Liam me flique comme jamais.

Depuis l'incident des comprimés en ce milieu de matinée, il est en permanence sur mon dos. Il épie le moindre de mes faits et gestes. J'avoue que cela me fait carrément flipper. Ce mec malgré son charme indéniable, m'emmerde depuis son arrivée. La preuve encore une fois, il vient nous rejoindre se plaçant à mes côtés.

– Si vous avez fini de visualiser la scène, j'aimerais faire le point avec vous, avant le début du concert.

– Oui, on a terminé, m'énerve je rebroussant chemin en compagnie de Tom.

J'accélère ma cadence, je n'ai aucune envie d'être en présence de Liam, mais cet homme est persévérant, il faut croire...

– Alia, attends s'il te plaît ! J'ai besoin de te parler seul à seul, crie t-il dans mon dos, suite au bruit des roadies qui rangent les caisses du matériel.

Je m'immobilise, serre les poings puis soupire rageusement, avant de perdre mon self-contrôle devant lui. Liam est face à moi, sa mâchoire est contractée, ses yeux me lancent des éclairs, son torse s'élève et se rabaisse rapidement. Je vais en prendre plein la tronche. Quand il entrouvre ses lèvres, je ferme les paupières instinctivement.

– On t'a déjà dit que tu es exaspérante ? Oui bien sûr que oui,  répond t-il tout seul à sa question.

Je le fixe les bras croisés sur ma poitrine, les sourcils froncés et attends la suite de son discours qui ne vient pas, puisque monsieur tourne en rond en soupirant.

– Bordel ! Tu peux t'arrêter et me dire ce que tu veux à la fin, soupiré je en contemplant ses gesticulations.

– Je voudrais discuter avec toi, à propos de ce matin.

Nous y voilà, d'un geste de la main, je l'invite à poursuivre.

– Alia, je vous ai donné des règles que tu ne respectes pas, m'annonce t-il d'un ton glacial.

– Et ? Le questionné-je d'un sourire en coin.

– Tu m'agaces, les autres suivent mes consignes, mais bien évidemment toi c'est autre chose, il faut que tu fasses le contraire pour te revaloriser.

Je suis abasourdie par ce qu'il prononce, je repense à la scène de ce matin. J'étais hésitante un petit moment, certes, j'ai craqué prête à engloutir le comprimé. Mais il ne comprend pas que je fais des efforts surhumains. J'aurais pu partir en courant à la supérette de l'aire de repos, me chercher une bouteille de tequila, quand j'ai demandé qu'on fasse une pause, mais je ne l'ai pas fait.

– Tu te fous de moi, j'espère ? Au contraire, j'essaye de temporiser, mais après ce que tu viens de prononcer, je ne vais pas me gêner pour demander qu'on m'emmène de l'alcool, éructé je en le contournant pour rejoindre mes amis.

Je suis stoppée dans mon élan, quand sa main emprisonne mon poignet. Il me retient en me tirant d'un coup sec vers lui, mes pieds s'emmêlent et menacent de me faire tomber en arrière. Je gesticule dans tous les sens pour éviter de chuter. Je sens se poser sur mes hanches, ses deux mains lorsque mon dos percute son torse. Mon souffle se coupe par l'impact, les battements de mon cœur se mettent à accélérer, ma peau frissonne lorsqu'il se penche et murmure à mon oreille qu'il en est hors de question. Je suis sidérée par les réactions de mon corps. Liam me relâche avant de me fusiller du regard et de me donner cinq minutes pour rejoindre la loge. Je hoche la tête encore stupéfaite de ce que j'ai pu ressentir à son contact. Je reprends mes esprits, souffle et le suis quelques secondes plus tard.

Je pénètre dans la pièce qui nous ait attribué, sous le regard mécontent de Liam qui attend que je m'installe pour pouvoir discuter. Une fois assise à côté de ma meilleure amie. Il commence son blabla habituel et ses remontrances.

Gabin et Charlotte interrompent son discours pour s'occuper de chacun d'entre nous.

Une fois que j'ai revêtu ma jupe en tulle noire pailletés, des bas en résilles de même couleur et un bustier violet foncé, je rejoins notre maquilleuse et coiffeuse. Il ne reste plus que vingt minutes avant que le show commence. La pression est à son apogée, je suis dans ma ville et le spectacle doit être grandiose. Je dois absolument contrôler le flux d'émotions qui me traverse l'ensemble du corps. Les picotements aux bouts de mes doigts, la sensation d'étouffer et la nausée ont pris possession de mon être. Liam se rend compte de mon malaise et m'aide à m'asseoir. Il reste à mes côtés et se saisit de ma main, chose qui me surprend de sa part.

– Alia regarde moi s'il te plaît.

Je relève mon visage vers le sien et aperçois un sourire sincère.

– Bien, maintenant ferme les yeux et imagine un lieu qui t'apaise. Quand cet endroit t'apparaît inspire et expire à plusieurs reprises. Voilà très bien comme ça.

Ce mec a suivi une formation en sophrologie ou quoi ?  Personnellement je n'en sais rien, mais ses paroles me soulage bizarrement. Au fur et à mesure que ma respiration redeviens normale, mon angoisse diminue. Je lâche sa main et papillonne des paupières. Mes pupilles rencontrent à nouveau les siennes. Je suis absorbée par ses prunelles obsidiennes où il me semble lire un mélange de tendresse et de fierté.

– Merci, murmuré je en me redressant.

– De rien, n'hésite pas à me demander de l'aide, je suis là pour ça, comme un grand frère le ferait pour sa sœur, m'informe t-il en détaillant la moindre de mes expressions.

– J'ai parfaitement compris grand-frère Liam, sourié je tout en lui faisant un clin d'œil.

– Bon allez, il est l'heure, donnez tout ce que vous avez ce soir. Je veux le meilleur de vous, annonce notre manager en frappant de ses mains.

Nous quittons la salle est empruntons le long couloir qui nous amène vers la scène. Je soupire à plusieurs reprises écoutant les derniers conseils de Liam. Fred m'installe le micro portatif, je fais un dernier essai et dans l'obscurité grimpe les dernières marches me menant au centre de la piste. Les projos s'allument sur nous, une fumée rose sort et les premières notes de musique résonnent dans l'enceinte du stade, embarquant les hurlements de la foule présente.

Je me déchaîne sur la scène comme jamais, je suis en transe comme le public. Je danse, saute, tournoie, pars à chacune des extrémités de la piste, entraînant nos fans à suivre mes mouvements de leurs mains. Ils chantent nos refrains ainsi que nos chansons, qu'ils connaissent par cœur aidé par l'intonation de ma voix et le rythme des accords. J'aime voir ce spectacle qui se déroule sous mes yeux. Je suis heureuse, émerveillée par toute cette gratitude, je ne m'en passerais jamais. Nathan d'un dernier coup de baguettes sur les cymbales clos la première partie du show.

L'entracte dure vingt minutes, nous laissant un peu de temps pour nous hydrater et nous restaurer.

– Putain ma belle ! Tu es extraordinaire qu'elle fougue, prononce Nathan en se saisissant de mon coude pour m'accompagner.

– Merci, vous aussi avec Alice et Tom vous avez fait un tabac pour cette première partie.

– Grâce à l'énergie que tu dégages, tu nous a tout simplement transporté avec toi dans une bulle de positive attitude, m'annonce à son tour Alice qui nous a rattrapé dans le couloir.

Toutes ses paroles me touchent et ravivent mon cœur. C'est encore plus survoltée que j'entame la deuxième partie en prenant place derrière la batterie pour deux de nos chansons. Tom de sa voix rauque et suave fait également une superbe prestation. Il est remarquable, on devrait penser à interpréter un duo. Je vais devoir me concerter avec lui puis faire une demande à Liam. La fin de cette tournée française se termine en apothéose, nous avons tout donné. Je suis en sueur, mon palpitant fait des cabrioles et c'est le sourire aux lèvres que je chante la dernière chanson de notre album.

Un feu d'artifice aux multiples couleurs retentit sous les jets de paillettes qui explosent, clôturant ainsi notre dernière prestation sous les hurlements et les applaudissements de nos fans.

Je les remercie chaleureusement d'être venus si nombreux avant de quitter la scène en les saluant de la main. Tom, Alice, Nathan et Liam m'attendent au bas de l'estrade et applaudissent à leur tour. Je saute dans leurs bras, les larmes aux yeux, avant qu'un fou rire général du au stress s'empare de nous.

– Alia, je peux te parler cinq minutes, me demande Liam en trottinant pour me rejoindre.

– Heu, oui dis je légèrement septique.

Il se passe une main dans les cheveux, sourit légèrement, avant de me prendre dans ses bras me serrant contre lui. Je suis surprise et me détache rapidement de lui en l'observant avec incompréhension.

– Pourquoi ce calin ? Questionné-je en reculant de quelques pas.

– Pour te prouver que je crois en toi et me faire pardonner.

– Très bien, mais je t'interdis de me toucher une nouvelle fois sans mon approbation, expliqué je gênée par sa proximité, avant de me détourner de lui.

– Je suis désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris, déclare t-il en soupirant.

– C'est bon, on va dire que nous sommes tous les deux dans un bon jour, plaisanté je en tendant ma main vers lui.

Il la prend avec un air soulagé sur le visage. Il me la lâche rapidement et me laisse seule dans ce long couloir en compagnie de José notre garde du corps. Cet homme est étrange, je dirais même énigmatique, mais ce que je déteste le plus c'est ce qu'il me fait ressentir en sa présence. Rien que de l'observer s'éloigner de moi, me provoque des légers frissons sur tout mon corps. Je déteste ce que notre nouveau manager me fait éprouver.

Fin de ce chapitre.

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