Introduction

2 minutes de lecture

Lueurs dans la nuit.



Il était tard. Raymond traîna son cul faisandé jusqu’à la fenêtre du salon. Sale temps, gris et pluvieux. Le vent balayait les feuilles mortes et les entraînait dans une danse échevelée vers d’autres lieux, peut-être moins tristes. Les vieux radiateurs en fonte surchauffaient la pièce et le vieillard ne s’en éloignait guère, de peur d’être saisi de frissons.

  • Temps pourri ! bougonna-t-il. Moi qui ne rêve que de soleil !

La télévision débitait son flot habituel de conneries : les pubs hurlaient à qui mieux-mieux que le jambon Machin vous ferait chier de joie pendant vingt ans ; les journaleux brossaient le tableau idyllique des merveilleuses idées des empaffés du gouvernement ; les séries à deux balles vantaient les mérites de quelque inspecteur exceptionnel, capable de résoudre les plus complexes énigmes du millénaire. Tout baignait dans la plus parfaite routine.

Vautré dans son vieux fauteuil démantibulé, il tira quelques bouffées gourmandes d'un gros cigare qui dégageait de lourdes volutes de fumée grise, épaisses et nauséabondes. Noyé dans ce nuage pestilentiel, Raymond profitait de cet instant tranquille. Il observait la fumée s’élever vers le plafond, se diluer dans la pièce pour, finalement, se stabiliser en un léger voile, en suspension entre deux couches d’air. Il s’emmerdait profondément, en fait…

Histoire de briser un peu l’ennui, il décida de se verser une bonne rasade de cognac. Sur une petite desserte à côté de son fauteuil, il disposa un flacon et un verre. Le temps avançait doucement et le vieillard n’avait pas envie de fermer les yeux ce soir. Alors, il sirotait paisiblement son cognac, s’en versant quelques doses supplémentaires. La bouteille se vida, petit à petit, pendant que Raymond sombrait doucement dans une gentille petite cuite maison. Alors qu’il terminait son énième verre, il crut voir quelque chose d’inhabituel...

Intrigué, il posa maladroitement son verre et se leva avec difficulté. Après quelques efforts douloureux, il arriva à hauteur de la baie vitrée. D’un revers de la main, il repoussa le rideau gris crasseux. Il lui fallut quelques secondes pour retrouver ce qui avait retenu son attention. Et il retrouva ce qu’il cherchait… Croyant d’abord à un de ces innombrables avions qui labouraient le ciel, il constata que la trajectoire de ce qu’il observait n’avait rien de commun avec un plus lourd que l’air. En effet, le point lumineux qu’il suivait du regard semblait se promener au gré du vent.

En plus, la chose donnait l’impression de s’approcher !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Frédéric Leblog ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0