7/10 — Jade

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Le soir s’était installé subitement. Un rayon de soleil me réveilla. Je m’étais de nouveau assoupie toute l’après-midi. Pourtant, je ne ressentais pas la moindre fatigue, même si je ne débordais pas d’énergie non plus. Disons que j’étais dans une forme moyenne. Rien de ce que je vécus en ce jour ne dépassa la courbe de la normalité.

Quelqu’un avait tiré les persiennes, pendant mon sommeil. Sûrement Victor, mon frère. Il avait déposé un mot sur la table du salon. C’était son habitude, ça ! Toujours à laisser des post-it partout. Parfois, il y écrivait ses idées de passage, qu’il estimait utiles pour la rédaction de ses romans. Il les assemblait çà et là, à des endroits variés, afin de conserver au maximum son esprit ouvert à toute idée.

Il y avait tout et n’importe quoi sur ces post-it : des noms de personnages ; des rappels à une intrigue ; des scènes abrégées ; de simples mots captés quelque part durant la journée dans des lectures ou des émissions télévisées ; des poèmes ; des dessins…

Et, lorsqu’il les perdait, il fallait le voir retourner la maison entière à leur recherche ! Je trouvais cela incroyable. Il inscrivait ses idées sur papier car il avait peur de les perdre et, finalement, il les perdait, ces papiers… Loin de moi l’idée de lui subtiliser une ou deux idées de passage pour le voir se mettre en rogne, bien évidemment ! Cela m'amusait beaucoup, même si je ne parvenais plus à savoir pourquoi, depuis ce matin-là.

Voilà ce qui figurait sur le mot de Victor, dans le salon : Je vais chez un ami, ce soir. Ne m’attends pas. Au fait, je ne retrouve plus Mimoune. Peux-tu le chercher ?

Comme je n’étais pas certaine de le voir à son retour, je subtilisai un post-it vierge sur son bureau. Je répondis : Mimoune est mort. Je l’ai jeté à la poubelle.

Comme ça, il n'avait plus besoin de le chercher.

À travers les persiennes, le soleil semblait faire des siennes avant de se coucher, en stagnant à mi-hauteur. Comme s’il luttait pour ne pas disparaître. Il bariolait le salon de rais lumineux, bien avant que les ombres de la nuit ne les avalent définitivement. À l’image de la vie humaine, en quelque sorte.

En regardant ces éclats de lumières, je pensais à moi. À ce que j’avais perdu…

Oui, c’était ça, ce que j’avais perdu… Ma lumière !

Je ne savais pas vraiment ce que mes pensées signifiaient, mais cette idée ne me soulagea pas le moins du monde.

Je regardai l’heure. Il était temps de manger, mais je n’avais pas faim. D’ailleurs, je n’avais rien avalé de la journée.

Cela ne me fera pas de mal et, après tout, si je n’ai pas faim, je ne vais pas me forcer ! pensai-je.

J’ouvris donc les persiennes et contemplai le soleil se coucher dans le silence.

Lui au moins se réveillerait avec splendeur le lendemain.

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