Chapitre 10 : Le premier mouvement de Kinoshita Saya

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Il faisait encore sombre lorsque je me suis réveillé ce matin-là.

J’ai vaguement regardé l’heure sur mon téléphone mais mon esprit encore embrumé par le sommeil ne retint pas l’information. Yuna, de son côté, dormait encore paisiblement. Moi, par contre, j’étais bien réveillé. Une idée m’est venue en tête. Une idée un peu clichée, certes, mais elle risquait de faire plaisir à Yuna.

En essayant de faire le moins de bruits possible, je suis sorti du lit pour faire un brin de toilette, me changer, attraper les clés de l’appartement et sortir discrètement. Je me suis dirigé vers la boulangerie au coin de la rue et j’y ai acheté quelques viennoiseries et une baguette. Je pensais qu’un petit-déjeuner à la française lui ferait plaisir. Mais alors que j’étais sur le point de rentrer, il m’est revenu en tête qu’il n’y avait pas de provisions, à l’appartement. J’espérais pouvoir faire quelques achats complémentaires dans le supermarché un peu plus loin, mais il n’était pas encore ouvert à cette heure-ci et Yuna n’allait pas tarder à se réveiller. Par dépit, je suis retourné à la boulangerie, qui, par chance, vendait aussi quelques boissons.

(Le petit-déjeuner à la française sera pour une autre fois…)

Après mes achats, je suis vite retourné à l’appartement. En refermant avec toute la douceur possible la porte d’entrée, je priais pour que Yuna dorme encore. Lorsque…

-Shûhei ?

(Merde !)

Un peu en panique, j’ai tenté de courir dans la cuisine pour faire mine que j’étais rentré depuis un moment ou quelque chose comme ça, manquant de perdre l’équilibre et d’organiser une rencontre malheureuse entre ma tête et le frigo. Fort heureusement, cela fut évité. Par contre, mon genou fit ample connaissance avec la porte du placard situé sous le l’évier.

-Bordel de… !

-Shûhei !

Alors que je sautillais à cloche-pied en pensant faire partir bêtement la douleur, Yuna débarqua dans la cuisine et vint me rouer de petits coups de poings.

-Shûhei ! Tu m’as fait peur ! Tu n’étais plus dans le lit et j’avais entendu une porte se fermer ! J’ai cru que c’était un cambrioleur !

-Aïe ! Arrête ! Je suis désolé, mais arrête de me frapper !

Visiblement, je n’étais pas aussi discret que je le pensais… Yuna m’en voulait de lui avoir fait peur comme ça, mais elle me pardonna vite lorsque je lui ai expliqué pourquoi j’étais sorti. Nous ne prîmes pas le petit-déjeuner de ses rêves, mais elle était contente que j’ai eu cette petite pensée pour elle.

Aujourd’hui, nous avions un programme chargé.

Nous voulions faire pleins de trucs et cela allait être difficile de tout faire en une journée. D’autant plus qu’il fallait faire quelques courses, en rentrant ce soir. Manger dehors était bien mais ça risquait de revenir cher, à la longue.

Ce matin, nous sommes allés au pied du monument le plus célèbre de France (du moins, le plus reconnaissable partout dans le monde), la Tour Eiffel. Ce qui nous a le plus étonné, plus que le monument en lui-même, c’était la foule qui faisait la queue pour entamer son ascension. On aurait dû se douter que les touristes afflueraient en cette saison, mais on avait clairement minimisé la chose…

Je voulais prendre l’un des ascenseurs pour monter mais Yuna, elle, cette folle, voulait qu’on prenne les escaliers. En revoyant la hauteur de la tour, j’ai été tenté de m’enfuir mais Yuna avait, je ne sais comment, anticipé ma réaction et m’a traîné de force.

(Tortionnaire !)

La montée jusqu’au premier étage a été éreintante pour moi. D’accord, la vue était belle à cinquante-sept mètres de hauteur, mais fallait-il vraiment passer par les escaliers pour l’apprécier pleinement ?! À en croire l’expression joyeuse de Yuna, il fallait croire que oui…

-Allez, Shûhei ! On continue !

(…Tuez-moi, s’il vous plaît.)

Deuxième étage à cent quinze mètres du sol, vue tout aussi impressionnante mais franchement, j’en étais sûr à présent, les escaliers étaient à présent ma némésis ! Après s’être extasié devant cette vue, Yuna se rendit compte qu’il y avait un restaurant à cet étage et me demanda si on pouvait éventuellement déjeuner là. Après consultation de la carte, je lui ai dit que c’était pas possible, avec des prix comme ça ! Elle était sur le point de me faire un caprice (une vraie gamine depuis notre arrivée !) mais j’avais l’argument imparable pour lui faire entendre raison : la conversion en yens du prix des plats, grâce à mon téléphone. Dès l’instant où ses yeux se sont posés dessus, elle a renoncé à son projet. Même si elle paraissait un peu déçue quand même… J’étais ravi de cette petite victoire et ma joie ne fut que plus grande quand nous avons appris que le troisième étage n’était accessible au public que via un ascenseur.

(Merci, mon Dieu…)

Deux cents soixante-treize mètres treize au-dessus du sol et une vue… indescriptible. Nous sommes même montés sur la petite plateforme située un peu plus haut. Pour je ne sais quelle raison, elle a voulu que nous refassions cette scène du film Titanic, où Leonardo Di Caprio tenait Kate Winslet à l’avant du bateau après lui avoir demandé de s’imaginer en train de voler. C’était un peu gênant mais elle était contente que je me sois prêté au jeu. Et moi, j’étais content qu’on redescende en prenant les ascenseurs !

Après l’ascension de la Tour Eiffel, j’ai estimé avoir mérité un bon repas et j’ai emmené Yuna déjeuner dans une petite brasserie.

En début d’après-midi, nous sommes partis en direction du musée du Louvre. Yuna et moi n’étions pas de grands amateurs d’arts. Surtout Yuna. Après tout, le Louvre était une étape obligatoire quand on visitait Paris.


Bon, d’accord ! En vrai, nous voulions surtout voir de près La Joconde. Mais quand nous sommes allés voir le tableau, il y avait une de ces foules… Pour dire, nous avons failli renoncer.

Nous étions en milieu d’après-midi. Nous prenions un verre dans un café lorsque j’ai reçu un message de Kinoshita, qui nous invitait à faire du shopping demain. À vrai dire, Yuna et moi avions prévus de faire cela de notre côté mais on s’est dit qu’à quatre, ce serait plus amusant. Pour elles. Moi, par contre…

(Allez, pour Yuna…)

Après nous être baladé un peu en ville et un passage éclair devant Notre-Dame, nous avons décidé qu’il était temps d’aller faire les courses, dans un supermarché pas trop loin de là où nous logions. Les premières choses que nous avons achetés, c’était ce qui nous manquait pour nous faire notre petit-déjeuner « à la française ». Yuna fut surprise de trouver des fruits à un prix bien plus abordables par rapport au Japon et moi, je contemplais le choix qu’on pouvait avoir en termes de fromage et de charcuterie.

(Je crois que Kinoshita m’a conseillé de déguster ça avec une bonne baguette.)

Tout en faisant attention à notre budget, nous nous sommes fait plaisir avec ces courses, bien que cela a été une galère pour tout ramener à l’appartement.

Yuna s’est proposée de nous faire à dîner avec ce que nous avions ramenés et comme entrée, nous avions la charcuterie. Selon Kinoshita, les Français mangeaient surtout le fromage en fin de repas, souvent à la place du dessert. Mais ma copine tenait absolument à manger les petits gâteaux que nous avions achetés. Donc ce soir, ce serait fromage ET dessert.

(J’espère qu’elle se soucie peu de sa ligne, en ce moment…)

Après une bonne douche, nous avons dîner. Yuna était contente d’avoir cuisiné un peu différemment de d’habitude et encore plus que cela me plaise. Notre dégustation de fromage français ne lui a pas plu plus que ça, contrairement à moi, mais elle a adoré ses gâteaux.

Nous pensions regarder un film sur Netflix avant de nous coucher. J’étais allongé sur le canapé et d’un coup, elle a voulu s’allonger sur moi, en rigolant. Elle s’est ensuite mise à me bécoter pour me taquiner.

Puis, ce sont devenus de vrais baisers passionnés.

Enfin, nous avons… « dérapés ».

Bien vite, entre deux caresses bien placées, nos vêtements ont foutu le camp et nous avons entamés les préliminaires dans le salon. Par moment, je la mordillais un peu çà et là par jeu et elle rigolait, en disant que je la chatouillais mais qu’elle préférait quand j’utilisais ma bouche… ailleurs. Elle aussi aimait utiliser sa bouche pour m’embrasser et autre. Surtout autre.

Oui, elle et moi aimions les préliminaires !

Nous aurions aimé prendre notre temps dans ce genre de situation mais quand nous étions lancés, comme très souvent, nous ne pouvions résister à l’envie de passer à la vitesse supérieure. Ce que nous avons fait dans la chambre à coucher. Et je ne sais pas si c’était parce que nous étions chez quelqu’un d’autre ou parce que nous n’étions pas au Japon, mais nous l’avons fait de manière assez… sauvage. Et plus d’une fois.

En fait, nous nous sommes surpris à l’avoir fait toute la nuit. Si bien que nous avons peu dormi. Pas vraiment une bonne chose, sachant que nous devions retrouver Kinoshita et Aoyama dans à peine quelques heures.

C’était une chose de le savoir, c’en était une autre de la ressentir. Comme l’avait prédit la météo locale, une vague de canicule faisait en ce moment rage sur la France et était en train de me terrasser. Déjà que les hautes températures ne me faisaient pas du bien, alors ça… Heureusement que les magasins disposaient de la climatisation, sinon on aurait dû annoncer à ma mère mon fatal décès.

Quoique j’avais échangé un enfer contre un autre…

J’avais déjà accompagné Yuna faire du shopping à quelques reprises et je trouvais que, parfois, elle prenait trop de temps devant certains articles qui l’intéressait. Et bien sûr, en bon petit-copain, je devais l’attendre (même si par moment, ça me faisait bien chier…).

Or, là, je n’étais pas avec une mais trois filles. Aoyama, ça allait car elle était du genre à choisir rapidement ce dont elle voulait ou avait besoin. Par contre, Kinoshita et Yuna… C’était dans ces moments que je maudissais Einstein et sa théorie de la relativité.

À un moment, les filles voulurent à avis masculin sur des vêtements qui leur faisaient envie. J’étais donc là, sur un petit siège, au fond d’un magasin de vêtements, juste à côté des cabines d’essayage. Les vendeuses, en me voyant assis entourés de sacs divers, me sourirent avec compassion, tandis que certaines clientes, surtout des vieilles ou des mères accompagnées de leurs enfants, me dévisageaient comme si j’étais un… un… En fait, je ne sais pas à quoi elles m’assimilaient mais j’étais sûr et certain que ce n’était pas flatteur du temps.

-Shûhei ! cria Yuna depuis sa cabine. Tu es prêt à donner ton avis ?

-Ouais, ouais…

-Et n’en profite pas pour nous reluquer ! ajouta Aoyama.

-COMME SI !

Yuna fut la première à sortir pour me montrer son assortiment léger, parfait pour affronter l’été. Bien que je trouvais que le short était un poil trop court. Un peu plus et il ne cachait plus son…

-Alors, tu en penses quoi ? me demanda Yuna.

-Le short est pas un peu court ?

-Tu trouves ?

-Quand même… On voit…

-…ton cul qui déborde, finit Aoyama en sortant à son tour de sa cabine.

(La subtilité et Aoyama…)

Elle avait choisi des vêtements de sport. Pas le genre ample. Au contraire. Le genre qui épousait bien les formes.

-Tu regardes où, là ? me demanda Aoyama sur un ton un peu énervé.

-Nulle part, ai-je menti.

Mais je voyais bien aux regards de Yuna et d’Aoyama qu’elles ne me croyaient pas. À ce stade, je priais pour qu’un miracle me sauve.

-Je ne suis pas très sûr de mon choix…

Kinoshita est sorti à son tour, dans une robe à fleurs légère parfaite pour affronter les fortes chaleurs. Et un peu plus courte que d’habitude. Enfin, courte… Généralement, les robes et jupes qu’elle portait n’allait jamais plus loin qu’au-dessus du genou. Même lorsqu’elle portait son uniforme. Là, la robe lui arrivait à mi-cuisse. Et rien que cette différence me la faisait voir sous un angle différent.

-Elle me va bien ?

Elle nous avait posé la question à tous les trois, mais je voyais bien à son regard, pendant que les filles lui donnèrent son avis, que la question s’adressait surtout à moi.

(Pourquoi tu me regardes comme ça ! Arrête !)

La séance d’essayage se poursuivit. Cela aurait pu être agréable si j’étais célibataire, mais en tant que mec casé, c’était dur, par moment… Surtout quand ma petite amie me jetait de drôles de regards quand les deux autres attendaient mes avis sur leur tenue.

À midi, les filles croulaient (façon de parler) sous leurs sacs d’achats quand nous sommes allés manger au restaurant. Le repas était on ne peut plus normal et nous discutions ensemble de ce que nous allions faire, ensuite. Personnellement, j’étais fatigué de cette matinée à attendre, mais aussi à cause de la chaleur et j’ai proposé qu’on rentre chacun de notre côté pour l’instant et qu’on se retrouve le soir. Aoyama défendit mon idée mais les deux autres s’unirent pour protester un peu.

-Et vous comptez vous trimballer vos sacs toute l’après-midi ? ai-je fini par demander.

Après (sage) réflexion de leur part, elles approuvèrent le fait de se retrouver ce soir. Kinoshita proposa même de manger japonais, pour que nous goûtions l’interprétation française de notre cuisine. Aoyama et Yuna semblaient ravies de l’idée. Moi, pas. Je me souvenais encore du « restaurant japonais » où j’avais mangé ici, en France, et…

Alors que j’étais en train de finir mon assiette, j’ai senti une main se poser sur ma cuisse et j’ai légèrement sursauté. En regardant aussi discrètement que possible, je vis la main de Yuna. Je lui ai jeté un regard et elle me lança un sourire espiègle que je ne connaissais que trop. Celui réservé aux jeux. Les jeux coquins. Je lui ai lancé un regard qui signifiait « Arrête ça ! Pas devant elles ! » mais elle ne retira pas sa main et me caressa la cuisse pendant qu’on mangeait, comme si de rien n’était.

(Je crois que j’ai créé un monstre de luxure, depuis décembre dernier…)

J’ai alors subitement senti autre chose sous cette table.

Quelque chose que me figea et me glaça le sang. Quelque chose se frottait contre ma jambe. On aurait dit… un pied. Était-ce Yuna qui me faisait littéralement du pied, en plus de me caresser la cuisse ? J’ai jeté un coup d’œil rapide sous la table… et j’ai constaté avec horreur que ce n’était pas du tout le pied de Yuna qui me caressait ! En suivant à qui appartenait cette jambe, je me rendis compte que c’était celle de… Kinoshita !

(Bordel de merde !!!)

Celle-ci faisait comme si de rien n’était, mangeait et discutait normalement. La situation était surréaliste ! D’un côté, Yuna, ma petite-amie, caressait ma cuisse et de l’autre, Kinoshita, une fille que j’appréciais amicalement et ma binôme comme déléguée de classe, me faisait du pied. Si le Dieu des comédies romantiques ou qui ou quoi que ce soit d’autre me faisait une blague, elle était de très mauvais goût !

Je n’osais pas bouger. Je n’osais pas dire un mot. J’avais l’impression que quoi que je fasse, ça allait mal finir. Je n’en étais pas fier, mais j’ai fait mine que tout était normal pendant tout le reste de repas…

Ce fut qu’au moment de payer l’addition que j’ai prétexté devoir passer aux toilettes avant. Une bonne excuse pour me retrouver seul un instant et retrouver mes esprits.

Qu’est-ce qui venait de se passer ? Ce qu’avait fait Kinoshita, cela ne lui ressemblait pas du tout ! Du moins… ça ne ressemblait pas à la Kinoshita que je connaissais. Si c’était un jeu pour elle, cela ne me faisait pas rire ! Si ce n’en était pas un, encore moins ! Je me suis passé de l’eau sur la figure et ne voulant pas qu’elles se demandent pourquoi je mettais autant de temps, je les ai rejointes rapidement.

De retour à notre logement, j’étais tiraillé. Yuna et moi basions notre relation sur la confiance. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’on ne se cachait rien, chaque couple ayant besoin, selon moi, d’un certain espace privé réservé à chacun. Pourtant, en choisissant de ne pas dire à Yuna ce qu’avait fait Kinoshita au restaurant, j’avais l’impression de la briser, cette confiance. Et de l’autre côté, je ne voulais pas me mettre en froid avec Kinoshita. Non seulement parce que comme nous étions les délégués de notre classe, nous étions amenés à beaucoup travailler ensemble, mais surtout parce qu’avec le temps, j’avais appris à apprécier sa compagnie. Ce n’était pas la même chose que d’être avec Yuna. Elle, elle surclassait tout sur le plan émotionnel et affectif. Kinoshita… Disons qu’au niveau de l’intellect, je n’ai pas croisé de personnes comme ça, dans ma vie. Même Sachi, l’une de mes rares amies, ne lui arrivait pas à la cheville de ce côté. Qui sait quand je pourrais croiser quelqu’un comme ça, à nouveau ? Ce n’était pas de l’amour. C’était plutôt reconnaître une semblable ou quelque chose comme ça…

Ou alors, je tentais pitoyablement de justifier l’envie de pouvoir continuer à la fréquenter. En toute amitié.

(Merde…)

J’ai dû vite chasser ces pensées de ma tête. Je devais faire bonne figure devant les filles, ce soir.

Nous nous sommes retrouvés pour dîner dans un restaurant qui n’avait de japonais que le nom. Moi et Kinoshita essayions de garder notre sérieux, alors que Yuna et Aoyama consultait la carte et faisaient les gros yeux en voyant certains plats.

-C’est quoi, ça ? demanda Aoyama. Des brochettes ?

-Ah, ce sont des yakitori bœuf-fromage, lui répondit Kinoshita. C’est plutôt bon. On va en commander aussi.

-Pourquoi il y a de l’avocat sur ce sushi-là ?! s’étonna Yuna.

-Tu veux y goûter ? ai-je demandé en ricanant un peu.

-Non. Ta tête me dit que c’est une mauvaise idée…

-Y a quoi, dans ces makis ? demanda Aoyama.

-Alors… Avocat, thon, mayonnaise.

-Mayon… !?

-Et celui-là ? demanda Yuna.

-Vache qui rit et avocat.

-V… Quoi ?

-Heu… C’est une marque de fromage, si je me souviens bien.

-Du fromage dans des makis ?!

Kinoshita et moi avions de plus en plus de mal à nous retenir de rire en voyant leur réaction. Mais la meilleure chose que nous avions faite, c’était ça :

-C’est quoi, le truc qui sort de ce maki ? demanda Yuna.

-Je sais pas. C’est bizarre…, commenta Aoyama.

-Ah, c’est…, commença Kinoshita puis elle se mit à sourire. Attendez, on va commander ça aussi, pour que vous goûtiez !

Alors qu’elle appelait le serveur pour enfin passer commande, j’ai regardé ce qu’elles regardaient avec tant de curiosité et j’ai alors compris le sourire de Kinoshita : elle avait commandé des tamago maki au nutella, une pâte au chocolat à tartiner. Et en effet, ça pouvait être drôle de voir comment elles réagiraient en goûtant ça…

Le repas était… intéressant. En matière de spectacle. Aoyama et Yuna étaient partagées entre agréable surprise pour les papilles, déception et « Bon sang ! Mais c’est horrible, ce truc ! ». Le clou du spectacle fut le dessert, où elles ont testé le fameux maki au nutella : Aoyama s’était forcé à avaler cette horreur et Yuna, qui n’y arrivait pas, était parti aux toilettes pour ne pas montrer aux autres clients qu’elle allait recracher ce qu’elle avait dans la bouche.

Évidemment, les deux nous ont fait la tête quand elles avaient compris que nous avions fait exprès de les laisser manger ça tout en connaissant le goût.

Il était tard. Kinoshita nous ayant déconseillé de prendre le métro si tard le soir, nous avons pris un taxi pour rentrer.

À l’appartement, Yuna a exigé une compensation pour le mauvais tour que je lui avais fait avec le maki au nutella.

-Quel genre de compensation ?

-Que tu me prennes dans tes bras, le temps que je m’endorme !

-Gamine…

Elle m’a alors tiré la langue en rigolant, avant d’aller prendre sa douche. La journée ayant été bien remplis, elle n’a pas mis longtemps avant de s’endormir en tenant dans ses bras.

J’en ai alors profité pour envoyer un message à Kinoshita. Je lui exigeais des explications pour ce qui s’était passé ce midi. Maintenant que j’y repensais, j’aurais dû lui demander ça plutôt. Sa réponse ne tarda pas :

De quoi tu parles ?

(Et elle fait l’innocente, en plus !)

Je lui ai parlé du fait de me faire du pied, alors que ma copine était juste à côté. Sa réponse :

Tu n’avais pas l’air de détester ça.

(Non mais quelle… !)

Je lui ai dit que je ne trouvais pas ça drôle et lui ai demandé pourquoi elle avait ça. Sa réponse :

Une envie soudaine. Surtout en te voyant avec Yuna…

J’aurais aimé dire que c’était n’importe quoi, mais je me suis alors rappelé qu’elle avait déjà fait ce genre d’approches, auparavant. Je pensais qu’elle s’était calmée mais à présent, j’étais convaincu qu’elle ne faisait que se préparer pour son prochain assaut. Le pire, c’était qu’elle semblait s’en ficher que je sois avec Yuna.

Je lui ai demandé d’arrêter de faire ça. Sa réponse :

Pardon, Nishiyama… Je vais essayer.

Je lui ai dit de le faire ou pas. Qu’il n’y avait pas d’essai qui tienne ! Sa réponse :

Je ne peux te promettre que ça.

Elle m’énervait vraiment mais je n’avais pas non plus envie de me disputer avec elle. Et puis, honnêtement, je ne voyais pas quoi faire de plus sans aller jusqu’à la menace de couper les ponts. Je me suis contenté de dire que ça irait et je lui ai souhaité une bonne nuit.

Mais avant de m’endormir après cela, juste lui dire que ça irait n’était sans doute pas la meilleure des idées…

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