Chapitre 12

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  • On est dans la merde, hein ? dit-il d’une voix ennuyée.
  • Pas de problème. Bon, Conard…comme j’sus le vainqueur, je suis ton Maître et t’es mon esclave, vu ? commença-t-il d’une voix mal assurée.
  • Oui, Maître !
  • Alors, c’est cool ! Tu vas me porter et me ramener à l’étage du dessus, et que ça saute !
  • Bien, Maître ! répondit Conardus en soupirant à la vue de la difficulté de la tâche.

L’extraterrestre se pencha vers le pantalon de sa tenue spatiale. S’en saisit par l’extrémité des jambes et secoua le tout avec vigueur. Bruits de clés à molettes spatiales qui heurtaient marteaux, tournevis et autres engins typiquement galactiques. Un truc en métal sombre finit par tomber des poches du bénouze en fibres vénusiennes, très à la mode en ce moment du côté d’Alpha du Centaure. Soucieux des réactions de son nouveau maître, Conardus se pencha doucement, sans geste brusque et ramassa l’appareil.
Il se releva encore plus doucement, le canon du fusil de Raymond planté dans les narines…
Les mains ouvertes en signe d’offrandes, le visiteur du cosmos expliqua d’une voix nasillarde :

  • Tenez, Maître. Ceci est un compensateur anti gravifique à frites précuites…
  • Ca sert à quoi, ton machin ? rétorqua le vieux d’un ton méfiant.
  • Ceci vous permettra de remonter à l’étage du dessus sans faire le moindre effort. Vous regardez l’endroit où vous désirez aller et cet appareil vous y emmène instantanément.
  • Tu te fous de ma gueule ? C’est ça ? J’te préviens, si t’essaies de me berlurer j’te…
  • Troue la paillasse, coupa l’esclave d’un ton neutre et un peu fataliste.
  • C’est ça ! Je te fume comme…
  • Un jambon, je sais…soupira l’autre.
  • Et n’oublie pas que je te surveille comme…
  • Le lait sur le feu ? hasarda Conardus.
  • C’est ça ! Et arrête de m’interrompre à tout bout de champ, vu ?
  • Oui, Maître ! se résigna-t-il.

Raymond, après quelques hésitations bien compréhensibles, se décida enfin à prendre l’appareil. Il ressentit quelques légers picotements dans le fondement. Pas désagréable…
L’autre lui expliqua rapidement le fonctionnement et l’invita à faire le test. L’objet bien en main, Raymond leva les yeux sur le haut de l’escalier. Il devait maintenant formuler dans son esprit l’endroit de son désir…
Puis, il se concentra et pensa, à voix haute :

  • Je veux aller à l’étage du dessus, maintenant !

Et la magie opéra ! Sans un bruit, le vieillard se sentit soulevé et s’éleva dans l’air poussiéreux de la cave, en direction du haut de l’escadrin ! Eberlué, il ne put pas s’empêcher de rigoler comme un enfant ! Effectivement, et sans le moindre effort, il se retrouva tout de suite à la porte d’entrée de la cave.

  • Putain, c’est cool ton bazar !

L’autre regarda la chose avec ennui. Depuis le nombre de siècles qu’il faisait cela, il s’en foutait comme de sa première chaude pisse, chopée dans un bordel de la périphérie de l’anneau de XF-351, au large de la Voie Lactée.

  • Bon, maintenant à toi ! lança Raymond, toisant son nouvel homme à tout faire depuis le seuil, les mains sur les hanches.
  • Bien Maître, vous voulez bien m’envoyer le compensateur ?
  • Et mon cul, c’est du poulet ? Tu te démerdes ! Et grouille, j’t’attends dans le salon !
  • Bien…enculé…de Maître ! murmura l’autre.
  • J’ai entendu quelque chose, là ? menaça Raymond qui ne se sentait plus pisser.

L’autre contesta vigoureusement et se concentra quant à la façon d’escalader les ruines de l’escalier primaire de cette civilisation de merde. Le retraité, quant à lui, se contenta de fourrer l’objet céleste dans la grande poche crasseuse de son peignoir multicolore. D’un geste auguste, il se sépara de celui-ci et le laissa traîner par terre.

  • Quand tu seras monté, Abrutitus Junior, tu iras me laver mon peignoir, vu ?
  • Vu !

A poil dans le séjour, la longue silhouette voûtée du pépère se dessinait sur les murs vérolés de la baraque. Pendant que l’autre s’esquintait à remonter les degrés, Raymond se versa une bonne rasade de degrés éthyliques dans le cornet.

Conardus se brisa l’échine à plusieurs reprises dans la cave. Raymond lui intima de faire moins de bruit. L’autre lui rétorqua d’aller se faire empapaouter chez les travelos de la ceinture d’Orion. A voix basse, bien sûr. Finalement, le voyageur du cosmos se dressa sur le perron de la cave. Pas mécontent d’y être arrivé. C’est fou comme on peut se ramollir avec tous ces gadgets futuristes !

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