Chapitre 1 : Arrogance originelle

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À découvert et trop fatigué pour voler, le jeune rito fut forcé de toucher terre. Là, il comprit bien vite l'impérieuse nécessité d'être un archer accompli. S'il arma prestement son arc, ses flèches furent bien loin d'être précises. Celle qui volait en sa direction, quant à elle, ne manquerait pas sa cible.
Comment Ardolon avait-il pu se retrouver dans cette situation ? Comme trop souvent, il avait agi sans réfléchir... Dédaignant les présents de la fortune, il avait jusqu'alors refusé faire tout effort pour s'endurcir ou se former. Face au danger pourtant, il avait senti l'importance d'un entraînement drastique. Si seulement il avait pris le temps - celui-là même qui lui manquait tant - d'aiguiser les qualités innées de sa race !
Tout était parti d'un désir fébrile de liberté.

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(Quelques temps auparavant)

« Si tu baisses la tête, la tiare risque de choir. »

Reconnu comme une sorte de chef par ses pairs, le parent d'Ardolon était blessé dans sa fierté mais pas autant que l'enfant n'était écorché par la gêne. Le fouet de la vindicte paternelle, toutefois, portait l'ombre d'une leçon, laquelle était pleine de l'affection d'un père... Ou ne l'aurait été s'il ne devait pas faire de sa progéniture un exemple : en tant que chef de village, il en avait le devoir.
Mais le devoir, ce n'était pas vraiment l'aspiration suprême d'Ardolon. L'irresponsable avait manqué les entraînements à l'arc et quand fut venu le temps de comparer les jeunes piafs, il avait voulu y aller au talent. Comment aurait-il pu avoir une chance, face à ses frères qui ajoutaient à leur aisance naturelle une centaine de portions d'efforts ?

« C'est une coutûme stupide, je n'ai aucune raison de me... »

Claqué si fort qu'il en tomba, le petit rito se leva aussitôt seulement pour affronter le regard noir d'une autorité effrayante.

« JE décide quelles coutûmes sont dignes. Au demeurant, tu n'as ni le droit ni la crédibilité pour la juger. Notre survie à tous repose sur la chasse et sans savoir manier l'arc, tu ne seras qu'un poids pour le village.
- Mais...
- Il n'y a pas de "mais", pas plus que tu ne peux t'arroger un quelconque passe-droit. »

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Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis les remontrances qu'il avait subies et Ardolon était tout aussi déprimé. Les premiers mots, imprimés au plus profond de son esprit, l'avait marqué d'autant plus qu'il avait senti l'immense déception de son père. Le reste de leur tête-à-tête n'avait pas été plus affectueux. Parce qu'il était le fils du chef de son village, il lui était interdit de laisser s'émousser ses prédispositions. Toutefois Ardolon n'y voyait qu'une malédiction. Il s'était résolu à s'enfuit quand son patriarche avait conclu que « plus grand est notre potentiel, plus vastes sont nos devoirs ; tu n'as pas le droit d'ignorer ton héritage. »
Or rien n'attirait le jeune piaf plus que ce qui lui était prohibé.

Dès le lendemain, il avait voulu s'éloigner pour prouver sa valeur. Il suffisait d'abattre des proies avec un arc, c'était bien plus facile que de viser des cibles immobiles ! Délicieusement dangereuse, l'adrénaline aiguisait ses sens et volant à travers la nature, il lui semblait être en terrain conquis.
Mais ses certitudes se retournèrent bientôt contre lui et, manquant ses proies, il fut bientôt chassé par des bokoblins. Les premières flèches sifflèrent au-dessus de sa tête, grâce à une esquive miraculeuse, mais le bruit alarme d'autres bokoblins situés dans le vallon vers lequel il escomptait fuir. Sans l'abri des branchages et des ramilles, le piaf courait un risque bien plus grave !
À découvert et trop fatigué pour voler, le jeune rito fut forcé de toucher terre. Là, il comprit bien vite l'impérieuse nécessité d'être un archer accompli. S'il arma prestement son arc, ses flèches furent bien loin d'être précises. Celle qui volait en sa direction, quant à elle, ne manquerait pas sa cible.
Le temps lui sembla ralentir cependant qu'il entendit la réminiscence de son père : « sans savoir manier l'arc, tu ne seras qu'un poids pour le village ! » Quelle débâcle...

Alors qu'il pouvait observer chaque détail de la flèche qui filait vers sa tête, il vit un projectile plus rapide encore percer le funeste trait qui allait le tuer. Quelqu'un venait de le sauver et à sa grande surprise, les bokoblins furent éliminés en un clin d'oeil. Les mots s'étouffèrent dans sa gorge sous le poids du choc, pourtant il savait qu'une telle précision ne pouvait être que celle de...
Une gamine ? La petite piaf qui lui sourit n'avait pas la mine d'un archer qui venait de réaliser l'exploit auquel Ardolon devait sa vie. Elle lui parut si magnifique qu'il cru à une chimère de son esprit, mais les sublimes traits de son visage peignirent très vite une impatience scandalisée. Il aurait pu remercier la rito avec force gratitude ! Au lieu de ça, il la dévisageait benêtement.

« Est-ce que tu... Es un ange ?
- Je sais pas mais toi, t'es pas une lumière... Ni un expert de la visée ! »

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