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— Amour, c'est Maman. Non mon bébé. Oui mon poussin, elle est avec nous. Tout va bien à la maison mon trésor ‽ Hunhun. Hunhun. D'accord. Oui. D'accord. Très bonne idée chéri. Deuxième placard, à gauche du... Oui c'est ça. Non. Non. Bien sûr. Oui. Ok. Hunhum. On part à peine, là. Deux heures et demie, trois heures, je pense. Oui, on te dira quoi. Ma lumière, si tu dors quand on rentre c'est pas grave. Te mets pas la rate au court-bouillon d'accord ‽ Promis ‽ Très bien. Bisou mon amour. Je t'aime.

Niels, qui tenait le vieux téléphone de Caroline à l'oreille de celle-ci, raccroche et range le mobile dans la boîte à gants, sans un mot. Il est furieux. Contre lui-même. Azalée a raison. Il n'est rien pour elle, même s'il voudrait être important. Pourquoi se confierait-elle à lui ? Il ne lui a donné encore aucune raison de lui faire confiance ! Il n'a jamais été là pour elle ! Il aurait dû sécher les cours avec elle, la convaincre que le bonheur est à portée de main, à portée de sa main ! Il aurait dû la convaincre de dormir à la maison dans la chambre d'ami après leur merveilleuse soirée ensemble ! Au lieu de quoi, il a été exactement la personne qu'il lui a craché à la face ne pas être...

Azalée, de son côté, admire Caroline et toute sa famille. Tout l'amour indéniable et indéfectible qui suinte par tous leurs pores. Elle se demande si sa famille à elle était réellement comme cela, avant, ou si elle fantasme ses souvenirs d'une vie de famille idéale. C'est plus fort qu'elle, elle compare.

Elle ferme les yeux.

Sous ses paupières, la maison où a eu lieu la fête.

Sous ses paupières, Léo et Tim qui sonnent à la porte.

Sous ses paupières, Clément qui ouvre.

Sous ses paupières, L'air surpris de Clément en miroir au sien.

Sous ses paupières, Azora sur l'épaule de Clément.

Sous ses paupières, le dégoût d'Azora.

Sous ses paupières, la chambre d'ami.

Et à ses oreilles, des horreurs.

À ses oreilles, encore des horreurs.

À ses oreilles, des horreurs encore.

De la part d'Azora d'abord.

Ça te suffit pas, de te faire sauter par Niels ? Tu veux te faire prendre par Léo et Tim en même temps ? Je vais te détruire. Je vais te voler Niels. Je vais te voler quiconque osera t'aimer. Je vais te voler Léo et Tim. Comme je t'ai volé Clément. Il ne t'a jamais aimée. Je lui ai fait comprendre que ce qu'il aimait en toi, c'était moi. Je vais faire pareil avec tous les autres. Tu n'es rien, Azalée. Tu aurais dû crever dans le ventre de maman. Je n'aurais eu qu'Alizée comme jumelle et notre existence à tous aurait été parfaite sans toi. Fais plaisir à tout le monde et va crever dans une ruelle sombre. Personne ne t'aime. Tu es un boulet à nos pieds. Maman t'a virée de la maison exactement pour ça. Et c'est parce que tu existes que papa n'a jamais épousé maman et s'est barré en Allemagne sans jamais avoir cherché à vivre avec nous. Il te hait. On te hait tous. Tu es laide. Tu es nulle. Tu es inutile. Tu vas payer pour être venue à cette fête, Azalée. Tu vas payer pour être venue au monde. Ta place est au cimetière et je te le rappellerai bien assez tôt. Éclate-toi ce soir !

Puis venant de la chambre de Clément, ce rugissement bestial. Son prénom, à elle, Azalée, alors qu'il faisait passionnément l'amour à Azora.

Et sa réponse à elle, à Azora.

Cette nuit est pleine de promesses. Clément sera ravi de te faire crier son nom jusqu'à ce que tu sois aphone, il a vraiment hâte. Et tu as raison sur toute la ligne. Je ne suis rien. Tu as gagné Clément et tu gagneras tous les autres. Mais si les avoir tous eus fais de moi une pute, j'espère que ça ne fait pas de toi une pute aussi, Azora. Parce que peu importe la haine que tu me voues, je t'aime. Quoi que tu fasses, je baiserai avec passion la terre que tes pieds auront foulée. Rien ne m'éloignera jamais de toi, même si c'est ce dont tu rêves. Je te le dirai mille fois chaque jour. Je t'aime. Je t'aime, Azora. Je t'aime. Hais-moi tant que tu veux, je continuerai à t'aimer encore et encore et à vouloir ton bonheur, même s'il signifie ma propre perte. Ta place est dans mon cœur, et je te le rappellerai bien assez tôt. Merci du fond du cœur, Azora. Amuse-toi comme une folle aussi !

Puis sa réponse, à elle, au rugissement bestial de Clément.

Paniquer. S'habiller à la va-vite. Fuir au cœur de la nuit.

Elle ouvre les yeux. Pour s'évader. Et elle sourit alors qu'un torrent de larmes creuse ses joues. Elle est incapable de déterminer si elle est triste ou heureuse.

Caroline conduit d'une seule main, la seconde serrant la cuisse de Niels pour lui transmettre sa chaleur, son soutien, sa positivité. Niels, lui, est fasciné par...

Par elle ?

Elle plonge son regard azur dans le sien dont le gris acier bouleverse tout son monde, fait s'envoler des papillons dans son ventre et lui chante de lui faire confiance et de l'aimer comme elle n'a jamais aimé quelqu'un, car c'est lui, le bonheur...

Elle y contemple le ciel, la mer, les forêts et les montagnes. Même l'inquiétude qui émane de lui lui paraît aussi douce et raffinée que la rosée du matin.

Elle déglutit, renifle, essuie ses larmes.

— Désolée... dit-elle dans un souffle rauque, avant de tousser pour s'éclaircir la gorge. Pour... tout...

— Oublie ça, Chouquette, murmure-t-il avec un sourire qu'elle savoure comme un lever de soleil sur un lac gelé. Clément, hein ? demande-t-il après avoir marqué une pause.

Elle s'empourpre.

— Cl... Clément ? répète-t-elle.

Son air innocent ne dupe personne, et, dans le rétroviseur, elle voit le petit rictus amusé de Caroline. Niels ne la quitte pas des yeux. Il attend, sans un mot, qu'elle développe.

Elle soupire, vaincue.

— Palsambleu. Va donc, pose la question qui te brûles les lèvres, Niels.

— Vous n'avez pas l'air amis.

Diantre.

Que répondre à cela ? Ce n'est même pas une question ! Un rire sarcastique et méprisant ? Une honnêteté douce et réfléchie ? Un mensonge, de ceux qu'elle exècre tant ?

— Les apparences sont parfois trompeuses, dit-elle après un silence, sibylline. Tu l'as prouvé toi-même, ce matin, quand tu m'as parlé de ta mère et de la façon dont elle s'est comportée en classe pour marquer le coup. Je t'ai cru sur parole et je ne l'ai pas prise pour un pitbull, ajoute-t-elle en se penchant sur Niels pour que lui seul l'entende.

Le souffle de Niels se coupe. Les lèvres d'Azalée sont si près des siennes, il ne peut qu'être troublé.

— C'est vrai... admet-il à contrecœur, brisant l'instant. Par exemple, j'ai l'air d'un con, et pourtant, je ne le suis pas tant que ça.

Azalée pâlit. Elle ne voulait qu'il ressente ça ! Bien sûr, qu'il est intelligent ! Il a tout pour lui... et c'est pour ça qu'elle doit l'éloigner d'elle. Rien n'est possible entre eux. Intérieurement, elle rit sarcastiquement. Elle repense à Ruy Blas, le ver de terre amoureux d'une étoile. Niels est le firmament à lui tout seul ! Et elle, même un lombric coupé en deux a plus de valeur qu'elle...

— Niels, je...

Il éclate de rire. Elle le dévisage, confuse.

— Mauvais exemple apparemment... 'Scus' ! Ch'uis inquiet, v'là tout... J'te croirai t'jours, Azalée. S'tu m'dis qu'Clément est ton ami, j'te crois, même si ch'uis crisse d'surpris ! Y t'a tu invité à la fête ?

Cette fois, Azalée s'empourpre, honteuse : jamais personne ne l'inviterait à une fête, et encore moins Clément.

— Y t'plaît, affirme-t-il, se trompant lourdement concernant les raisons des joues rosies d'Azalée éclairée par le plafonnier et son regard azur qui le fuit désormais.

— Quoi ‽ Mais non ! Jamais nie-t-elle vivement, son visage désormais complètement cramoisi.

Elle tente de se renfoncer dans la banquette, car c'est si humiliant pour elle d'être tombée amoureuse d'un garçon qui ne cherchait qu'à la piéger pour la détruire avant même le moment de leur rencontre. Niels la prend de vitesse, doux mais agile. Il presse une main contre sa nuque pour l'empêcher de bouger et, de l'autre, lui effleure délicatement la main qu'elle avait posé sur l'accoudoir entre les sièges avant.

Ni Niels ni Azalée ne comprend ses sentiments. Azalée, à travers le magnifique ciel d'acier des yeux de Niels, se voit soudain sublime. Et pourtant, elle a également un pincement au cœur...

C'est mal. Elle ne doit pas se trouver belle. Jamais. Elle est laide. Elle doit rester réaliste. Toujours. Pour ne pas souffrir. Pas plus qu'elle ne souffre déjà. Personne ne l'aimera de sa vie. C'est impossible. Elle mourrait dans l'heure que personne ne s'en rendrait compte, alors s'en soucier, aucune chance !

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels, sois mon exception...

Azalée frémit. Pas de froid, cette fois.

— Aime-moi... souffle-t-elle.

Mais sa voix se brise. Niels ne comprend pas. Il fronce les sourcils pour l'inviter à répéter. En réponse, elle lui offre le silence, orné du pourpre de ses joues. Le regard de Niels s'assombrit.

— C'pas grave... marmonne-t-il en éloignant doucement son visage de celui d'Azalée et en retirant ses mains de sa nuque et de ses doigts au extrémités gelées.

C'est à Azalée de ne pas comprendre, alors que Niels lui sourit tristement.

— Tu es belle, gentille et intelligente, affirme-t-il pour seule explication.

J'rêv'rais qu'tu mérites què'qu'un comm' moi...

Mais t'mérites què'qu'un comm' toi.

Ch'uis pô beau, gentil et intelligent. Ch'uis Niels.

Aime-moi malgré moi...

Et pou' toi, j'deviendrai què'qu'un comm' toi.

Azalée sonde les prunelles de Niels à la recherche d'une réponse claire. Elle fouille si profondément au creux de son âge qu'il y sent la chaleur de sa présence. Ses ongles délicats griffent la porte de son cœur pour le supplier de la laisser entrer. Il veut lui ouvrir, mais il n'a plus la clef. Il la lui a déjà donnée, et elle ne s'en est pas encore rendu compte.

Tais-toi idiot.

Ton cœur crie des vérités.

Mais ta bouche ment.

Tais-toi idiot.

Et embrasse-moi.

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels n'est pas une exception...

Niels, sois mon exception...

NIELS.

N'EST.

PAS.

UNE.

EXCEPTION.

Niels, sois mon exception...

La respiration saccadée, le cœur tambourinant contre sa cage thoracique, la peau frémissante d'espoir, Azalée se renfonce précipitamment dans son siège, comme si Niels était dangereux, radioactif, contagieux. Alors que c'est elle, qui est dangereuse, radioactive, contagieuse.

Azora a raison. Elle n'est qu'une pute. Niels s'approche un peu d'elle, et voilà qu'elle rêve de l'embrasser, de le serrer contre elle, de l'aimer de tout son être.

Malgré elle, elle compare. Encore. Niels. Et Clément.

Clément est beau. Très beau, même. Mais son âme est putride. Elle l'a découvert à ses dépens. Trop tard pour ne pas en souffrir, mais pas assez pour s'offrir corps et âme à lui. Parfois, avec sarcasme, elle se dit que, heureusement, son âme l'a désertée bien avant qu'il n'entre dans sa vie, car autrement, la souffrance aurait été telle qu'elle n'aurait pas eu la force de... continuer.

Niels, lui... Son corps est le temple du diamant brut qu'est son cœur. Sa peau diaphane, ses yeux d'acier, ses cheveux blond platine, ses lèvres qui lui hurlent « embrasse-nous, Azalée ! » sont un trésor inestimable dont elle rêverait n'avoir jamais à se séparer. Et pourtant...

Il le faut.

Azalée soupire. Niels, elle ne pourra jamais l'avoir. Il est tellement beau, gentil, intelligent... Et souvent, elle meurt d'envie de déplacer sa mèche rebelle blond platine pour accéder aux profondeurs de son âme à travers les perles gris acier que sont ses magnifiques yeux, elle meurt d'envie de caresser ses sourcils pour qu'ils se défroncent un peu plus souvent, elle meurt d'envie d'enfleurer ses lèvres qui ont l'air si douces pour les voir frémir à son contact avant de s'étirer en un sourire charmeur dont elle est persuadée que lui seul à le secret et qui renferme tous les secrets de l'univers.

La réponse est 42...

Elle sourit à cette pensée absurde, tout à son image.

— Dans 200 m, tournez à gauche.

Elle sursaute légèrement. Elle l'avait oublié, celui-là. Elle s'enrubanne dans le plaid de Wagner pour s'envelopper d'une chaleur réconfortante qu'elle aurait préféré avoir blottie tout contre Niels. Elle tente de trouver une position confortable, tout en pouvant garder Niels dans son champ de vision.

Ses efforts ne servent absolument à rien. Niels soupire lentement puis éteint la lumière du plafonnier en murmurant :

— Dors, ma belle et douce Azalée...

Azalée ressent deux émotions totalement contradictoires. D'un côté, elle voudrait ne jamais fermer les yeux quand elle est avec Niels et Caroline, pour profiter au maximum de leur présence et des petites bulles de bonheur qu'ils font virevolter dans son estomac. De l'autre côté, sa voix la berce, de par la tendresse qu'elle y décèle, et lui donne envie d'obéir et d'embrasser le sommeil.

Elle ferme les yeux. Un sourire paisible étire ses lèvres. Elle est avec Niels et Caroline, elle peut dormir sans craintes. Et rêver. Surtout rêver. Même si elle ne sait plus comment on fait.

Niels, quelque temps, la contemple. Puis il se rinstalle dans son siège et se saisit du GPS, dont il coupe le son pour ne pas troubler les songes d'Azalée, avant de le remettre sur son support fixé au tableau de bord pour que Caroline puisse en voir l'écran.

Il pose sa tête contre sa vitre pour regarder le paysage, l'air morose. Caroline, sans un mot, place une main réconfortante sur sa cuisse.

C'est... compliqué...

Ces trois maudits mots à la con s'égosillent en ritournelle dans son esprit.

Il compare.

Compliqué, dans sa famille, c'est plus de steak haché dans le congélo, c'est un verre ébréché, c'est lustrer la rampe d'escalier, c'est faire l'école buissonnière et être pris en flagrant délit... et c'est à l'occasion, plus compliqué. Et plus compliqué, c'est son père en prison alors qu'il ne le mérite pas. Et rien d'autre.

Mais compliqué, chez elle, ça a l'air si... compliqué !

Il se détourne du paysage et, les yeux embués de larmes, déverrouille, son téléphone. Une fois de plus, il visualise la vidéo d'Azalée faisant la chienne pour Azora. Le son n'est pas très fort, juste assez pour que Caroline puisse entendre quelques bribes de ce qui se dit.

Sa main qui est toujours sur la cuisse de Niels se resserre. Elle ne dit rien, mais Niels entend sa question silencieuse résonner en lui.

— C'est Azalée... confirme-t-il, la mort dans l'âme.

Il jette un coup d'œil vers Azalée, pour s'assurer qu'elle dort paisiblement, puis il se penche à l'oreille de Caroline.

— C'est possible que sa triplette la batte ?

Caroline écarquille les yeux et observe Azalée assoupie dans le rétroviseur. Elle déglutit, puis hoche positivement la tête.

— J'tais trop occ'pé à prend' soin d'elle l'aut' jou' dans les waters qu'j'ai r'mis à plus loin mais... t'as-tu vu les marques et blessures su' son corps parfait ? P't'êt' qu'c'est pô qu'au lycée ? Enfin, j'dis p't'êt', mais...

Il s'interrompt et agite son téléphone dans les airs.

— C'est pô qu'au lycée... M'man... J'veux pô la ram'ner chez elle... On a pas l'choix, dis ?

Caroline soupire, hésitante quant à la réponse à fournir à son fils.

— Mon trésor...

Elle se ravise à dire la phrase qu'elle avait construite dans sa tête et dit à la place.

— Y se passe quoi, sur la vidéo ?

Niels s'empourpre, honteur d'avoir regarder tant de fois les terribles images et de, à chaque fois, se sentir complètement impuissant. Et surtout, fautif.

S'il n'avait pas invité Azalée pour la soirée...

— On aurait jamais dû l'inviter à la maison, et j'me sens monstrueux d'avoir adoré chaque seconde pa'c'qu'à cause d'moi il lui est arrivé... ça...

Il marque une pause pour puiser de la force tapie tout au fond de lui. Lui et Caroline déglutissent en même temps. Elle a le cœur fendu d'entendre percer dans la voix de son fils la culpabilité, la détresse, la tristesse et la douleur.

— On l'a ram'née su'l'tard et... Ils l'avaient fè'mée d'hors, 'fin j'ai conclus ça pa'c'qu'su' la vidéo elle est d'hors dans ta robe rouge et Azora a barré leur porte. Pou' entrer Azalée a dit faire la chienne à quat' pattes, aboyer, faire la belle, et plein d'trucs pendant qu'Azora s'moquer et l'insultait. Pis elle a dormi d'hors, Azora lui a ri au nez qu'elle était conne d'avoir cru qu'elle la f'rait entrer si elle faisait la chienne comme la pute qu'elle est. J't'y dis là mais j't'y montr'rai quand...

Niels lance un nouveau coup d'œil à Azalée, qui est toujours endormie.

— Je sais mon bébé, je sais... souffle Caroline. On va trouver une solution pour la sortir de là.

De longue minutes, le silence règne dans l'habitacle.

— Qu'est-ce qu'è' dit ? demande Niels, plus pour lui-même que pour Caroline.

Azalée marmonne dans son sommeil, et il trouverait cela parfaitement adorable s'il n'était pas aussi inquiet pour elle sans arrêt. Il se détache et se penche au-dessus d'elle.

Malgré quelques mot inarticulés, Niels comprends. Ses yeux s'écarquillent et il pâlit, horrifié, en se repassant les paroles prononcer dans la tête, encore et encore, espérant sottement qu'il a mal entendu alors que son être tout entier lui hurle qu'il a parfaitement saisi le moindre mot.

Tu n'es rien, Azalée. Tu aurais dû crever dans le ventre de maman.

Elle n'a pas dit ça.

Tu n'es rien, Azalée. Tu aurais dû crever dans le ventre de maman.

Elle ne peut pas avoir dit ça.

Tu n'es rien, Azalée. Tu aurais dû crever dans le ventre de maman.

C'est impossible.

Les poings serrés, il écoute encore plus attentivement, car elle continue de marmonne. Il s'est tellement penchant que son oreille est presque collée aux lèvres délicates et douce d'Azalée.

Tu vas payer pour être venue au monde.

Elle n'a pas dit ça. Elle ne peut pas avoir dit ça. C'est impossible.

Personne ne t'aime.

Elle n'a pas dit ça. Elle ne peut pas avoir dit ça. C'est impossible.

Tu es laide. Tu es nulle. Tu es inutile.

Elle n'a pas dit ça. Elle ne peut pas avoir dit ça. C'est impossible.

C'en est trop pour Niels. D'une tendre caresse sur la joue, il réveille Azalée.

— Hey, Chouquette... chuchote-t-il, ses lèvres presque collées aux siennes.

Le cœur de Niels bat la chamade. Il fantasme, une fois de plus, un baiser qui n'arrivera probablement jamais, vu l'impressionnante propension d'Azalée à le repousser depuis leur rencontre encore et encore.

Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore. 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Putain, Azalée...

Laisse-moi t'aimer.

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