Chapitre 2

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Voici ce qui arriva dans cette minable cave de banlieue. Tu t’accroches, hein, parce que je ne vais pas te répéter ça plusieurs fois, non plus ! On n’est pas là pour tirer à la ligne, tu comprends ? Y en a des que je connais qui n’hésiteraient pas une seconde mais ce n’est pas le genre de la maison. Içi, on respecte le lecteur (vu qu’il n’y en a qu’un…) et on a le sens du service, de la prestation bien léchée.
Alors, que je te raconte ça.
Tu reviens quelques secondes en arrière et tu te rappelles que l’ovniste[1] descendait l’escadrin pendant que le vieux saligaud l’attendait en bas pour le tromblonner de première. Sois attentif, camarade lecteur, car tout s’était passé dans l’espace infime d’une détonation !

Alors que l’extraterrestre venait de détecter une présence hostile et qu’il levait en urgence son arme dans la direction du danger, le vieux, en bas, appuyait frénétiquement sur la détente de son lance pierre. Les projectiles allaient déchirer les tissus adipeux de l’être du cosmos après avoir pourfendu les couches métalliques du scaphandre. La victime allait souffrir les brûlures intenses du plomb en fusion et mourir dans d’atroces souffrances, ajoutées à celle de devoir respirer une atmosphère incompatible avec ses éponges saturniennes !
Heureusement, le Grand Maître de l’Infini, du Big Bang et de la Confédération des Buveurs de Picrate de la Consternation d’Horus Réunis (à droite de la Galaxie de Bételgeuse) a sauvé le mec par un fait inattendu…

En effet, lassées de gémir sans attirer l’attention des chasseurs à l’affût, les marches pourries de l’escalier décidèrent soudain de se rompre, laissant l’inconnu se vautrer et se ramasser les morceaux sensibles dans les boîtes à clous que Raymond avait empilées içi quelques douze ans plus tôt. Les semelles compensées du navigateur inter galactique ne résistèrent pas plus d’une demi-seconde et laissèrent les clous pénétrer les chaires tendres et fragiles des plantes de pied.
D’où le premier cri de douleur intense, proféré sans retenue aucune, suivi d’une bordée d’injures seulement comprises par l’auteur lui-même[2]. Dans l’intervalle, des myriades de plomb brûlant se fichèrent finalement dans les murs.
La cible était ratée, voilà !

La poussière soulevée par la chute de ce corps s’était mêlée à celle de la combustion de la poudre de Raymond. Ce dernier lui-même ne sortit pas indemne de cette lutte mortelle.
En effet, malgré le solide appui qu’il avait pris pour compenser le recul de son arme après explosion, le vieillard s’était trouvé projeté en arrière. Son fusil lui échappa encore des mains, restant un bref instant dans le vide, suspendu par un fil invisible qui ne tarda pas à se rompre. Aussi, pendant que Raymond roulait dans une galipette arrière, l’escopette détonna une seconde fois en rencontrant la surface bétonnée de la cave, touchant l’extraterrestre dans ses parties intimes arrières.
Raymond, au terme de deux tours gratos en salto écartelé, s’était vautré dans les étagères à pots de peinture. Projeté comme un boulet de canon, il percuta les montants de bois de ces étagères qui ne résistèrent pas à l’impact, bien sûr. Aussi, se prit-il une bonne vingtaine de pots colorés sur les endosses, changeant instantanément de couleur. Le tout dans des hurlements hystériques liés à la terreur d’être transformé en Hachis Parmentier fumant et gratiné à la mode de Pluton les Bains !

Voilà ! C’est comme ça que ça s’est déroulé.
Je le sais, j’y étais ![3]


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[1] Celui qui pilote habituellement un ovni, c’était écrit dans le dico…
[2] Et encore… !
[3] D’ailleurs, avec le digest précis que tu viens de lire, tu peux te considérer le droit, comme les chers Grognards de Napoléon, de dire que tu y étais aussi, sauf que c’était pas à la gare d’Austerlitz et que ça c’était passé la nuit, mais bon, hein ? Tu peux !

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